Les investissements de Maroc Telecom dans ses filiales Moov Africa ont crû de 75 % en 2024
mardi 18 février 2025
Outre le Maroc, Maroc Telecom est présent sur dix marchés d’Afrique subsaharienne. Il s’agit de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Gabon, du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo, du Niger, du Tchad et de la Centrafrique.
Les dépenses d’investissements de Maroc Telecom dans ses filiales d’Afrique subsaharienne opérant sous la marque Moov Africa ont atteint 7,96 milliards de dirhams (800,1 millions $) en 2024, selon le rapport financier annuel de l’entreprise pour ladite année publié le vendredi 14 février. Ce chiffre représente un taux de croissance de 75 % par rapport aux 4,54 milliards de dirhams investis par la société en 2023.
L’entreprise n’a pas détaillé l’affectation précise des fonds investis, mais elle indique que 3,54 milliards de dirhams ont été consacrés à l’achat de fréquences et de licences. « L’évolution du montant des licences s’explique principalement par le renouvellement des licences Mobile chez Sotelma [Mali, Ndlr] et Moov Africa Tchad », a déclaré la société. Au Mali, par exemple, l’opérateur a déboursé 160 milliards de francs CFA (256,2 millions $) pour renouveler sa licence télécoms.
Cela intervient dans une dynamique croissante des investissements de Maroc Telecom dans ses filiales d’Afrique subsaharienne. En 2022, l’entreprise a investi 4,5 milliards de dirhams, contre 2,98 milliards de dirhams en 2021. L’entreprise a même investi 150 millions d’euros (157,2 millions $) dans la construction d’un nouveau câble sous-marin à fibre optique long de 9414 km pour desservir ses filiales Moov Africa.
Les filiales d’Afrique subsaharienne deviennent progressivement le principal moteur de croissance du groupe. À fin 2024, Moov Africa a enregistré un chiffre d’affaires de 18,7 milliards de dirhams, en hausse de 4,6 %, porté par la croissance de la Data Mobile (+15,6 %), de l’Internet Fixe (+21,1 %) et du Mobile Money (+14,4 %). Pendant ce temps, le chiffre d’affaires au Maroc a reculé de 2 %, à 19,1 milliards de dirhams. Une tendance qui se confirme après 2023, où les revenus en Afrique subsaharienne avaient progressé de 6,6 %, alors que ceux du Maroc étaient restés stables.
Maroc Telecom fait face à une concurrence accrue sur un marché marocain domestique qui se sature, où des acteurs comme Orange et Ooredoo exercent une forte pression. À l’inverse, en Afrique subsaharienne, le potentiel de croissance reste important : en 2023, seulement 44 % de la population estimée à 1,2 milliard par la Banque mondiale, avait accès aux services mobiles et 27 % à l’Internet mobile, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). L’essor du mobile money accompagne également cette dynamique, dans une région où une grande partie de la population demeure non bancarisée. La région comptait 234 millions de comptes d’argent mobile actif en 2023, selon la GSMA.
Malgré le potentiel de l’Afrique subsaharienne, Maroc Telecom doit faire face à une concurrence croissante face à des acteurs comme Airtel Africa, Orange, Airtel Africa et MTN Group. Ce dernier compte environ 230 millions d’abonnés sur l’ensemble de ses marchés dans la région, dont le Bénin et la Côte d’Ivoire qu’il partage avec Maroc Telecom. En Côte d’Ivoire, par exemple, Moov Africa détenait une part de marché de 19,6 % au 30 juin 2024, contre 27,8 % pour MTN et 52,6 % pour Orange, selon l’Autorité de régulation des télécommunications (ARTCI). Au Bénin, Moov affichait une part de marché de 33,45 %, derrière MTN (49,06 %), mais devant Celtiis (17,49 %), d’après les statistiques officielles.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 18 février 2025)