OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2014 > Le règne de l’ignorance

Le règne de l’ignorance

samedi 1er février 2014

Point de vue

« Au Sénégal, ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent ne savent rien de ce qu’ils disent, et ne trouvent personne pour leur dire qu’ils se ridiculisent en parlant de choses qu’ils ignorent » - Confidences d’un citoyen désabusé

Des positions assumées publiquement sur deux questions qui ont fait l’actualité récemment me poussent à une réflexion sur le niveau et la qualité du débat public sénégalais, pris en otage par l’ignorance prétentieuse et l’activisme spectaculaire. J’ai lu des réactions extraordinaires suite à la nomination de M. Abou Abel Thiam, jusque-là porte-parole du président de la République, comme président du Collège de l’Artp. Instituteur de formation, M. Thiam, selon ses détracteurs, n’aurait pas le profil requis pour occuper cette fonction, où il est exigé un niveau de bac + 4 ou équivalent.

Un amuseur public au faîte de sa gloire a été jusqu’à agiter l’idée d’un recours devant la Cour suprême. Ce débat a pu être posé, et a pu prospérer, parce que ceux qui s’arrogent le monopole de la prise de parole publique dans ce pays ne se donnent pas la peine de bien s’informer avant de s’exprimer, et ceux qui sont bien informés se taisent, préférant ignorer les incongruités des premiers.

L’Etat du Sénégal, de tout temps, a instauré la valorisation de la pratique et de l’expérience, et la validation des acquis, créant ainsi un système d’équivalence entre les diplômes, les niveaux de formation et de pratique professionnelle. M. Abou Abel Thiam qui est instituteur diplômé d’école, titulaire de son Certificat d’aptitude pédagogique (Cap) avec plus de 4 ans d’expérience professionnelle -j’en parle après vérification -, est classé par les normes étatiques sénégalaises au niveau de bac + 4. C’est exactement cela.

Et tous les instituteurs qui remplissent les mêmes critères sont classés au même niveau. C’est pourquoi on les retrouve régulièrement aux côtés des titulaires de la maîtrise, aux concours d’entrée dans les grandes écoles de formation des hauts fonctionnaires de l’Etat qui recrutent le niveau de bac + 4. La plus prestigieuse de ces écoles, c’est incontestablement l’Ecole nationale d’administration (Ena), qui forme la crème des hauts fonctionnaires (administrateurs civils, inspecteurs du trésor, inspecteurs des impôts et domaines, inspecteurs des douanes, inspecteurs du travail, commissaires aux enquêtes économiques, conseillers aux affaires étrangères...). C’est le top du top des grands commis de l’Etat souvent appelés à gérer les structures du secteur public et parapublic. Et pour entrer dans ce saint des saints, il faut, soit être titulaire d’une maîtrise d’une université publique agréée par l’Etat du Sénégal ou alors être un fonctionnaire remplissant certains critères qui confèrent le niveau de bac + 4. Et dans l’histoire du Sénégal depuis l’indépendance, ils sont nombreux les instituteurs du même niveau que Abou Abel Thiam, qui ont été admis à cette école et qui ont été ou sont aujourd’hui des modèles et des références dans la haute administration.

Un processus de dévalorisation de l’enseignement et de la formation au Sénégal ayant favorisé ces dernières années la prolifération des structures douteuses d’enseignement et de formation supérieurs, il est certain que beaucoup qui se gaussent d’une licence ou d’un master décrochés dans une école ou institut privés verraient leur candidature à l’Ena rejetée là où Abou Abel Thiam est certain de remplir les conditions de candidature. Car l’Etat du Sénégal n’a jamais conféré une pleine reconnaissance à ces diplômes délivrés par l’enseignement supérieur privé, lorsqu’il s’agit de recruter les pensionnaires des grandes écoles de fonctionnaires. L’ignorance a simplement favorisé l’agitation ridicule dans cette affaire. J’ai suivi également le débat sur le recrutement d’un nouveau Directeur général pour l’Ipres. Un discours public a été porté pour dévaloriser l’un des deux candidats en compétition, au motif qu’il serait un « simple administrateur civil », un « préfet » qui ne connaîtrait rien en management. C’est là un discours de profane tout court. Ramener l’administrateur civil à la seule fonction de préfet, c’est tout ce qu’il y a de plus réducteur, l’administration territoriale n’étant qu’un volet des compétences multi fonctionnelles du corps professionnel dont il est question. Les administrateurs civils sénégalais sont formés à diriger et à gérer. Tout court. Ils reçoivent l’une des formations les plus complètes qui soient, en leadership et en management. Et pendant 40 ans, ils ont constitué la haute aristocratie de la République et ont dirigé tous les secteurs d’activités publiques. De la génération des Abdou Diouf, Habib Thiam, Babacar Bâ, Jean Collin à celle des jeunes d’aujourd’hui, en passant par les Moustapha Niasse, Djibo Kâ, Abdoulaye Makhtar Diop, Mamadou Abbas Bâ, Sada Ndiaye, Iba Guèye, ce corps de fonctionnaires d’élite a toujours été aux commandes dans ce pays.

