Les télécentres sénégalais en difficulté : Secteur en crise
mercredi 10 octobre 2001
Victimes de leur succès, les télécentres privés au Sénégal ont connu ces dernières années une croissance fulgurante...sans pour autant rapporter la rentabilité escomptée par leurs propriétaires. Car la concurrence est rude. Dans certains quartiers de Dakar il n’est pas rare de voir des dizaines de télécentres alignés les uns à côté des autres. La distance réglementaire qui permet de rentabiliser le commerce, de 50 mètres au moins, n’est souvent pas respectée. Résultat : aujourd’hui, le secteur des télécentres privés est en difficulté.
La concurrence se joue entre le tarif à l’unité et le niveau de fréquentation de la clientèle. « Si vous n’avez pas beaucoup de clients, il est difficile de se tirer d’affaire », explique dans Le Soleil, un gérant de télécentre. Les propriétaires cherchent par tous les moyens à contrer cette tendance. Ils ont même pensé à s’entendre de façon illicite sur les prix, dans le but de faire redémarrer leurs chiffres d’affaires. Certains ont féminisé leur accueil pour fidéliser la clientèle, d’autres couplent leur télécentre avec différentes échoppes, vendant crèmes, maquillage, cellulaires, vêtements...
Jouer sur les prix
Jouer sur les tarifs reste l’action la plus répandue. Les télécentres qui maintiennent leur tarif à 100 FCFA l’unité voient leurs recettes baisser sensiblement alors que ceux qui pratiquent des prix allant de 75 à 85 FCFA, les voient augmenter. Mais en consentant à une baisse de tarif, ce sont les bénéfices des gérants qui s’en ressentent. « Au départ, je réalisais parfois jusqu’à 250 000 voire 300 000 FCFA par mois, mais maintenant je dépasse rarement les 200 000 FCFA de chiffre d’affaire », note l’un d’eux.
Les gérants dénoncent les prix pratiqués par la Sonatel. Cette dernière leur vend l’unité à 50 FCFA (hors TVA) ou 59 FCFA (avec TVA) et les autorise à appliquer une majoration par une surtaxe dont la limite maximale est fixée à 75% de la taxe de base. Les gérants sont autorisés à vendre l’unité jusqu’à 105 FCFA maximum. Beaucoup mettent la clé sous la porte pour factures impayées et font valoir que l’unité leur est cédée à un prix quasiment égal à celui demandé aux ménages, alors que leurs charges sont beaucoup plus lourdes.
Assainir le secteur
Depuis juillet, la Sonatel a décidé l’arrêt des agréments des télécentres privés dans les zones urbaines. Elle espère freiner leur croissance dans certaines zones et rééquilibrer leur nombre par zone afin d’assainir le secteur.
Les télécentres jouent un rôle important dans la vie socio-économique sénégalaise : ils sont pourvoyeurs d’emplois et facilitent l’accès au téléphone qui était réservé à l’élite il y a encore dix ans. Face à leur situation économique qui ne cesse de se détériorer, la Commission Nationale de la Concurrence, qui ne fonctionne plus depuis 7 ans, a tout son rôle à jouer.
(Source : Afrik com, 10 ocotbre 2001)