Lutte contre la surtaxe sur les appels téléphoniques internationaux entrants : La Ctoa décide d’en découdre avec six pays de l’Afrique subshararienne dont le Sénégal
samedi 18 février 2012
Les opérateurs de télécommunications élargissent le bras de fer qui les oppose aux six gouvernements africains qui ont institué la surtaxe sur leurs appels entrants. La Conférence des télécommunications ouest-africaines ( Ctoa ) a décidé de se saisir du dossier. Son président l’a fait savoir hier à la presse.
Les six pays dans le monde, situés en Afrique subsaharienne et qui s’entêtent à appliquer la surtaxe sur les appels entrants ont été à l’ordre du jour de la session ordinaire de la Conférence des télécommunications ouest-africaines (Ctoa) élargie aux opérateurs de la sous région, hier, à Dakar.
L’instauration de cette surtaxe n’étant pas conforme au règlement de l’Union internationale de télécommunications (lut) et aux textes de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cdeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la Ctoa, outre la sensibilisation, n’écarte pas d’user de recours juridiques pour obliger les six (6) États à respecter la réglementation sur le secteur des télécommunications.
Cheikh Tidiane Mbaye : « Un recul de 40 ans »
Car, d’après son président d’honneur Mamadou Bamba, « la violation de la loi et l’instauration de la surtaxe sur les appels entrants plombent l’envolée des pays africains sur la facture numérique et les investissements dans le secteur ». Ce qui, pou M. Bamba, constitue une perte non perceptible au premier niveau, certes, mais réelles pour les gouvernements. « C’est le cas pour le Sénégal qui aurait essuyé une perte de 25% sur son trafic entrant entre octobre à maintenant », a révélé le Directeur Général de ka Sonatel, Cheikh Tidiane Mbaye. « Le Sénégal, en matière de facture nimérique vient de faire un recul de quarante (40) ans, étant donné qu’il est devenu cinquante (50) fois plus cher d’appeler de Dakar à Banjul que d’appeler de Dakar à Pékin », a dit Cheikh Tidiane Mbaye. L’autre point néfaste de la surtaxe, c’est la réciprocité des tarifs qu’elle induit entre les pays africains et qui plombe l’intégration sous-régionale.
Au vu de toutes ces considérations, la conférence lance un appel à la Cdeao et à l’Uemoa « pour qu’elles fassent appliquer les directives communautaires visant à instaurer des tarifs de communication attractifs pour les populations et le secteur économique. Aussi, aus institutions internationales comme la Banque mondiale pour qu’elle évalue la mission qui a été confiée aux régulateurs ». Toutefois, le Directeur général de la Sonatel a tenu à préciser que l’instauration de la surtaxe passe par des régulateurs au détriment des institutions financières des pays qui sont incarnées par le ministère de l’Economie et des Finances. « Et les sommes issues de la surtaxe qui leur sont reversées be laissent aucune trace », s’est indigné M. Mbaye.
Ndèye Marème Diop
(Source : Libération, 18 février 2012)