L’action de l’opérateur sénégalais cotait à 140 000 FCFA vendredi dernier à la Bourse d’Abidjan. Un regain de forme qui a ses explications et ses petits secrets...
La fin novembre et le début décembre ont vu le cours de Sonatel opérer une spectaculaire remontée à la Bourse d’Abidjan. En une semaine, l’action, fortement malmenée depuis l’annonce de résultats semestriels en demi-teinte, a pris 13,44%. A la clôture de la séance du vendredi 5 décembre, l’action cotait à 140 000 FCFA après s’être placée parmi les valeurs les plus actives et parmi celles qui ont réalisé les plus importantes hausses de la semaine.
Plusieurs éléments ont été avancés çà et là par les analystes financiers et certains traders pour expliquer ce retour en grâce. Du Sénégal, les observateurs interrogés retiennent toujours les déboires de Tigo, concurrent de Sonatel qui risque sa licence dans un bras de fer engagé avec l’Etat. Cet élément ne pourrait cependant, à lui seul, être décisif, vu qu’au plus fort de la polémique, le cours de la Sonatel poursuivait sa baisse, passant même brièvement sous la barre des 100 000 FCFA.
La piste des nouvelles licences ? Pas tellement, quand on sait que France Télécom aurait officieusement demandé à son poulain de limiter sa croissance externe aux pays limitrophes, indique une source bien informée.
Reste la piste du nouveau business plan. Là aussi, comme le souligne cet expert en télécoms, « il n’y a rien de nouveau à part une diversification avec le lancement prochain d’Orange money au Sénégal ».
La piste des nouvelles licences ? Pas tellement, quand on sait que France Télécom aurait officieusement demandé à son poulain de limiter sa croissance externe aux pays limitrophes, indique une source bien informée.
Bien entendu, Les Afriques n’a pas pu confirmer officiellement cette information auprès des responsables de Sonatel ou de France Télécom. Vu que l’opérateur historique sénégalais est déjà au Mali, dans les deux Guinées, il est aisé de conclure que cette « limitation aux pays limitrophes » revient en fait à demander à la Sonatel de stopper son programme d’expansion. Les autres pays voisins que sont la Mauritanie (déjà trois licences GSM, dont Mauritel, filiale de Maroc Telecom, Mattel et Sudatel), la Gambie (l’humeur présidentielle de Yayah Djammeh n’est pas la meilleure des garanties pour les investisseurs) et le Cap Vert (Telyum s’y est déjà solidement implanté au nez et à la barbe de Sonatel) constituent des places fortifiées pour d’autres opérateurs. En interne, certains cadres en viennent à penser que France Telecom ira désormais elle-même à la pêche aux licences dans le continent. Ne vient-elle pas de le faire au Togo à la place de la Sonatel ?
Rencontre très discrète
S’ils sont importants dans la décision des investisseurs, tous ces éléments ne pouvaient, à eux seuls, expliquer la reprise d’une tendance haussière aussi affirmée. En fait, Sonatel a organisé il y a trois semaines, une rencontre très discrète avec les investisseurs pour des explications sur le changement de mode de calcul des amortissements (voir www.lesafriques.com) qui avait grevé les résultats semestriels du groupe. Il se dit que, durant cette réunion, le top management a fait miroiter à ces investisseurs, dont une bonne partie représentait les fonds d’investissements arrivés à la BRVM depuis 2002, des dividendes supérieurs à ceux de l’année dernière. Cette promesse a été plus décisive que la vente, ces derniers jours, des actions de l’Etat sénégalais au prix unitaire de 1 000 000 FCFA, alors que l’action cotait à 140 000 FCFA vendredi dernier. Mauvaise affaire pour l’Etat qui ne détient plus que 21%, ou bonne affaire pour le repreneur de ces actions, le bloc de contrôle de Sonatel, qui sécurise ainsi ses positions à moindres frais ? Le futur proche nous le dira.
Adama Wade
(Source : Les Afriques, 18 décembre 2008)