Loi pour restreindre les réseaux sociaux au Sénégal : la réponse sans équivoque du monde des TIC
vendredi 31 août 2018
Le 6 juin dernier, en conseil des ministres, le gouvernement du Sénégal a décidé de mettre à jour le Code des télécommunications, adoptant un projet de loi de 226 articles portant Code des communications électroniques. Mais sur le dernier alinéa de l’article 27, ce code donne l’autorisation à l’Artp (Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes) et aux opérateurs téléphoniques de restreindre la connexion internet, surtout pour les réseaux sociaux. Des dispositions qui remettent en question la liberté d’expression et la neutralité du net, mais surtout l’accès des Sénégalais à des applications très prisées comme WhatsApp, Facebook, Messenger, YouTube, etc.
En conférence de presse ce matin, plusieurs organisations nationales, continentales et internationales (Raddho, Asutic, Sos Consommateurs, etc), en compagnie d’activistes, de blogueurs, de spécialistes des TIC, se sont insurgés contre de telles mesures.
« La neutralité de l’internet veut que toutes les personnes aient les mêmes droits dans les quatre coins du monde. On ne peut pas, sur des considérations économiques ou commerciales, refuser l’accès d’internet à un flux de personne », dit Diouma Diallo, enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et spécialiste des réseaux sociaux. En effet, selon eux, le gouvernement veut entraver les réseaux sociaux parce qu’ils consomment beaucoup de connexion et de bande passante.
Mais ces restrictions des réseaux sociaux portées par le Code des communications électroniques au Sénégal ne sont pas nouvelles en Afrique. En Egypte, Bénin ou encore Ouganda, le gouvernement a tenté de restreindre les réseaux sociaux avec plusieurs taxes et barrières tarifaires importantes. Cependant, pour Ibrahima Lissa Faye, président de l’association des professionnels de la presse en ligne, le Sénégal ne doit pas chavirer dans des mesures à nature anti-démocratiques.
« La liberté d’expression et de communication sont des libertés fondamentales pour toute démocratie. Si rien n’est fait, ces libertés risquent d’être remises en cause », dit-il. Pour lui, l’heure est grave. Car, « si cette loi n’est pas amendée, nous ne pourrions plus utiliser WhatsApp, YouTube, Messenger, etc », termine t-il.
(Source : SeneNews, 31 août 2018)