Le Nigeria enregistre l’indice d’exclusion d’Internet le plus élevé au monde selon World Data Lab
vendredi 22 avril 2022
La Covid-19 a révélé la nécessité d’Internet en Afrique. Alors que la demande va croissante, des millions de personnes ne peuvent cependant pas encore jouir des avantages qu’offre cette nouvelle ressource. Les prix demeurent une source d’exclusion.
A travers le monde, Internet est aujourd’hui perçu comme un produit de première nécessité au même titre que l’eau courante et l’électricité. Avec un taux de pénétration de 51% en 2020, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), soit 4 milliards d’internautes, World Data Lab a identifié le Nigeria comme le pays qui enregistre le plus grand nombre d’exclusd’Internet au niveau mondial en 2022.
L’entreprise de données dont le conseil consultatif comprend des représentants de la Banque mondiale, de la Brookings Institution et du milieu universitaire, désigne par « pauvres d’Internet » le nombre de personnes qui ne peuvent pas se permettre un forfait minimum d’Internet mobile. Cette pauvreté repose sur trois piliers supposés : l’abordabilité, la quantité et la qualité. L’abordabilité est mesurée sur le pourcentage de dépenses individuelles totales supposées, la quantité sur 1 GB par mois supposé, la qualité sur une vitesse de téléchargement de 10 Mbps supposée.
Au Nigeria, World Data Lab estime que 103 015 076 personnes sont des « pauvres d’Internet » sur une population estimée à 217 366 695 habitants. L’Inde et la Chine viennent juste après. Par contre, en Afrique subsaharienne où le taux de pénétration d’Internet avoisinait 30% en 2020 d’après GSMA, soit près de 300 millions de personnes, World Data Lab révèle que proportionnellement à sa population, c’est le Burundi qui enregistre le plus grand nombre de « pauvres d’Internet » en 2022. 96,6% d’une population estimée à 12 026 248 habitants.
Selon les dernières données de l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) sur l’abordabilité de l’Internet à haut débit en Afrique, seuls dix pays d’Afrique offre 1GB en dessous de 3$. Dix-sept le proposent en dessous de 5$. L’Alliance estime le coût d’internet à haut débit abordable lorsqu’il représente 2% ou moins du revenu moyen mensuel par habitant.
L’exclusion que suscite encore la cherté des forfaits Internet mobile en Afrique met en danger la participation de millions de personnes à la transformation numérique qui est une nécessité sur le continent au regard des opportunités socioéconomiques qu’elle charrie. La Société financière Internationale et Google estiment que l’économie numérique dont Internet est le socle peut contribuer à générer jusqu’à 180 milliards $ dans le Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique d’ici 2035.
Muriel Edjo
(Source : WeAreTechAfrica, 22 avril 2022)