Les passeports numérisés ont fait l’objet de gros détournements. Des magouilles qui portent l’empreinte de l’ancien ministre de l’Intérieur
mardi 15 mai 2012
C’est sans doute le scandale de l’histoire. En effet, le marché des passeports numérisés aurait permis à l’ancien ministre de l’Intérieur de se sucrer à volonté. Le deal porte sur la somme astronautique de cent dix huit (118) milliards de francs Cfa, orchestré au terme d’une violation flagrante de tous les textes qui régissent la passation des marchés publics. C’est le journal Libération qui donne l’information. Selon le rapport d’audit de la Cour des comptes, cette magouille porte en lui une grave atteinte à notre sécurité nationale, du fait que des nationaux, qui plus est réputés autorités publiques, ont, après avoir vendangé nos deniers publics, mis entre des mains étrangères des données civiles sensibles.
Mais comment un aussi gros cafard a été révélé ? C’est en auditant la Direction de la Police des Étrangers et des Titres de Voyage que la Cour des comptes est tombée sur ce marché des passeports numérisés.
En effet, le Sénégal, par l’entremise du ministre de l’Intérieur, a signé un contrat avec une société de droit malaisien, Iris Corporation Berhad (voir par ailleurs) pour l’établissement des passeports numérisés. Le contrat, objet du marché N°F/085/FM, a été signé le 03 septembre 2007. Dans la plus totale illégalité, eu égard au fait que cet acte précède de deux semaines l’avis favorable de la Commission nationale des contrats de l’Administration (Cnca), intervenu le 18 septembre 2007, et près d’un mois avant que le Premier ministre de l’époque, Hadjibou Soumaré, ne l’approuve, le 28 septembre 2007, et qu’il soit enregistré, trois jours plus tard, le 1er octobre.
Montant de ce « marché irrégulier », selon la Cour des comptes ? Cent dix huit milliards soixante douze millions deux cent soixante mille (118 072 260 000) francs Cfa, sur vingt (20) ans. Soit une moyenne annuelle de cinq milliards neuf cent trois millions six cent treize mille (5 903 613 000) francs Cfa. La production attendue est de dix (10) millions de passeports numérisés, soit cinq cent mille (500 000) par an, au taux unitaire de onze mille huit cent sept (11 807) francs Cfa.
(Source : Réussir Magazine, 15 mai 2012)