Menaces de suspension de radios et télés privées : La blague de mauvais goût de l’Artp
lundi 23 mars 2009
Le gouvernement du Sénégal, par la voix de son porte-parole, s’est opposé à la décision annoncée hier de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) de suspendre les fréquences des radios et télés qui ne se seraient pas acquittées de leurs obligations financières. Mais, avant d’être rappelée à l’ordre par la tutelle, l’Artp a créé, en l’espace d’une demi-heure, un petit séisme dans les rédactions.
Comme une mauvaise farce, la nouvelle est tombée à 22 h, en pleine ambiance électorale : ‘Les stations de radiodiffusion et de télévision n’étant pas en règle vis-à-vis de leurs obligations financières verront leurs autorisations de fréquence suspendues à partir de lundi pour une durée de 45 jours’. L’Artp, qui a justifié ces mesures par le non paiement des redevances dues au titre des fréquences, malgré plusieurs mises en demeure restées sans effets, menaçait même de mettre ’’sous-scellé’’ les ‘appareils radioélectriques des stations concernées’’.
C’est le branle-bas de combat. Sidy Lamine Niasse, patron de Wal Fadjri, monte au créneau. En direct, sur le plateau de Walf Tv, il exprime son indignation face à la tentative de bâillonner l’audiovisuel privé. Le rapprochement est vite fait entre la décision de l’Artp et les premières tendances du scrutin d’hier défavorables au pouvoir en place et relayées par les radios et télés privées. La brutalité de la mesure suscite même l’étonnement des autorités publiques. Le vice-président de l’Assemblée nationale, Iba Der Thiam, déclare la mesure de l’agence de régulation inopportune et demande le report de son application. Le ministre de l’Information, des Télécommunications, des TIC et porte-parole du gouvernement, Abdoul Aziz Sow, exprime sa surprise et se désolidarise de l’Artp. Il rappelle que l’Etat, comme tous les citoyens sénégalais, a été mis devant le fait accompli et qu’il n’est, ni de près ni de loin, avec cette décision. Finalement, l’Artp a réussi une chose : faire l’unanimité contre elle.
A. R. Mbengue
(Source : Wal Fadjri, 23 mars 2009)