Marché des télécommunications : Mais où est donc le nouvel opérateur ?
jeudi 20 octobre 2005
Nous sommes presque en fin d’année et toujours pas de nouvel opérateur dans le secteur de la téléphonie. Faut croire que le dossier à fait l’objet d’un flop, à moins d’un blocage, étant entendu que dans sa lettre de politique sectorielle publiée en janvier 2005, l’Etat s’était engagé à lancer un appel d’offres international depuis le premier trimestre 2005.
Viendra, viendra pas ? C’est le black out total concernant l’arrivée sur le marché sénégalais des télécommunications particulièrement de la téléphonie, d’un troisième opérateur qui disposerait d’une licence globale lui permettant d’opérer sur tous les segments du marchés des télécoms. Nous sommes à dix mois depuis que l’Etat, dans sa lettre de politique sectorielle des télécommunications, publiée en janvier 2005, a annoncé le lancement au cours du premier trimestre 2005, d’un appel d’offres international à cet effet. Entre-temps, beaucoup de bruit avaient couru sur un éventuel octroi de la licence à Maroc Télécom. Ce bruit a-t-il éventré un ballon de baudruche dans lequel l’Etat sénégalais soufflait en feutre ?
À moins que la question ne soit plus compliquée qu’on ne le pense, par rapport à l’Etat actuel du marché encore fortement contrôlé, en dépit d’une libéralisation totale intervenue en juillet 2004, les autorités ayant défini, entre autres, en tout cas dans sa lettre de politique sectorielle, une politique de libéralisation du secteur qui inclut « une délimitation précise du périmètre des nouvelles licences à accorder ».
Toujours est-il que le marché de la téléphonie, ainsi configuré actuellement, présente deux opérateurs, la Sonatel (opérateur historique), et Sentel (société privée). Comment ne pas imaginer que dans ce marché pas encore tout à fait concurrentiel, il faut le dire, l’éventualité d’un nouvel opérateur, global de surcroît et susceptible de faire perdre des parts de marché importantes à la Sonatel dans laquelle l’Etat détient des actions, ne soit pas tout de même un sujet de préoccupation pour ce dernier ?
Ce serait en tout une hérésie, si l’on considère que la décision d’octroyer une troisième licence se fonde sur des constats majeurs faits par les autorités, elles-mêmes, et couchés dans la lettre de politique sectorielle, et qui ont pour noms, entre autres : une concurrence faible sur le mobile ; un taux de pénétration toujours insuffisant pour tous les segments (fixe, mobile, internet), particulièrement en milieu rural ; accès privé limité pour le segment urbain à faibles revenus (C/D/E) avec une pénétration des services télécoms de 10% contre 50% pour le segment A/b (à revenus plus élevés), ainsi qu’un accès limité aux services à valeur ajoutée dont l’internet ; des tarifs appliqués qui ne sont pas assez incitatifs pour accroître une demande latente et insatisfaite ; un monopole faiblement régulé ; une implication timide du secteur privé national et international dans un secteur stratégique et décisif pour le développement du pays.
Aussi, si un nouvel opérateur venait (en 2006-2007 ?), tout de même, à se voir octroyer la troisième licence, son choix devrait en tout cas se faire au bénéfice strict des consommateurs, et dans les règles de l’art et la plus parfaite transparence.
Malick NDAW
(Source : Sud Quotidien, 20 ocotbre 2005)