Le Mali songe au partage d’infrastructures pour améliorer la couverture réseau
lundi 19 mai 2025
Le gouvernement malien ambitionne de généraliser l’accès aux services télécoms dans le cadre de ses ambitions de transformation numérique. L’exécutif explore à cet effet des solutions collaboratives entre les opérateurs télécoms.
Les autorités maliennes souhaitent encourager le partage des infrastructures entre les opérateurs télécoms du pays. Elles estiment que cela devrait contribuer à résoudre les défis liés à la couverture réseau, entre autres.
Pour concrétiser cette initiative, l’Autorité malienne de régulation des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication et des postes (AMRTP) prévoit de recruter un cabinet spécialisé pour mener une étude approfondie sur le sujet. L’appel à manifestations d’intérêt lancé dans ce cadre est ouvert jusqu’au 9 juin.
« Le partage des infrastructures, qu’elles soient passives (pylônes, sites, énergie, génie civil) ou actives (équipements de transmission, réseaux d’accès, etc.), représente une solution stratégique pour favoriser une meilleure mutualisation des ressources, encourager la concurrence saine entre opérateurs et accélérer l’extension des réseaux, notamment dans les zones rurales ou peu rentables », indique l’AMRTP dans l’appel à manifestations d’intérêt publié la semaine dernière.
Par exemple, le partage d’infrastructures permet aux opérateurs de réduire les coûts liés à l’installation de nouveaux sites, en particulier dans les zones rurales ou peu peuplées. Au lieu que chaque opérateur construise ses propres pylônes ou installe ses équipements séparément, ils peuvent utiliser les mêmes installations. Cette approche accélère le déploiement, réduit les coûts et permet la couverture de zones qui, autrement, ne seraient pas jugées rentables.
Cet intérêt pour le partage d’infrastructures s’inscrit dans un contexte de demande croissante en connectivité et de développement rapide des technologies numériques. Pourtant, seulement 81 % de la population du Mali était couverte par les réseaux télécoms 3G et 4G en 2023, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). En matière d’usage, le taux de pénétration de l’Internet était de 35,1 % dans le pays, contre 73,2 % pour la téléphonie mobile, d’après l’UIT.
Il est important de noter que ce processus pourrait encore prendre du temps. Avant la mise en œuvre du mécanisme, l’AMRTP devra passer par une phase préalable de sélection d’un cabinet chargé de conduire l’étude. Par ailleurs, plusieurs facteurs peuvent freiner l’efficacité du partage d’infrastructures, comme l’explique le rapport d’Ecofin Pro intitulé « Pourquoi l’Afrique tarde à réaliser le potentiel du partage d’infrastructures télécoms ». Il s’agit notamment de la volonté des opérateurs de maintenir leur position de leader et des réticences de certains régulateurs face aux risques de collusion susceptibles d’affaiblir la concurrence.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 19 mai 2025)