Le français des Sms, une entorse à l’usage de la langue
mercredi 21 mars 2012
Dans une communication livrée à l’occasion de la Journée de la Francophonie, Abdourahmane Djiméra parle du langage codé des textos. Après son exposé, on a une conviction : le français prend un sacré coup avec les Sms.
Tout est parti d’une expérience de M. Abdourahmane Djiméra, président du Réseau des clubs de littérature d’art et de philosophie (Resaclap). Il a demandé à ses élèves de faire une dictée par le billet des Sms. Le résultat est hallucinant a-t-il déclaré. « On a vu que, par le billet des Sms, les élèves se parlent à partir d’un code bien défini qui est loin d’être conventionnel ». Dans leur différente approche, les potaches ont laissé découvrir un nouveau langage qui utilise les lettres et les chiffres. Ces messages codés sont utilisés par les élèves pour des besoins d’économie de temps, mais également de se conformer à l’espace très réduit qu’offre les téléphones portables pour les messages .
Certains Sms, dans leur structure, ne contiennent pas de voyelles et souvent les gens écrivent les mots à l’image de la phonétique. Ces textos posent des enjeux linguistiques, mais également scolaires. L’utilisation abusive des Sms a des conséquences néfastes, surtout pour les élèves qui traînent des lacunes.
A la longue, quand il n’écrit pas bien le français, l’élève aura plus tard des difficultés et des lapsus d’écriture ». Sur un autre plan, le français du rap peut être une aubaine. Pour beaucoup, le rap est cette musique anticonformiste qui n’obéit à aucune règle. Mais durant son exposé, l’enseignant Mamadou Dramé, chercheur en linguistique et littérature, est revenu sur la richesse de « certains textes de rappeur ». Récemment, dans le cadre du projet des « 10 mots » en collaboration avec des organes de la Francophonie, il était question en entente avec le rappeur Malal Talla, d’encadrer des élèves autour de « 10 mots ».
Le rap, la poésie, la rime
Cela a permis, selon Mamadou Dramé, de faire une corrélation entre « le travail des rappeurs et l’école. On a pu voir que certains textes peuvent être utilisés dans les classes ». À son avis, l’enfant apprend à partir de ce qui l’intéresse et le rap est là, avec certains textes bien structurés, capables de servir d’exercices. Dans le français utilisé dans le rap, il y a beaucoup d’argots, un mélange entre les langues nationales et celles étrangères avec des métaphores et une polysémie au niveau des mots. L’objectif est de se faire comprendre.
M. Dramé a soutenu que « le rap peut être un moyen d’enseigner la poésie, la rime et les autres figures de styles ». Pour lui, « il existe une séquence didactique dans certains textes qui peut bel et bien être utilisée par les enseignants ».
A. M. Ndaw
(Source : Le Soleil, 21 mars 2012)