Litige autour d’un cryptage : WoldSpace fait condamner Walf à 200 millions
mardi 21 mars 2006
Le contentieux judiciaire entre Wal Fadjri et WorldSpace a connu son épilogue, la multinationale ayant eu gain de cause hier, comme il fallait s’y attendre. Une victoire à la Pyrrhus cependant, puisque le groupe de presse de Sacré Cœur, bien que victime d’une mascarade sans nom, a décidé de s’exécuter en renoncer à toutes les voies de recours qui s’offraient à lui. A quoi bon d’introduire de tels recours, s’est-on dit au niveau de sa direction, quand on sait que les dés sont pipés d’avance puisque les forces occultes qui gravitent autour de l’opérateur mondial de radio par satellite sont si puissantes qu’une sentence, tout ce qu’il y a de plus inique a condamné hier Wal Fadjri à lui payer 200 millions de francs Cfa. Le président-directeur général du groupe Wal Fadjri « a décidé de renoncer aux voies de recours qui s’offrent à lui », précise d’ailleurs un communiqué sorti en réaction à cette décision dans laquelle Sidy Lamine Niasse dénonce un « complot international visant à détourner (le groupe Walf) de sa mission ». La décision rendue par le juge des référés est l’épilogue de plus d’un an de bataille de procédure.
En optant de libérer dès hier après-midi les 152 112 251 francs qu’il reste devoir, selon la justice sénégalaise, auxquels s’ajoutent les 30 000 dollars de frais de contentieux déjà payés, le groupe Walf renonce à des droits fondamentaux que beaucoup n’hésiteraient pas à exercer, quoi qu’il leur en coûte. Il n’aurait pas renoncé à ces droits si le juge des référés s’était conformé à certaines règles de droit, explique-t-on à Sacré Cœur. En effet, l’affaire ayant été jugée par le tribunal arbitral de Paris, la sentence rendue le 26 avril 2005 par l’arbitre français Hautecloque (un avocat de formation) aurait dû être exécutée en France, ce qui aurait donné au groupe Wal Fadjri la possibilité de se pourvoir devant la Cour de cassation française. WorldSpace se rendant compte qu’elle pouvait perdre devant cette haute juridiction française, s’est résolue à solliciter la justice sénégalaise, plus malléable que celle française pour faire exécuter Wal Fadjri.
Le groupe de Sacré Cœur avait à choisir entre casser sa tire-lire et conserver son indépendance vis-à-vis de tous ces groupes de pression qui s’agitent dans l’ombre ou quémander des moratoires auprès de WorldSpace, puisque l’appel dans le cas d’espèce n’est pas suspensif. Le choix s’est fait de lui-même. « Nous ne quémanderons jamais », a tranché Sidy Lamine Niasse pour qui l’indépendance de Wal Fadjri vis-à-vis de tous les groupes de pression n’a pas de prix aujourd’hui comme hier.
Pourtant, WorldSpace qui vient de le faire condamner à 200 millions, se présente auprès de la plupart des institutions internationales intervenant dans le monde de la communication, comme une société qui aide beaucoup les médias du Sud, dont ceux d’Afrique. Belle leçon d’hypocrisie que tout cela puisqu’au Sénégal, elle cherche à mettre à genoux le groupe Wal Fadjri. Mais après le groupe de Sacré Cœur, à qui le tour ? A n’en pas douter, ce sera la prochaine radio commercialisée par son canal sur satellite qui exigera, à la suite de Wal Fadjri, de tirer grandement profit des retombées du cryptage de ses programmes.
Mbagnick NGOM
(Source : Wal Fadjri, 21 mars 2006)