Libéralisation des télécommunications : L’attente prolongée des opérateurs
vendredi 30 juillet 2004
« Après le 19 juillet 2004, rien ne se passera dans le secteur des télécommunications... avait laissé entendre un haut cadre de la Sonatel, lors d’un point de presse de présentation de bilan organisé dans les salons de 1’hôtel Teranga. Ce cadre en question ne croyait pas si bien dire si l’on se réfère à la dernière actualité autour des télécoms. Et pourtant, c’est un des secteurs les plus dynamiques de l’économie nationale, de par sa contribution au niveau du Pib et du nombre d’emplois créés. Aujourd’hui, tout porte à croire que les charrues sont mises avant les boeufs dans cette opération de libéralisation d’un secteur aussi stratégique que celui des télécommunications. Pour cause, aucun opérateur, traditionnel ou nouveau ne sait de quoi demain sera fait. Une concertation sur la libéralisation du secteur des télécommunications a été organisée les 2 et 3 juillet 2004, donc deux semaines avant la date butoir. D’ailleurs, le chef de l’Etat a reçu le rapport définitif de ces journées de concertation nationale sur la libéralisation, le mardi 20 juillet. Le jour même, de l’avis des autorités gouvernementales, où une nouvelle ère est ouverte pour le secteur des télécommunications. Cette date marque, en effet, la fin du monopole de la Sonatel et la libéralisation de l’ensemble des segments du marché national des télécommunications. La date du 20 juillet constitue un point de départ et ouvre de nouvelles perspectives et de nouvelles opportunités pour le secteur privé national et international appelé à prendre toute sa place dans la dynamique de développement d’un secteur en plein essor.
En tout cas, et à l’état actuel des choses, c’est presque le statu quo. Les différents acteurs attendent la lettre de politique sectorielle et un cahier de charges concernant les différents segments du secteur. Comme l’a souligné le Dg de ANTG Télécoms dans le journal « Le Quotidien » du 26 juillet dernier, « tout ce que l’on a compris de cette libéralisation, c’est que le monopole a cessé d’être. Pour le reste, on ne sait pas le contenu que les autorités comptent y mettre ». Tous les acteurs, avec des propositions en bandoulière, sont dans l’attente d’une lettre de politique sectorielle et d’un cahier de charges clair. Tout pour dire que la principale équation reste un problème d’environnement donc de textes qui doivent d’abord régler la question du rôle que doit jouer un opérateur traditionnel comme la Sonatel, par exemple pour tout ce qui touche au service universel et aussi, baliser le chemin à tous les candidats opérateurs qui sont sur la ligne de départ. Et, si l’on se réfère au site de l’Agence de régulation des télécommunications (Art), tous les segments seront régis par un régime de licences. Dans ce sillage, les réseaux de télécoms concernés par ce régime des licences sont, entre autres : les réseaux fixes, cellulaires, satellitaires, les réseaux de radiocommunications, les réseaux par fibre optique et les réseaux câblés.
Face à cette situation, les opérateurs potentiels se découvrent et commencent même à se manifester. C’est l’exemple de Excaf-Télécoms qui, à travers son réseau MMDS, est fin prêt pour investir les segments de l’Internet et de la téléphonie rurale. A en croire M. Sidy Diagne, un des responsables de cette entreprise, le réseau MMDS fait qu’aujourd’hui, Excaf-Télécoms présente des avantages comparatifs. Avec la couverture d’une grande partie du territoire national (Dakar, Thiès, Mbour, Richard-Toil, Saint-Louis, Louga, Diourbel, Kaolack, Tamba, Kolda, Ziguinchor, Mboro, Matam, Joal et Fatick), Excaf est, de l’avis de M. Diagne, bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans le segment de la téléphonie rurale qui, d’ailleurs, fait partie du service universel géré jusqu’à maintenant par la Sonatel. Le système utilisé est identique à celui du GSM. « A l’image de ce qui se fait avec le bouquet MMDS, les coûts seront à la portée du plus grand nombre », souligne M. Diagne. Et de poursuivre « le système wireless amélioré qui nous intéresse le plus est en phase test en Afrique du Sud. Aujourd’hui, Excaf-Télécoms est en mesure d’installer ce système et de permettre une phase test de 12 à 18 mois pour permettre aux autorités et aux abonnés d’apprécier le système ». Pour montrer sa volonté d’apporter sa contribution dans le domaine de la téléphonie rurale, les responsables d’Excaf se disent même prêts à s’occuper d’une zone test a lui attribué par l’Etat. Après la téléphonie rurale, l’Internet sans fils avec un débit très élevé est aussi un segment qui intéresse Excaf-Télécoms.
A côté d’Excaf-Télécoms, ANTG qui est une société spécialisée dans les NTICs, et à l’image de beaucoup d’opérateurs, veut mettre son expertise au service des entre prises sénégalaises dans les domaines de la conception et de l’optimisation des réseaux complexes comme l’intégration des données, de la voix et de la vidéo.
Mandlaye Thiobane
(Source : Nouvel Horizon, 30 juillet 2004)