Menacés d’extinction, les cybercafés africains se réinventent
mardi 30 septembre 2014
Il y a encore quelques années de cela, les rues de la Médina à Dakar étaient ponctuées de Cybercafés ouverts à toutes heures de la journée. N’ayant pas encore été relégués au rang de reliques, ils semblent tout de même avoir pris la direction des regrettés télécentres. Les Cybercafés se meurent devant une concurrence qui tient dans la paume d’une main et sont obligés de jouer le jeu de ces nouveaux venus qui ne respectent aucune règle.
Lorsque Google annonçait le lancement du premier “Tablet Café” à Dakar, on aurait pu pardonner les propriétaires de Cybercafés qui croyaient qu’ils tenaient là leur salut. Seulement, le futur n’allait pas être aussi clément, puisque plus d’un an après que l’innovation ai fait le tour des médias du monde, il ne semble pas que la sauce ai pris. Pour une raison ou pour une autre, les “Cybers” de la capitale sénégalaise restent dépendants d’ordinateurs fixes, certainement plus simples à acquérir et à réparer que des tablettes Android.
Selon plusieurs gérants à Lagos, l’essor de l’internet mobile est également l’obstacle principal à la survie de leur entreprise. A cela, s’ajoute l’absence d’une instance représentative, qui puisse défendre la cause des Cybercafés.
Au Gabon, ce sont les mêmes suspects et les mêmes victimes. Selon un article publié par RFI, le succès de l’Internet mobile dans un marché où il y a environ 3 millions de téléphones actifs pour une population de 1,5 million d’habitants, bouleverse les habitudes.
Gérante d’un cybercafé au centre-ville, Maïmouna a perdu l’essentiel de sa clientèle : « Depuis qu’il y a internet mobile, il n’y a quasiment plus de clients. C’est pratiquement vide, c’est vraiment vide ». Comme Maïmouna, plusieurs gérants de cybercafé librevillois sont sur le chemin de la faillite. Internet mobile a détourné les clients, notamment les jeunes :« Ça m’aide beaucoup pour des recherches quand je suis en cours, et aussi pour être en contact avec des amis, par les réseaux sociaux. C’est pratique et dynamique ».
Cependant, face à ces multiples difficultés, certains propriétaires ont su opérer une reconversion pour garder la tête hors de l’eau. En effet, nombre de ces places mythiques dans la culture africaine des années 90 ont incorporé des services de transferts d’argent via le mobile pour profiter de l’essor de leur meilleur ennemi.
Désormais, a coté de votre écran, des logos Wari, Orange Money, Tigo Cash, mPesa, etc. Les Cybercafés sont passés de point de rencontre pour les familles séparées par un Visa Schengen à espace de paiement de facture d’eau, de courant, d’envoi ou même de prêt d’argent.
“Aujourd’hui, nous ne gagnons presque plus rien avec le Cybercafé. Tout notre argent vient des transferts Wari” nous confie Souleymane DIOP, propriétaire de Cybercafé dans le quartier de Yoff à Dakar sans nous donner trop d’informations sur les chiffres.
Les mobiles continuent donc leur révolution sur l’écosystème africain, où il sera peut-être bientôt temps de dire au revoir à ce qui a permis à la première génération d’internautes africains de se connecter au Web.
(Source : Afrique ITnews, 30 septembre 2014)