A l’arrêt depuis plus d’un an, suite à un incendie, la radio Manooré (98.4 FM) a repris du service dans de nouveaux locaux situés au centre Ahmadou Malick Bâ, signe d’un engagement renouvelé à faire entendre ‘’la voix des femmes’’ dans le paysage médiatique sénégalais, en dépit des difficultés financières auxquelles la station et ses agents se trouvent confrontés.
Habillée en tenue traditionnelle noire et bleue turquoise, Awa Tamba, la jeune Directrice de Manooré Fm, est le symbole de l’engouement caractérisant cette station dont les agents - des bénévoles en fait -, ont repris le travail il y a de cela plus d’une semaine, avec la même détermination qui prévalait avant l’arrêt de ses programmes.
Sourire aux lèvres, celle qui préfère le titre de coordinatrice à celui de directrice, présente volontiers les nouveaux locaux de Manooré Fm, au deuxième étage de l’immeuble abritant l’ex-centre de Bopp, dans le quartier des Hlm, à Dakar.
Le choix de ces nouveaux locaux n’est pas fortuit, selon Maïmouna Samaké Savané, l’une des membres fondatrices de la radio, jointe au téléphone. ‘’Nous cherchions à nous installer dans un quartier qui nous rapproche de la population et qui colle avec nos besoins. C’est en cela que le Directeur du centre nous a facilité les choses en mettant à notre disposition ces locaux’’, a-t-elle expliqué.
A l’étage, un long couloir mène à une grande salle où trois personnes discutent tranquillement. Une ambiance calme pour une salle de rédaction. Rien ne présage ici de la présence d’équipements techniques ou même de matériels audio, en cette milieu de journée, ‘’une partie des bénévoles de la radio communautaire a fini son emploi du temps’’, renseigne la coordinatrice.
Le matériel de mixage fait le décor de la salle de production. Logée dans une autre pièce, dont les murs sont tapissés de moquettes, celle-ci est traversée par une grande fenêtre vitrée donnant sur la salle d’enregistrement dédiée aux émissions en différée. A l’opposé, un petit espace abrite des émetteurs, soit tout ce qui a pu être sauvé a été sauvé de l’incendie dont Manooré FM a été victime le 2 septembre 2011.
Pas de trace d’extincteurs, ce qui peut laisser penser une maldonne pour une station qui vient de se relever d’un incendie. Mais Awa Tamba rassure et souligne avoir ’’sécurisé les câbles susceptibles de déclencher des feux en lieu sûr, en attendant de s’y atteler (à mettre en place d’autres mesures de sécurité) dans un futur proche, avec l’aide de futures partenaires’’.
Concernant ses émissions, la radio a maintenu certains de ses programmes, en droite ligne de son statut de radio communautaire et thématique, mais elle a dans le même temps créé de nouvelles émissions sur la parité et la scolarisation des jeunes filles, indique sa coordinatrice. Awa Tamba renseigne que Manooré FM, en collaboration avec la Croix-Rouge, a par exemple lancé une émission consacrée aux ‘’secours premiers’’.
Les volontaires ou ‘’les producteurs externes’’, comme ils sont appelés, travaillent tous bénévolement. Ils sont une trentaine et sont en majorité des femmes. Cependant, la coordinatrice la station a dit qu’elle travaille à ‘’sponsoriser les émissions en cherchant d’autres partenaires’’.
Pour le moment, les moyens limités de Manooré FM semblent freiner ses ambitions. La radio ne couvre pas pour l’instant toute la capitale, puisque les zones de Ouakam, de Ngor, de Yoff et de Cipres ne peuvent pas encore écouter ‘’la voix des femmes’’.
Des agents de la radio, rencontrés sur place, ont émis le souhait de voir Manooré Fm retrouver sa place dans l’espace médiatique sénégalais. ‘’Nous sommes une équipe soudée, et même après l’incendie, nous n’avons pas voulu intégrer une autre radio, car nous avions espoir de reprendre en main cette radio’’, dit par exemple Makaïla Nguebla, qui a exercé pendant près de 7 ans au sein de cette station.
‘’Notre défi aujourd’hui, c’est de fidéliser nos auditeurs et de trouver un partenariat fort et constant, car il faut savoir que nous sommes la seule radio des femmes au Sénégal et dans la sous-région’’, a souligné Nguebla, non sans solliciter l’appui des pouvoirs publics, dont celui du chef de l’Etat, Macky Sall.
Même son de cloche chez Mariétou Diallo, qui anime depuis avril 2011, une émission en pulaar. ‘’Depuis l’incendie, je priais chaque jour, avant même de prier pour moi, pour que la radio revienne. Aujourd’hui, mes vœux sont exaucés, car non seulement les anciens sont revenus, mais il y a aussi beaucoup de jeunes parmi les nouveaux’’, a-t-elle dit.
De fait, à Manooré FM, les activités reprennent ‘’lentement, mais sûrement’’, grâce à l’aide de bonnes volontés et de certains partenaires qui se sont déjà signalés par leurs appuis au profit de ‘’la voix des femmes’’, souligne Awa Tamba, diplômée en communication et création d’entreprises.
Un encouragement de plus pour la coordinatrice de Manooré FM, qui promet de ‘’relever le défi, afin de remettre sur pied cette radio communautaire’’ créée en 2002 par l’Association des femmes pour la communication alternative (Altercom).
(Source : APS, 20 novembre 2012)