OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2004 > Juillet > Les technologies à l’assaut du système politique traditionnel

Les technologies à l’assaut du système politique traditionnel

vendredi 2 juillet 2004

Vie politique

L’essor des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) n’a pas épargné le champ politique sénégalais. En effet, au cours d’une récente séance plénière de l’Assemblée Nationale, le ministre sénégalais de l’Intérieur, Cheikh Sadibou Fall, annonçait l’option du gouvernement d’étudier la possibilité d’adopter le vote électronique lors des prochains scrutins.

En effet, après avoir engendré de profondes mutations au niveau des secteurs économique, culturel et social, les TIC, déjà sollicitées par les partis à travers leurs sites de propagande, risquent sans nul doute d’apporter une nouvelle donne aux dimensions multiples dans la vie des acteurs politiques, des citoyens et du monde en général.

Phénomène nouveau, même dans la plupart des pays occidentaux, le système du vote électronique qui permet d’exprimer son suffrage via une carte magnétique, un ordinateur et un crayon optique, assure d’une manière rapide et fiable le décompte des bulletins ainsi que l’annonce des résultats.

L’urne électronique, pour sa part, est généralement constituée par un ordinateur comprenant deux lecteurs de cartes dont l’un est destiné à la validation de la carte magnétique et l’autre à l’enregistrement des votes.

Dans certains pays occidentaux comme la Belgique ou encore la France, le vote électronique a déjà été adopté comme lors des dernières consultations pour l’élection du nouveau parlement européen permettant du coup d’avoir un dépouillement instantané, d’économiser massivement en personnel et d’abandonner un instant le traditionnel papier.

Toutefois, un investissement énorme a été consenti pour ces phases pionnières à l’image de la commune de Vandoeuvre-lès-Nancy (France) où pour 16.000 électeurs, les machines à voter ont coûté près de 65.000 dollars soit plus de 35 millions de francs CFA.

Le succès de ces ‘’e-vote’’ pousse d’ailleurs les plus optimistes comme le député de l’Alliance des forces du progrès, Me Abdoulaye Babou à envisager l’option du vote par l’Internet surtout pour les Sénégalais de la diaspora. Une option encore timidement envisagée dans la plupart des démocraties occidentales où de nombreuses questions liées à la sécurisation du vote restent encore en suspens.

En effet, aux USA même si le premier vote par l’Internet y a été organisé en 2000 lors des primaires des démocrates avec plus de 40.000 suffrages électroniques, il faut noter que le scrutin en ligne n’a pas connu le même succès lors de la présidentielle organisée la même année et n’aura consacré que 84 suffrages avec un coût hors de portée des pays en développement. Le bulletin de vote en ligne est revenu à 74.000 dollars l’unité, soit plus de 40 millions de francs CFA.

Coordonnateur de la diaspora dans le processus du Sommet mondial sur la société de l’information dont la seconde phase se tiendra à Tunis en Novembre 2005, l’universitaire Pape Ndiaye Diouf estime que ‘’la situation actuelle ne permet pas l’avènement d’une telle pratique surtout dans les pays du Sud car étant une nouvelle forme d’expression qui ne doit pas obéir à une logique du mimétisme, mais qui devra se faire selon nos propres visions’’.

‘’Il faut surtout des stratégies adaptées à nos réalités socioculturelles et les populations doivent se l’approprier pour une réussite totale du projet’’, selon l’auteur de ‘’Enjeux des technologies de la communication en Afrique, du téléphone à Internet’’, sous la coordination de Annie Chéneau-Loquay.

En effet, outre les problèmes liés à la sécurisation du vote, se pose également le risque de voir les citoyens dépossédés de leurs prérogatives sur l’ensemble du processus du ‘’e-vote’’ qui sera totalement sous le contrôle des firmes ayant mis en place le système.

‘’Il y a une dimension psycho-affective entre la base et des élites qu’il ne faudra jamais rompre et que le système de vote actuel consacre, car les élections ne se réduisent pas seulement dans nos pays au simple fait d’introduire une carte dans l’urne’’, avertit M. Diouf selon qui toutefois, ‘’le vote électronique et par Internet devrait à coup sûr garantir une plus grande transparence’’.

Le vote par Internet risque ainsi de déposséder les Etats de l’une de leurs prérogatives essentielles à savoir le contrôle et l’organisation du scrutin qui à coup sûr vont être délégués dans pareilles circonstances à des firmes ou sociétés informatiques, remettant du coup en cause le fondement même de la démocratie ainsi que le secret du vote.

Professeur de Philosophie à l’Université Paris IV-Sorbonne, Jean-Michel Besnier n’est pas tellement optimiste et se demande si ‘’la démocratie électronique permettra-t-elle au citoyen d’afficher une identité qui en fasse un interlocuteur pour l’autre avec lequel il communiquera ? Sans un environnement singulier, sans une histoire nationale, le citoyen aura-t-il les repères qui autorisent à dire +je+ ou +nous+ et à s’éprouver en conséquence comme auteur de la loi régissant les interrelations universelles ? Il est à craindre que non’’.

‘’A sa manière, la démocratie électronique ne peut s’accommoder que d’un citoyen désubstantialisé. Quelle liberté ferait donc régner cette démocratie ?

Le sujet ne serait-il pas, pour elle, l’assujetti et non pas l’auteur-décideur, fragment de la volonté générale ? Serait-il davantage que l’équivalent d’un neurone qui est ou n’est pas +commuté+ avec tous les neurones de la planète ? Un neurone peut disparaître, il sera remplacé et l’économie du tout sera préservée’’, prévient le Professeur Besnier.

