Libéralisation du téléphone : Les atouts de la Sonatel
mercredi 18 février 2004
La rencontre avec les parlementaires, hier, a été l’occasion pour le directeur de la Sonatel, Cheikh Tidiane Mbaye, de décliner la stratégie de sa compagnie face à la prochaine libéralisation du secteur des télécommunications. Le directeur général de la Sonatel a voulu démontrer que sa compagnie est loin d’être dénuée d’atouts. Mais elle compte se déployer dans des secteurs où ses forces sont reconnues.
Ainsi concernant la téléphonie mobile, celle-ci va être un élément important de sa stratégie. Alizé représente 75% du marché des mobiles. Dans sa stratégie d’expansion de la téléphonie rurale, la Sonatel compte augmenter les capacités de son réseau mobile, avant même le fixe. Le budget d’investissement sur ce réseau est de onze milliards de francs Cfa. Le directeur général de la Sonatel, Cheikh Tidiane Mbaye, a constaté que « les communications mobiles sont bien plus importantes ici que dans les pays développés ». Il ajoute qu’ « il y a ici trois fois plus d’abonnés mobiles que d’abonnés fixes, bien que la communication mobile coûte plus cher que la communication fixe ». Tout une gamme de nouveaux services a été en outre proposée pour faire du mobile « autre chose qu’un simple téléphone ». Des innovations des pays développés vont être également transposées sur le marché sénégalais. M. Mbaye se résume ainsi : « Le mobile, c’est le progrès, c’est facile, c’est individuel. C’est plus facile à déployer que le fixe. Donc je crois que c’est plutôt une chance pour le développement du Sénégal. » Par ailleurs le portail Internet Sentoo représente 80 % du marché, ce qui fait de lui le leader du secteur. La Sonatel compte exploiter le nouveau filon que constitue l’Adsl (haut débit), avec 2 500 nouveaux clients en avril dernier.
En ce qui concerne la concurrence liée à la libéralisation, M. Mbaye considère qu’elle va « s’attaquer aux segments les plus rentables, notamment l’international, les grandes entreprises et les données ». Il confesse que la Sonatel a « bien sûr une stratégie de réponse ». La filiale sénégalaise de France Telecom vise aussi bien « le marché interne qu’externe, mais la concurrence va surtout toucher le trafic international ». Elle compte d’ailleurs s’appuyer sur la maison-mère, « qui a l’expérience de la concurrence ». Pour que cette dernière « prépare la Sonatel à l’ouverture programmée du marché ».
M. Mbaye reste lucide en confiant que la Sonatel va certainement perdre des parts de marché. Mais elle compte « en perdre le moins possible ». Il compte ainsi « vendre de la capacité internationale à des opérateurs qui pourront en avoir ». En effet, une grande partie des bénéfices de la Sonatel est issue de la vente, avec une forte marge, de capacités numériques aux autres pays de la sous-région (Mali, Mauritanie, Gambie). Le Sénégal occupe une position stratégique, étant le moteur du câble à fibre optique Sat 3 avec l’Afrique du Sud, et du câble Atlantis 2 avec la France.
Pour Djibo Leity Ka, le président de la commission Culture et Communication de l’Assemblée Nationale, « tous les députés sont d’accord pour dire que la Sonatel est la fierté de ce pays, qui occupe une place centrale dans l’économie ». Ils souhaitent « son renforcement, une meilleure qualité et son extension dans la sous-région ». La Sonatel est en effet une entreprise en pleine croissance avec plus de 50 milliards investis chaque année.
Les députés ont souhaité, dans un troisième point, que la Sonatel « fasse des efforts vers le consommateur, pour une baisse du tarif des télécommunications sans hypothéquer pour autant ses acquis ». La Sonatel envisage de baisser les prix, confie son directeur, « et peut être plus cette année que les autres ».
Marc BALL
(Source : Le Quotidien 18 février 2004)