Léon Charles Ciss, Directeur commercil de la SONATEL : « Les télécentres font 30% de notre chiffre d’affaires »
lundi 15 janvier 2001
Les télécentres occupent une place importante dans le dispositif économique national. A tel point que la Société nationale de télécommunications
(Sonatel) a créé au mois de septembre dernier un nouveau service Distribution et partenariat (Dip) pour s’occuper exclusivement de leurs activités qui
génèrent 30% de son chiffre d’affaires.Pour vulgariser les Ntic auprès des Sénégalais, la Sonatel pousse les gérants de télécentres à héberger ou
fournir des sites web de taille moyenne. Les télécentres représentent 30% du chiffre d’affaires de la Société nationale de télécommunications (Sonatel),
selon le directeur commercial, Léon Charles Ciss.
Durant l’exercices 2000, le chiffre d’affaires de la Sonatel a été de 110 milliards de FCfa si on prend en compte la Sonatel mobile.Dans cette part, la
contribution des télécentres est de 33 milliards de FCfa. Pour cette année 2001, la projection est de 36 milliards de FCfa puisque la Sonatel prévoit de
faire un chiffre d’affaires de 120 milliards de FCfa. "Les télécentres constituent pour la Sonatel le deuxième grand secteur après les grandes
entreprises", explique le directeur commercial. Sur un parc de 210 000 lignes téléphoniques fixes, les télécentres représentent les 6%, soit 12 600 lignes,
selon les résultats d’une étude sur les télécentres réalisée par les services de la Sonatel en juin 2000. Ces 12.600 lignes privées sont partagées par 7
000 télécentres dénombrés par la Sonatel sur l’ensemble du territoire national.
Du point de vue de la « moyenne du parc global de lignes téléphoniques », c’est la région de Tambacounda qui devance toutes les autres avec 13%, selon
les résultats d’une étude datée de juin 2000. Elle est suivie de Ziguinchor (11%,) alors que Saint-Louis, Kaolack et Thiès font chacune 9% . La région de
Dakar ferme la marche avec 5%. Mais si l’on considère la « densité téléphonique pour 100 habitants », c’est Dakar qui détient le record avec 4,7%.
Ziguinchor et Kolda sont dernières avec 0.42%.
Pour ce qui est de la variable « densité ligne télécentre pour 100 habitants », Dakar devance toutes les autres régions avec 0,27%. Kaolack et Fatick ont
la plus faible densité avec 0,04%. Dakar occupe aussi la première place pour ce qui est du « nombre de lignes télécentres par km2 », avec 11,52% alors
que la moyenne nationale est de 0,06%. Selon le directeur commercial de Sonatel, ces différents indicateurs montrent que les télécentres "constituent
une véritable réponse sociale à un type de demande de services téléphoniques"en ce sens que même des individus ayant une ligne téléphonique à
domicile se rendent dans les télécentres pour téléphoner. Ils le font pour diverses raisons, parmi lesquelles on note généralement, la recherche de la
confidentialité de l’appel et la volonté de contrôler son budget pour éviter les factures élevées. Grâce aux télécentres, "le Sénégal détient le record
mondial en proportion de parcs" c’est-à-dire du meilleur rapport nombre de lignes publiques sur le nombre de lignes privées, selon Léon Charles Ciss.
Ce record est de 8%. La part des télécentres dans ce record est de 6%. Les 2% restants sont constitués par les différents point phone installés dans
certains coins comme l’aéroport, les hôtels , certaines grandes artères etc.
La prolifération de télécentres peut s’expliquer par la relative facilité qu’il y a à se lancer dans une telle entreprise pareille. En milieu urbain, quelque 630
000 FCfa suffisent comme capital de départ. En zone rurale, il faut 430 000 FCfa en moyenne, compte non tenu des frais liés à l’équipement et à
l’aménagement des cabines ( en page 1 les charges des gérants) . Cette somme est constituée des frais d’installation d’une ligne téléphonique (23 000
FCfa), le prix d’un taxaplus (entre 80. 000 et 120 000 FCfa) et une caution de 500 000 FCfa , si on est en zone urbaine. En milieu rural, la caution est de
300. 000 FCfa. La facturation moyenne d’une ligne télécentre et de 150 000 FCfa alors que celle d’une ligne privée varie entre 15 000 FCfa à 20 000
FCfa en moyenne, selon les indications obtenues auprès de la Sonatel.
Depuis le mois de septembre dernier, la Sonatel offre aux télécentres les plus dynamiques un avantage dit « avantage volume ». Ainsi, à partir de 125 000
FCfa, un rabais de 17% est accordé au télécentre sur sa facture. Avec l’avènement des Nouvelles technologies de l’information et de la communication
(Ntic), la Sonatel compte s’appuyer, pour leur vulgarisation auprès des Sénégalais, sur le dense réseau de télécentres. La direction commerciale de la
Sonatel est peu prolixe sur la stratégie que compte développer son entreprise en vue de la vulgarisation des Ntic au Sénégal. "Nous en sommes au
stade de la réflexion. Il y a quelques semaines ( le 22 novembre dernier, Ndlr), nous avons convié tous les gérants de télécentres à une journée
nationale de réflexion. Cette rencontre nous a permis de les sensibiliser sur les Ntic en leur proposant quelques pistes de réflexions". Parmi celles-ci, on
note la possibilité d’ajouter à leurs activités classiques celles d’un fournisseur d’accès ou encore héberger des sites de taille moyenne faite par exemple
par des jeunes écoliers, des artisans et autres particuliers.
Face aux accusations de beaucoup de gérants de télécentres selon lesquelles la Sonatel ne respecte pas la distance réglementaire entre deux
télécentres en délivrant des agréments à la pelle, le directeur commercial parle de confusion. "Ils (les gérants de télécentres, Ndlr) posent un vrai
problème mais le font mal. La Sonatel n’est pas le ministère du Commerce". Selon M. Ciss, il n’y a aucun texte qui lie la Sonatel dans ce sens.
Néanmoins, cette dernière compte prendre en main ce dossier, a affirmé son directeur commercial. "Nous sommes entrain de réfléchir sur le concept
de contrat de franchise consistant à donner aux télécentres une exclusivité dans la distribution des produits Sonatel sur un rayon donné". La Sonatel
compte ainsi régler dans un proche avenir, le problème posé par la trop grande proximité entre les télécentres, si les carences observées persistent à ce
niveau.
Concernant la réglementation sur les dimensions minimales d’un télécentre, à savoir 12m2 , la Sonatel a des difficultés pour faire respecter sa décision .
« C’est toute la difficulté qu’on rencontre quand on a une justice sans police », explique Léon Charles Ciss. "Chaque fois qu’on reçoit une demande
d’agrément, on envoie une mission sur les lieux pour vérifier si les dimensions réglementaires sont respectées et, pour la plupart, ce qu’on nous fait
visiter est acceptable. Mais une fois les lignes installées, le gérant utilise l’espace pour mener d’autres activités commerciales", explique le directeur
commercial de Sonatel. Ce dernier ajoute qu’il leur arrive dès fois de régulariser des cas plus par souci de laisser s’installer la fraude qu’autre chose.
Léon Charles Ciss compte sur la politique de « contrat de franchise »que compte développer plus tard la Sonatel pour régler ce problème. "C’est parce
qu’on est conscient de tous ces problèmes auxquels on veut apporter des solutions que nous avons créé le service Distribution et partenariat (Dip) au
mois de septembre dernier. Cette structure s’occupe exclusivement des télécentres", affirme le directeur commercial de Sonatel.
Malick BA