Main-d’œuvre africaine : les RH appelés à piloter la révolution numérique du travail
mercredi 20 août 2025
Alors que la révolution numérique s’impose dans tous les secteurs, l’Afrique doit former ses talents pour rester compétitive. Le Ghana place les ressources humaines au cœur de cette mutation, envoyant ainsi un signal fort à l’ensemble du continent.
Au Ghana, le ministre du Travail, Abdul-Rashid Pelpuo, a profité de l’ouverture de la Global Conference on Human Resources in Africa (GCHRA 2025), tenue du mercredi 13 au samedi 16 août, pour alerter les dirigeants sur l’urgence de préparer la main-d’œuvre à l’ère digitale. Devant un parterre de professionnels, il a insisté sur le rôle stratégique des responsables RH dans l’accompagnement de cette transition. Data scientists, experts en cybersécurité, spécialistes du marketing numérique ou encore métiers liés à l’intelligence artificielle sont déjà en pleine expansion, mais sans formation adaptée, cette révolution pourrait accentuer les inégalités existantes au lieu de les réduire.
L’appel du ministre dépasse le simple cadre institutionnel. Il touche directement la vie quotidienne de millions de jeunes Africains confrontés à un marché du travail de plus en plus exigeant. En orientant les programmes de formation vers les compétences numériques et en révisant les méthodes de recrutement, les entreprises et les institutions de formation peuvent améliorer l’employabilité et offrir de nouvelles perspectives à une jeunesse souvent exclue des circuits formels. La stratégie du Ghana vise à montrer que la révolution digitale ne doit pas être réservée à une élite, mais bénéficier aussi aux populations vulnérables.
La pression est forte, car plusieurs pays avancent rapidement. En 2023, le Nigeria a lancé le programme 3 Million Technical Talent (3MTT) pour former des experts en cybersécurité, cloud et intelligence artificielle d’ici à 2027. L’Éthiopie déploie son projet Digital Ethiopia 2025 et entend former cinq millions de codeurs. Le Sénégal, avec l’appui de l’initiative Invest for Jobs, développe le Digital Skills Accelerator Africa (DSAA) à Dakar. En Côte d’Ivoire, des incubateurs spécialisés accompagnent les jeunes diplômés vers les métiers du numérique. Ces initiatives traduisent une prise de conscience commune : sans compétences digitales, l’Afrique risque d’être marginalisée dans l’économie mondiale.
La suite dépendra de la capacité des gouvernements et des entreprises à maintenir l’effort dans la durée et à intégrer l’inclusion sociale comme priorité. Les exemples nigérian, éthiopien et sénégalais montrent que des projets ambitieux peuvent être lancés, mais leur réussite repose sur la qualité de la formation et sur la capacité à transformer ces compétences en emplois réels. Pour que cette dynamique porte ses fruits, il faudra renforcer les partenariats, adapter les cursus et mesurer les résultats afin que la jeunesse africaine devienne le moteur d’une croissance équitable et durable.
Félicien Houindo Lokossou
(Source : Agence Ecofin, 20 août 2025)