Marché des télecommunications : Expresso tisse sa toile, Orange reste mobile, Tigo perd le réseau
mercredi 8 mai 2013
Alors que le parc de la téléphonie fixe compte 340 019 abonnés à la fin de l’année 2012, enregistrant ainsi une perte de 6 387 abonnés, celui du mobile explose avec 2 144 818 nouveaux abonnés, portant ainsi le parc à 11 470 646 d’abonnés (soit une augmentation de 22,64 %). Le marché de l’internet, lui, est en pleine expansion.
Le rapport 2012 d’analyse du marché des télécommunications de l’Artp (Autorité de régulation des télécommunications et des postes) fait état d’une explosion du marché de la téléphonie Mobile, porté par les trois opérateurs intervenant sur le marché, mais dans des proportions différentes.
Ces trois opérateurs que sont Expresso, Orange et Tigo voient arriver sur le marché quelque 2 144 818 nouveaux abonnés au service mobile, portant ainsi le parc à 11 470 646 d’abonnés (soit une augmentation de 22,64 %).
Dans ce segment du mobile, Expresso a vu ainsi son parc d’abonnés mobile quasiment doubler en 2012 avec 847 810 nouveaux abonnés tandis que Orange a capté un peu plus de 1 million de nouveaux abonnés, soit une augmentation annuelle de son parc de 17%.
Quant à Tigo, il a enregistré 262 150 nouveaux abonnés sur l’année, ce qui représente tout de même un accroissement de 11% de son parc. Enfin, il convient de noter que pour ce dernier opérateur, le parc des abonnés n’a quasiment pas évolué au cours du second semestre de l’année.
Comme on le voit, le marché de la téléphonie mobile reste très largement dominé par l’opérateur historique Orange, même si sa part de marché a légèrement baissé tout au long de l’année passant de 65,23% à 62,06%. De la même manière, la part de marché de Tigo a baissé de 2,5 points au cours de l’année pour s’établir en fin d’année à 23,02%.
La baisse des parts de marché des deux opérateurs dominants coïncide logiquement avec une augmentation continue des parts de marché du dernier entrant Expresso qui détient désormais prés de 15% des parts de marché.
Cependant, la prédominance de l’opérateur historique est accentuée sur le marché des offres post-payées au détriment principalement de Tigo. En revanche, les parts de marché de Expresso sont à peu près équivalentes sur les marchés du prépayé et du post-payé.
Aussi, le taux de pénétration des services mobiles a-t-il continué sa croissance au cours de l’année 2012 avec un léger ralentissement au troisième trimestre. Et si l’on considère une population sénégalaise de 12 171 265 personnes à la fin de l’année 2012, ce taux approche la barre symbolique des 100% (94,24%) contre 76,62 % au début de l’année. Une progression du taux de pénétration qui vient essentiellement du marché prépayé, en conformité avec la forte prédominance de ces offres sur le marché.
La 3 G explose le marché
Enfin, le dynamisme du marché du Mobile se jauge par ailleurs à l’augmentation considérable de 62% du volume mensuel des communications émises à partir du mobile, au cours de l’année 2012. Mais en sus de l’augmentation du nombre des abonnés, cette hausse du volume des communications trouve également son origine dans l’augmentation de l’usage mensuel moyen par client qui a cru de 31% au cours de l’année, selon le rapport de l’Artp.
S’il y a un segment de marché où les deux opérateurs, Expresso et Sonatel se livrent une guerre sans merci, c’est bien celui de l’internet. C’est d’ailleurs le seul marché ou la « dominance » de l’opérateur historique semble globalement remise en question, puisque ses parts de marché sont inférieures à celle de son concurrent Expresso.
Cette situation vient de l’explosion du marché de l’internet mobile (3G) sur lequel Expresso joue un rôle prépondérant. Le dynamisme sur ce segment de marché interpelle d’ailleurs sur la nécessité pour le deuxième opérateur du marché des télécommunications au Sénégal (Tigo) d’y intervenir.
Avec un parc en progression globale de 84% en 2012 portant ainsi le nombre d’abonnés à 628 621 à la fin de l’année, le marché de l’internet est en pleine expansion, que ce soit sur le parc bas débit (progression de 40%), ou celui de l’ADSL (ou Sonatel reste en position de monopole) qui, en revanche, a peu augmenté (3%). Mais c’est certainement la 3G qui a explosé le marché avec une progression de 138% et 259 424 nouveaux usagers soi un total de 787 usagers.
Si la part des abonnements 3G sur le marché de l’internet a explosé de 16 points au cours de l’année et représente 71% à la fin de l’année, celle des offres bas débit et ADSL . a baissé tout au long de l’année. Toutes choses qui expliquent un taux de pénétration de l’internet au Sénégal qui affiche une progression de 2,4 points au cours de l’année 2012, mais qui cache mal un taux global faible de 5,2%.
Dis-moi... Tigo
En 2005 et 2006, l’opérateur Sentel (Tigo) a réalisé des profits avant IS(Impôt sur les sociétés) de 12,1 milliards et 10,9 milliards de FCfa respectivement. Par la suite et consécutivement à la situation de litige qui a prévalu entre l’entreprise et l’Etat, depuis 2007, Sentel ne déclarait presque plus de profits et pour cause.
L’entreprise a vu ses profits chuter de 10,9 milliards de FCfa en 2006 à 1,0 milliard de FCfa, puis les choses se sont accélérées : -0,6 milliard et -0,2 milliard en 2007, 2008 et 2009 respectivement. Pourtant, les produits d’exploitation de Sentel ont connu une forte expansion jusqu’en 2008, alors qu’ils passaient de 70 milliards à 67 milliards de FCfa...
Dans un contexte pareil et même si la tension s’est apaisée depuis mars dernier entre l’Etat et Millicom international cellular(Mic), propriétaire de Sentel, il n’est pas exagéré de dire que beaucoup ne paieraient pas cher de la peau de l’opérateur qui, au demeurant, n’est présent que sur le segment du Mobile « infesté » par ses deux mastodontes de concurrents qui n’ont pas fini de se livrer un duel à mort.
Au-delà de Sentel, le marché des télécoms qui s’apprête à accueillir un quatrième opérateur, devrait s’affranchir de certaines taxes qui seraient de nature à entraîner de fortes distorsions en plus de renchérir les tarifs. C’est le cas de la Rutel (5%), une taxe qui frappe les opérateurs sur le volume des ventes et qui a été introduite sans motivation économiquement cohérente et acceptable. Une taxation additionnelle sur les profits serait plus indiquée et plus juste.
Malick Diaw
(Source : Sud Quotidien, 8 mai 2013)