Les perturbations notées dans le secteur des télécommunications ne sont pas du goût de l’Entente nationale des associations des consommateurs (Enac). Cette association qui s’est réunie hier à la Fondation Konrad Adenauer a dit sa décision de porter plainte contre la Sonatel. Elle va aussi demander à l’Etat de reprendre les facilités essentielles, c’est-à-dire l’internet et l’international pour les gérer lui-même.
Une plainte contre la Sonatel sera déposée, demain, auprès de l’Agence de régulation des postes et télécommunications (Artp). C’est ce qu’à décidé, hier, l’Entente nationale des associations des consommateurs (Enac). Les consuméristes s’étaient spécialement réunis au siège de la Fondation Konrad Adenauer, sur les perturbations notées au niveau des télécommunications. Selon le porte-parole du jour, « Quand on a constaté qu’aussi bien les communications téléphoniques, les connexions internet, les guichets automatiques de banque (Gab) et tout le système électronique via internet et le téléphone était perturbé, depuis hier, nous avons enquêté. Et de hauts responsables de l’Agence de régulation des postes et télécommunications (Artp) nous ont dit, sans ambages, que c’est le fait de la Sonatel ». D’après Maître Massokhna Kane, « Au plus haut niveau de l’Artp, on a assuré que c’est imputable à la Sonatel. Nous pensons qu’eux, ils sont outillés pour le dire. Les agents de la Sonatel ne reconnaîtront jamais qu’ils sont à l’origine. Ils vous parlent de présence négative, mais qui est-ce qui a saboté le réseau ? Qu’est-ce qui a coupé l’interconnexion entre la Sonatel et les autres opérateurs ? Qui avait menacé de faire cela ? Je pense que l’Artp pourra établir la responsabilité de la Sonatel si ce n’est pas déjà fait ».
Maître Kane estime que « C’est extrêmement grave, parce que quand la Sonatel n’est pas contente d’une décision de l’Etat, il y a d’autres moyens de discuter, de revendiquer, que de prendre les populations en otage et de compromettre toute l’économie du pays. C’est très grave et nous avons décidé, au niveau de l’Enac, de déposer une plainte contre la Sonatel, auprès de l’Artp pour lui demander d’enquêter et de prendre des sanctions ».
En outre, l’Enac appelle l’Etat du Sénégal « à reprendre les facilités essentielles, c’est-à-dire l’internet et l’international pour les gérer lui-même ». Il souligne que « c’est un service public qui est concédé à la Sonatel (et). C’est stratégique, les télécommunications ». D’après lui, « Il n’est pas normal qu’une société publique poursuive un but lucratif ; ce n’est pas l’ambition du service public. La Sonatel, nous le savons, fait chaque année plus de 150 milliards de francs Cfa de bénéfices nets en dividendes partagés avec des actionnaires dont la moitié est à l’étranger. C’est inadmissible qu’on en arrive à des situations comme cela ». « On entend le syndicat parler, mais nous savons le sentiment -et nous voulons qu’on nous prouve que ce sentiment n’est pas fondé- que c’est la Sonatel qui a des revendications, qui n’est pas contente de l’Etat et qui actionne le syndicat pour qu’il revendique à sa place », soutient le porte-parole du jour de l’Enac.
Aly Diouf
(Source : Le Soleil, 6 août 2010)