En pleine hégémonie, les administrateurs civils ont chapeauté toutes les administrations et tous les corps de fonctionnaires de ce pays.
On les retrouvait à la tête des directions les plus techniques des ministères les plus techniques. Mêmes les corps habillés comme la police et la douane avaient comme directeur général un administrateur civil.
L’ère des hauts gradés de la maison comme Dg des douanes ou de la police, c’est très récent. Thierno Birahim Ndao, qui fut le dernier administrateur civil Dg des douanes, est un contemporain, alors que mon cadet Cheikhou Cissé, dernier administrateur civil à occuper les fonctions de Directeur général de la Sureté nationale (devenu Directeur général de la Police), était encore secrétaire général du ministère de l’Intérieur la dernière fois que j’y suis passé il y a quelques mois. Hors de la sphère gouvernementale où ils régnaient en maîtres absolus, on retrouvait les administrateurs civils à la tête de la quasi-totalité des entreprises et établissements publics où ils ont toujours exercé un monopole sur les fonctions de Directeur général. A ce niveau, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pieuse pour mon défunt ami Pierre Babacar Kama, administrateur civil qu’on a appelé de la Direction du commerce intérieur qu’il gérait à l’époque, pour lui confier le projet presque chimérique des Industries chimiques du Sénégal (Ics). C’est cet administrateur civil, à lui tout seul, qui a fait sortir les Ics de terre, les a maternées, et a assuré leur croissance et leur expansion jusqu’à en faire la première entreprise du Sénégal, avant que la jalousie humaine et la boulimie politicienne ne viennent l’en écarter et favoriser la décadence de ce fleuron de l’économie nationale. Il faut ignorer tout cela, pour oser émettre des doutes sur les capacités de management des administrateurs civils et avoir l’audace d’exprimer ces doutes en public. Quand ceux qui prétendent informer les autres sont, eux-mêmes, mal informés, la méprise prospère et finit par engendrer l’obscurantisme.

Samba Dieng [1]

(Source : Le Soleil, 1er février 2014)


[1] Fonctionnaire à la retraite Ancien instituteur

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2063/2229 Régulation des télécoms
  • 173/2229 Télécentres/Cybercentres
  • 1585/2229 Economie numérique
  • 834/2229 Politique nationale
  • 2229/2229 Fintech
  • 252/2229 Noms de domaine
  • 816/2229 Produits et services
  • 692/2229 Faits divers/Contentieux
  • 381/2229 Nouveau site web
  • 2150/2229 Infrastructures
  • 792/2229 TIC pour l’éducation
  • 100/2229 Recherche
  • 121/2229 Projet
  • 1387/2229 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 862/2229 Sonatel/Orange
  • 776/2229 Licences de télécommunications
  • 132/2229 Sudatel/Expresso
  • 463/2229 Régulation des médias
  • 600/2229 Applications
  • 494/2229 Mouvements sociaux
  • 776/2229 Données personnelles
  • 60/2229 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2229 Mouvement consumériste
  • 179/2229 Médias
  • 321/2229 Appels internationaux entrants
  • 694/2229 Formation
  • 48/2229 Logiciel libre
  • 842/2229 Politiques africaines
  • 407/2229 Fiscalité
  • 84/2229 Art et culture
  • 284/2229 Genre
  • 702/2229 Point de vue
  • 481/2229 Commerce électronique
  • 708/2229 Manifestation
  • 156/2229 Presse en ligne
  • 63/2229 Piratage
  • 102/2229 Téléservices
  • 422/2229 Biométrie/Identité numérique
  • 150/2229 Environnement/Santé
  • 156/2229 Législation/Réglementation
  • 167/2229 Gouvernance
  • 822/2229 Portrait/Entretien
  • 73/2229 Radio
  • 337/2229 TIC pour la santé
  • 133/2229 Propriété intellectuelle
  • 29/2229 Langues/Localisation
  • 509/2229 Médias/Réseaux sociaux
  • 918/2229 Téléphonie
  • 95/2229 Désengagement de l’Etat
  • 486/2229 Internet
  • 57/2229 Collectivités locales
  • 188/2229 Dédouanement électronique
  • 499/2229 Usages et comportements
  • 513/2229 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 276/2229 Audiovisuel
  • 1353/2229 Transformation digitale
  • 191/2229 Affaire Global Voice
  • 76/2229 Géomatique/Géolocalisation
  • 148/2229 Service universel
  • 330/2229 Sentel/Tigo
  • 87/2229 Vie politique
  • 726/2229 Distinction/Nomination
  • 17/2229 Handicapés
  • 337/2229 Enseignement à distance
  • 320/2229 Contenus numériques
  • 294/2229 Gestion de l’ARTP
  • 89/2229 Radios communautaires
  • 802/2229 Qualité de service
  • 212/2229 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2229 SMSI
  • 224/2229 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1272/2229 Innovation/Entreprenariat
  • 658/2229 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2229 Internet des objets
  • 86/2229 Free Sénégal
  • 164/2229 Intelligence artificielle
  • 99/2229 Editorial
  • 18/2229 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous