Maroc : environ 142 millions $ pour soutenir le développement de l’écosystème start-up
mardi 16 décembre 2025
Selon les données officielles, les jeunes pousses marocaines ont levé environ 94,96 millions de dollars en 2024, contre 33,26 millions en 2023 et 26,2 millions en 2022. Les autorités ciblent environ 763,6 millions de dollars de levées de fonds à l’horizon 2030.
Le gouvernement marocain a révélé la semaine dernière son intention d’investir 1,3 milliard de dirhams (142 millions USD) pour soutenir les start-up nationales. Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de transformation numérique, fait écho à une série d’actions intensifiées au cours des derniers mois pour accélérer le développement de l’écosystème national.
L’enveloppe a été annoncée lors de la session de clôture de la conférence « Digital Now 2025 », organisée par le Club des dirigeants et tenue à Casablanca du mercredi 10 au vendredi 12 décembre, par la ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah-Seghrouchni (photo) . Elle a précisé que 750 millions de dirhams seront consacrés aux programmes de création d’entreprises, 450 millions de dirhams au capital-risque, et 70 millions de dirhams au réseau Technopark, principal hub technologique et entrepreneurial du royaume.
La ministre a confirmé que ces programmes visent à créer 1 000 start-up d’ici 2026, et 3 000 d’ici 2030, en mettant l’accent sur l’intégration de la numérisation dans les zones rurales et sur le lancement des instituts « Al-Jazri » afin de soutenir les systèmes d’innovation au niveau régional.
Réseaux, fonds et incubateurs au cœur de la stratégie
Le 4 décembre, Technopark et Renew Capital, l’un des investisseurs panafricains les plus actifs dans le financement des start-up, ont annoncé un partenariat. Renew Capital s’est notamment engagé à accompagner les start-up marocaines et nord-africaines dans leur expansion vers les marchés d’Afrique subsaharienne, tout en connectant les institutions marocaines aux opportunités émergentes au sein des écosystèmes les plus dynamiques du continent.
Le gouvernement marocain avait déjà signé, le 19 novembre, une convention de partenariat avec Keiretsu Forum MENA, présenté comme l’un des plus grands réseaux mondiaux d’investisseurs privés issus de la Silicon Valley. Cette initiative vise notamment à attirer davantage d’investisseurs internationaux dans l’écosystème des start-up marocaines.
Entre-temps, fin novembre, le gouvernement a annoncé le lancement d’un dispositif dédié au soutien des fonds d’investissement spécialisés dans les start-up. Le mécanisme vise à encourager la création et le financement de fonds orientés vers les jeunes entreprises innovantes, tout en réduisant les risques supportés par les investisseurs privés.
Par ailleurs, dans sa stratégie « Digital Maroc 2030 », le pays s’est fixé pour objectif de créer un environnement plus favorable aux start-up en combinant réformes réglementaires, renforcement des financements et amélioration de l’accès aux marchés. La feuille de route prévoit notamment la mise en place d’un label dédié, des mécanismes de financement couvrant toutes les phases de développement, un accompagnement renforcé par des incubateurs locaux et internationaux, ainsi qu’une ouverture accrue à la commande publique et aux marchés extérieurs.
Des ambitions élevées, malgré des défis structurels persistants
Le pays cible une levée de fonds de 2 milliards de dirhams en faveur des start-up d’ici 2026, et de 7 milliards de dirhams à l’horizon 2030. Il ambitionne également de compter 10 start-up à forte croissance (dites « gazelles ») d’ici 2026 et une à deux licornes d’ici 2030. Plus largement, le Maroc entend devenir un producteur majeur de solutions numériques, avec une contribution de l’économie numérique estimée à 100 milliards de dirhams au PIB national en 2030.
Toutefois, un rapport de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), publié en juin 2025, a mis en lumière plusieurs défis structurels auxquels reste confronté l’écosystème national. Il s’agit notamment du manque de financements aux stades avancés (Series A/B), de l’insuffisance de voies de sortie pour les investisseurs, ainsi que des déséquilibres régionaux et de genre.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 16 décembre 2025)
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