Relevant que ‘’la démocratie électronique n’aurait plus de démocratique que le nom qu’elle se donne, du fait même que l’individu s’y trouverait dépouillé de cette intériorité qui le constitue en être irremplaçable et en entité délibérative’’, le philosophe assure que cette démocratie électronique ‘’ne procéderait plus de la volonté de +faire-société+ mais exprimerait l’équilibre réalisé par un pur mécanisme homéostatique.’’

Aussi, relativise le coordonnateur de la diaspora dans le processus du SMSI, ‘’les TIC peuvent aussi être pour les jeunes qui s’étaient érigés en véritable sentinelle de la démocratie lors de la dernière présidentielle de 2000, un excellent moyen de dénonciation du pouvoir en place au cas où des abus seraient constatés comme avec la formidable appropriation par les mouvements sociaux de cet outil qu’est le net et qui dans sa version originelle était censé servir les milieux industriels et militaires’’.

Outre cette dimension existentielle, se pose aussi le problème, non pas pour la diaspora, de l’accès aux TIC pour une grande partie de la population dans la mesure où un vaste désert cybernétique les sépare de la toile si l’on sait que 20% de la population mondiale détiennent 93% d’accès à l’Internet et que 20% des plus pauvres qui se recrutent essentiellement en Afrique subsaharienne ne détiennent à peine que 0,2% d’accès à l’Internet.

Les enjeux de cette nouvelle option restent également financières et devraient surtout profiter l’industrie de l’informatique pour un marché qui se compte à coup de centaines de millions de dollars.

Pour exemple, l’Etat du Maryland (USA) a du débourser pour des élections quelque 55,6 millions de dollars soit plus de 30 milliards 580 millions de francs CFA pour s’équiper auprès de la société Diebold Election Systems.

Ainsi, après l’économie, la culture et même le sport, le champ politique risque sous peu d’être sous la tutelle des firmes industrielles et financières limitant encore davantage la liberté du citoyen ainsi que ses marges de manœuvre au profit d’une société de plus en plus placée sous surveillance et sous une diffuse logique marchande.

APS

(Source : Sud Quotidien 2 juillet 2004)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4153/4438 Régulation des télécoms
  • 349/4438 Télécentres/Cybercentres
  • 3089/4438 Economie numérique
  • 1587/4438 Politique nationale
  • 4438/4438 Fintech
  • 511/4438 Noms de domaine
  • 1646/4438 Produits et services
  • 1388/4438 Faits divers/Contentieux
  • 721/4438 Nouveau site web
  • 4334/4438 Infrastructures
  • 1622/4438 TIC pour l’éducation
  • 180/4438 Recherche
  • 242/4438 Projet
  • 2778/4438 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1717/4438 Sonatel/Orange
  • 1545/4438 Licences de télécommunications
  • 264/4438 Sudatel/Expresso
  • 954/4438 Régulation des médias
  • 1200/4438 Applications
  • 997/4438 Mouvements sociaux
  • 1511/4438 Données personnelles
  • 121/4438 Big Data/Données ouvertes
  • 598/4438 Mouvement consumériste
  • 358/4438 Médias
  • 642/4438 Appels internationaux entrants
  • 1436/4438 Formation
  • 111/4438 Logiciel libre
  • 1678/4438 Politiques africaines
  • 823/4438 Fiscalité
  • 166/4438 Art et culture
  • 569/4438 Genre
  • 1463/4438 Point de vue
  • 964/4438 Commerce électronique
  • 1446/4438 Manifestation
  • 313/4438 Presse en ligne
  • 124/4438 Piratage
  • 204/4438 Téléservices
  • 833/4438 Biométrie/Identité numérique
  • 298/4438 Environnement/Santé
  • 310/4438 Législation/Réglementation
  • 336/4438 Gouvernance
  • 1686/4438 Portrait/Entretien
  • 144/4438 Radio
  • 693/4438 TIC pour la santé
  • 264/4438 Propriété intellectuelle
  • 59/4438 Langues/Localisation
  • 1002/4438 Médias/Réseaux sociaux
  • 1836/4438 Téléphonie
  • 190/4438 Désengagement de l’Etat
  • 969/4438 Internet
  • 114/4438 Collectivités locales
  • 377/4438 Dédouanement électronique
  • 988/4438 Usages et comportements
  • 1018/4438 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 550/4438 Audiovisuel
  • 2671/4438 Transformation digitale
  • 383/4438 Affaire Global Voice
  • 150/4438 Géomatique/Géolocalisation
  • 300/4438 Service universel
  • 670/4438 Sentel/Tigo
  • 174/4438 Vie politique
  • 1452/4438 Distinction/Nomination
  • 34/4438 Handicapés
  • 673/4438 Enseignement à distance
  • 639/4438 Contenus numériques
  • 597/4438 Gestion de l’ARTP
  • 178/4438 Radios communautaires
  • 1609/4438 Qualité de service
  • 424/4438 Privatisation/Libéralisation
  • 132/4438 SMSI
  • 447/4438 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2546/4438 Innovation/Entreprenariat
  • 1314/4438 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 46/4438 Internet des objets
  • 170/4438 Free Sénégal
  • 355/4438 Intelligence artificielle
  • 194/4438 Editorial
  • 16/4438 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous