OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2004 > Septembre > Les « Call Center » au Sénégal : une nouvelle forme de néo-colonialisme ?

Les « Call Center » au Sénégal : une nouvelle forme de néo-colonialisme ?

lundi 13 septembre 2004

Téléservices

En l’espace de deux semaines d’intervalles, deux reportages diffusés respectivement sur M6 et France 2, ont porté sur les plates-formes téléphoniques (PCCI, Call me) qui fleurissent au Sénégal. Le développement que connaissent ces « call-center » participe aux mouvements d’externalisation de certaines entreprises françaises, européennes en générale et qu’il est convenu aujourd’hui, de cacher pudiquement sous le vocable de « délocalisation », née de la mondialisation.

Ces mouvements, autant qu’ils permettent aux entreprises délocalisées de réduire leurs coûts, contribuent à la création d’emplois au Sénégal en s’appuyant sur une main d’œuvre caractérisée par sa jeunesse. Mais ces apports, à priori, incontestables ne doivent pas cacher les énormes contrecoups sociaux et culturels qu’ils peuvent engendrer. Les méthodes de recrutement dans ces « call-center, notamment aux PCCI et Call me, ne s’appuient sur aucun critère objectif et valorisant sinon que sur la capacité du demandeur d’emploi à assimiler l’accent français digne d’un vrai Parisien et docile. Or, comble de la contradiction, dans le mode de recrutement, en France, de ces mêmes entreprises qui s’exportent au Sénégal, nulle exigence n’est faite au petit breton, marseillais, toulousain ou nîmois, ou petits africain immigrés, etc.. de se débarrasser de son accent à la faveur de celui parisien pour être recruté. Cette forme de recrutement, nous le pensons, en même temps qu’il est source de discrimination, participe au déni de l’identité, source de sens et d’expérience pour l’individu. Le « petit sénégalais » à qui on demande d’assimiler l’accent parisien pour être pris comme opérateur rencontre dévalorisation et déstructuration. Sinon, comment qualifier cette phrase : débarrasser-vous ce qui vous rend unique, singulier pour espérer trouver un emploi. Le langage, dans lequel nous insérons l’accent, n’est-il plus un marqueur d’identité ?

A travers ce processus d’assimilation caractérisé par l’abandon de son identité culturelle au profit de celle imposée réveille en tout homme, africain de surcroît, de vieux démons qu’on avait déjà enterrés : la décolonisation. La plupart de ces Call-Center bénéficie d’apports d’investisseurs étrangers mais aussi d’actionnaires locaux. Ces derniers ne servant que de relais à une politique taillée sur mesure, aux désirs des clients français et imposée. Ces actionnaires locaux ne seraient alors, dans une telle perspective, que des sortes de « colabos » comme dans la France sous occupation. Leurs rôles serviraient à légitimer des pratiques avilissantes et se limiteraient uniquement à fournir une main d’œuvre taillable et corvéable pour deux bols de riz. C’est dire qu’on est de plain pied dans une nouvelle ère de colonialisme savamment orchestrée et légitimée par une prétendue mondialisation. Comble d’ignominie, notre assertion est, malheureusement, corroborée par certaines pratiques qui ont cours dans les quatre centres d’appels qui existent, pour l’instant au Sénégal (PCCI, Call me, Access Value et Center Value). En effet, pourquoi dans ces « call center » on exige aux employés d’utiliser des pseudonymes à résonance française ? En quoi un prénom et nom comme Nathalie DUVAL vaut plus qu’une Sokhna Moumy FALL ou Khadidjatou DIOP ? Un Alain LECHANTRE qu’un Mouhamadou ou Malick N’DIAYE ? Est-ce un complexe d’infériorité inter subjectivement partagé ? Un processus de dévalorisation de soi ou de la culture sénégalaise ?

Même si les actionnaires locaux tirent profits de ces mouvements d’externalisation, leurs pratiques sont largement favorisées par l’inexistence de normes minimales pour le secteur. Et sans base de négociation commune, c’est la porte ouverte à des formes de pratiques pour le moins douteuses comme les conditions de travail stressantes et éreintantes, des performances fondées, non sur la qualité mais sur la quantité des appels et enfin un manque cruel de reconnaissance des qualifications des employés mais aussi de leurs compétences.

