Les Maliens ont 4 mois de plus pour identifier leurs SIM et éviter la désactivation
mercredi 18 décembre 2024
Le gouvernement malien veut assainir la base de données des abonnés télécoms. Cela intervient dans un contexte national marqué par l’adoption croissante des services TIC, ainsi que des défis sécuritaires majeurs dans plusieurs régions.
L’Autorité malienne de régulation des télécommunications, des TIC et des postes (AMRTP) a annoncé cette semaine le report de la date de désactivation des cartes SIM non-identifiées, initialement fixée au 15 décembre. La nouvelle échéance est fixée au 15 avril 2025 afin de permettre à l’ensemble des citoyens de finaliser leur identification.
Selon le régulateur télécoms, cette décision de proroger la date butoir fait suite à l’engouement des populations pour le processus d’identification, qui a occasionné des difficultés dans certaines zones du pays, sans donner plus de détails. Il n’a pas non plus précisé le taux de conformité actuel.
Annoncé au début du mois de novembre, le processus d’identification des usagers des services de télécommunications, des technologies de l’information et de la communication consiste pour tout Malien à lier chacun de ses numéros de téléphone à son Numéro d’identification nationale (NINA). Le nombre de cartes SIM par abonné a été fixé à trois par opérateur télécoms.
L’initiative s’inscrit dans un contexte d’adoption croissante des services TIC au Mali, où le nombre d’abonnements (cartes SIM) est passé de 21,9 millions en 2018 à 25,2 millions en 2023, soit une croissance de 15,07 %. En associant chaque numéro de téléphone à une identité unique, elle vise à lutter contre l’usurpation d’identité, la fraude sur les transactions numériques et les activités illégales telles que les messages de haine, les menaces, les arnaques ou le blanchiment d’argent. Cette mesure pourrait également limiter les moyens de communication et d’organisation des groupes armés et terroristes, alors que le pays fait face à des défis sécuritaires majeurs dans plusieurs régions.
La prolongation de la campagne d’identification pourrait effectivement permettre à de nombreux Maliens de se conformer à la réglementation. Toutefois, plusieurs autres facteurs entrent en jeu. Dans certains pays africains comme le Nigeria, le Ghana ou encore la Namibie, qui ont adopté des mesures similaires, le processus a souvent été ralenti par divers défis, entraînant plusieurs reports de la date butoir. Parmi ces défis figurent la réticence des autorités locales à autoriser la mise en place de points d’enregistrement, les pannes de courant dans les zones reculées perturbant l’enregistrement automatisé, le manque d’intérêt ou la résistance de certains clients, la fourniture d’informations inexactes, ainsi que l’absence de pièces d’identité ou de preuves de résidence chez de nombreux abonnés.
Isaac K. Kassouwi
(Source Agence Ecofin, 18 décembre 2024)