Les cartes de crédit en dehors des circuits traditionnels : Le nouveau créneau des marchands ambulants
jeudi 26 octobre 2006
Le marché de la vente des cartes de crédit des téléphones portables, habituellement contrôlé par les gérants de télécentres et autres espaces connus, est maintenant investi par les marchands ambulants, depuis quelque temps. En effet, ce commerce qui ressemble visiblement à une concurrence, ne l’est pourtant pas.
Sous le chaud soleil qui darde ses rayons sur le carrefour de Castor, les klaxons de véhicules se mêlent aux vrombissements de moteurs. Au milieu de la circulation, un policier tente de régler l’embouteillage habituel sur l’avenue Bourguiba. Une fois que le feu de signalisation est au rouge, des vendeurs à la sauvette se ruent vers les automobilistes pour vendre des cartes de crédit pour les téléphones portables. Ce, sans se soucier du danger de la route. Le constat est identique, depuis quelque temps, au niveau des grandes artères de la ville.
En effet, ce qui est nouveau, c’est que la vente des cartes de crédit qui se faisait d’habitude au niveau des télécentres et dans des espaces connus est, désormais, exercée par les marchands ambulants qui vont vers les clients. Interpellé sur cette nouvelle donne, un marchand ambulant, peu loquace, explique qu’il s’approvisionne auprès des grossistes, mais se refuse à parler de son pouvoir d’achat. Apparemment très préoccupé par son commerce, ce vendeur de cartes de crédit prend congé de nous.
Mais, son camarade Mousa Kâ, lui, accepte de parler de son activité. Casquette bien vissée sur sa tête, sans doute pour se protéger des rayons d’un soleil de plomb, quelques parapluies, mouchoirs et déodorants tenus sur la main droite, des cartes de crédit sur la main gauche, M. Kâ explique : « Ces cartes de crédit me sont livrées par mon grand frère grossiste. Une fois que je les épuise, je lui rends son argent et je prends mon bénéfice », renseigne-t-il. Selon le jeune marchand ambulant, qui exerce ce métier depuis un an, cette vente de cartes de crédit est très lucrative. « Il m’arrive de vendre plus de 20 (vingt) cartes par jour. Pour chaque carte, je gagne 400 francs Cfa et il y en a pour tous les prix », indique M. Kâ.
Ce commerce de cartes de crédit, qui ressemble fort bien à une concurrence menée contre les vendeurs classiques (télécentres, boutiques, grossistes), ne l’est pourtant pas. De l’avis de M. Kâ, « il n’y a pas de concurrence entre ces vendeurs classiques et nous. Au contraire, ce sont eux qui nous fournissent ces cartes pour qu’on puisse les écouler, rapidement », précise-t-il. Cependant, le marchand ambulant estime que leur activité est souvent perturbée en cette période d’hivernage. « Lorsqu’il pleut, on est obligé d’arrêter le commerce et d’aller chercher un abri. Cela rend, par conséquent, notre journée difficile », constate-t-il. Même son de cloche du côté des marchands ambulants de l’avenue Ponty. Mamadou Diallo, un vendeur de cartes de crédit, rencontré sur place, explique que « ce commerce est très rentable, surtout avec les cartes de 1000 francs Cfa ».
Plusieurs cartes à la main et des abonnements, ce jeune vendeur originaire du Fouta aborde les clients sur le trottoir. Contrairement à M. Kâ, Mamadou Diallo, lui, s’approvisionne en cartes de crédit auprès des agences de distribution. Il souligne, au passage, qu’il n’y a aucune concurrence avec les distributeurs classiques. Par ailleurs, nous avons tenté de recueillir l’avis des différents opérateurs de la place pour savoir l’incidence de ce nouveau commerce sur leur chiffre d’affaires. En vain.
EL H Daouda L. GBAYA
(Source : Le Quotidien 26 octobre 2006)