À la suite des événements récents ayant affecté l’organisation de Digital Africa, nous, salariés de Digital Africa, tenons à nous exprimer publiquement et collectivement pour rétablir les faits et les actes qui ont conduit au blocage actuel.
Nous avons tous rejoint l’initiative mus par la conviction profonde que l’approche proposée par Digital Africa, nouvelle et ambitieuse, permet de faire rayonner les innovations « made in Africa » et de contribuer à une nouvelle dynamique de coopération entre le continent africain, la France et l’Europe. Notre équipe reflète une grande diversité et richesse du fait de nos origines géographiques et de nos compétences (Rwanda, Sénégal, Maroc, Tunisie, Côte d’Ivoire, France, Allemagne).
Depuis le printemps 2020, nous avons conçu et commencé à déployer des programmes financiers ou non-financiers avec nos partenaires africains et européens. En privilégiant une action s’appuyant sur des programmes, dont l’impact doit être régulièrement mesuré, c’est une nouvelle philosophie de l’aide au développement et de la tech que nous souhaitions incarner. Nous voulions être plus inclusifs ainsi ; notre Resilient Summer School (2020) a réuni plus de 1800 entrepreneurs et ses contenus ont été largement diffusés. Nous nous devions aussi d’être agiles et réactifs. Bridge Fund by Digital Africa, lancé en novembre, est un dispositif de financement innovant qui a permis à plus de 150 startups africaines de candidater pour des prêts d’urgence. AfricaNext, lancé en juillet, réunit chaque trimestre plus de 70 investisseurs africains et internationaux pour partager des opportunités de co-investissement.
Nous voulions donner voix à une nouvelle génération de « doers » de la tech africaine au travers d’événements organisés par des partenaires ou via notre site resilient.digital-africa.co qui a contribué par des actualités et des analyses au débat sur les conditions qui facilitent la conception et le passage à l’échelle de solutions « made in Africa ».
Devant l’importance croissante du secteur du numérique dans l’émergence de l’Afrique, nous avons convaincu nos partenaires de renouveler et d’augmenter leurs engagements financiers. Pour nous, il ne s’agissait pas seulement de « plus d’argent » : grâce aux sciences de la donnée et à l’intelligence artificielle, nous avons contribué à rendre la ressource publique mieux disponible, mieux employée, en partant des besoins exprimés.
Nous avons été recrutés pour mettre en œuvre des actions et demandons à être jugés sur nos résultats, qui sont visibles et salués. Nous avons, en un temps relativement court, mobilisé une importante communauté de partenaires prêts à nous suivre avec enthousiasme pour accompagner la numérisation du continent par sa jeunesse. Hélas, nos efforts et ceux de nos partenaires ont été bloqués de façon récurrente par ceux qui paradoxalement se prétendent soutiens de l’initiative depuis sa genèse. De surcroît, nous subissons depuis plusieurs mois une crise de gouvernance d’une rare violence, qui met en péril les activités lancées ainsi que nos capacités de travail.
Les faits sont là. Toute notre activité est à l’arrêt depuis 3 mois malgré nos résultats. Au cours des premières années de vie de l’initiative, aucun plan d’action clair n’avait été proposé. Le conseil d’administration et l’assemblée générale n’ont été réunis qu’une seule fois chacun pendant cette période. Inversement, un plan d’orientation stratégique et un budget ont été validés par notre conseil d’administration et notre assemblée générale en juin 2020. Des réunions de bureau hebdomadaires puis mensuelles ont été organisées d’avril 2020 à décembre 2020, afin de garantir un suivi transparent des activités. Mais les mêmes qui avaient érigé l’opacité en méthode de travail nous ont pourtant critiqués et agressés de manière répétée au moment de présenter nos travaux.
Sommes-nous découragés ? Non. Au contraire, si nous avons franchi ces difficultés, c’est avec l’espoir que la crise débouchera sur un nouvel horizon. Nous prenons exceptionnellement la parole aujourd’hui pour réaffirmer collectivement notre engagement indéfectible en faveur de l’initiative Digital Africa et de sa mission. Notre ambition est simple : continuer à faciliter l’accès aux ressources financières comme non-financières pour les startups du continent. Notre conviction demeure la même : il est possible et nécessaire de mettre l’aide publique au développement au service d’une innovation « made in Africa » susceptible de passer à l’échelle et de générer massivement les emplois dont le continent a besoin.
Notre volonté peut se résumer ainsi : « poursuivre ensemble nos actions selon des règles du jeu claires et transparentes, avec inclusivité et agilité, pour répondre aux attentes des entrepreneurs tech du continent ».
Collective [1]
(Source : La Tribune Afrique, 27 avril 2021)
[1] Agnès Abastado, Stéphane Allou, Isadora Bigourdan, Mohamed Diabakhate, Inayath Djany, Ayoub Fathi, Stéphan-Eloïse Gras, Aïsha Kadiri, Ali Mnif, Aphrodice Mutangana, Penelope Terranova.