Si le gouvernement sénégalais, mais surtout les mouvements syndicaux ne s’attèlent pas à une forte mobilisation d’une population jeune et non syndiquée qu’emploient ces « call-center », il n’y aura jamais de reconnaissance de leurs statuts. Le mutisme dans lequel se terre le gouvernement est révélateur de sa complicité. Mais le politiquement correct exige, de notre gouvernement, de mettre en avant le principe du laisser-faire pour couvrir d’un voile de falsification ce déni d’identité. Face à ce néocolonialisme par le biais de l’assimilation, une seule réponse semble idoine, c’est la mise avant, par les employés, d’une « identité résistance » dont ils seront les producteurs afin, à défaut, de vivre survivre.

Moussa Diop

(Source : http://www.seneweb.com/, 13 septembre 2004)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4396/5183 Régulation des télécoms
  • 359/5183 Télécentres/Cybercentres
  • 3305/5183 Economie numérique
  • 1937/5183 Politique nationale
  • 5183/5183 Fintech
  • 534/5183 Noms de domaine
  • 1697/5183 Produits et services
  • 1563/5183 Faits divers/Contentieux
  • 761/5183 Nouveau site web
  • 4738/5183 Infrastructures
  • 1739/5183 TIC pour l’éducation
  • 225/5183 Recherche
  • 245/5183 Projet
  • 3586/5183 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1845/5183 Sonatel/Orange
  • 1609/5183 Licences de télécommunications
  • 269/5183 Sudatel/Expresso
  • 974/5183 Régulation des médias
  • 1288/5183 Applications
  • 1036/5183 Mouvements sociaux
  • 1563/5183 Données personnelles
  • 133/5183 Big Data/Données ouvertes
  • 598/5183 Mouvement consumériste
  • 373/5183 Médias
  • 661/5183 Appels internationaux entrants
  • 1623/5183 Formation
  • 90/5183 Logiciel libre
  • 2062/5183 Politiques africaines
  • 948/5183 Fiscalité
  • 177/5183 Art et culture
  • 583/5183 Genre
  • 1617/5183 Point de vue
  • 1045/5183 Commerce électronique
  • 1483/5183 Manifestation
  • 321/5183 Presse en ligne
  • 126/5183 Piratage
  • 209/5183 Téléservices
  • 931/5183 Biométrie/Identité numérique
  • 306/5183 Environnement/Santé
  • 327/5183 Législation/Réglementation
  • 344/5183 Gouvernance
  • 1769/5183 Portrait/Entretien
  • 147/5183 Radio
  • 787/5183 TIC pour la santé
  • 275/5183 Propriété intellectuelle
  • 60/5183 Langues/Localisation
  • 1045/5183 Médias/Réseaux sociaux
  • 1943/5183 Téléphonie
  • 191/5183 Désengagement de l’Etat
  • 1100/5183 Internet
  • 117/5183 Collectivités locales
  • 389/5183 Dédouanement électronique
  • 1115/5183 Usages et comportements
  • 1049/5183 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 558/5183 Audiovisuel
  • 3173/5183 Transformation digitale
  • 385/5183 Affaire Global Voice
  • 154/5183 Géomatique/Géolocalisation
  • 319/5183 Service universel
  • 680/5183 Sentel/Tigo
  • 174/5183 Vie politique
  • 1534/5183 Distinction/Nomination
  • 34/5183 Handicapés
  • 707/5183 Enseignement à distance
  • 837/5183 Contenus numériques
  • 597/5183 Gestion de l’ARTP
  • 180/5183 Radios communautaires
  • 1721/5183 Qualité de service
  • 437/5183 Privatisation/Libéralisation
  • 134/5183 SMSI
  • 502/5183 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2791/5183 Innovation/Entreprenariat
  • 1333/5183 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 48/5183 Internet des objets
  • 175/5183 Free Sénégal
  • 685/5183 Intelligence artificielle
  • 200/5183 Editorial
  • 22/5183 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous