Que privilégier : la production de contenu original en français ou l’adaptation de contenu existant sur d’autres supports ?
Aucun doute autour de la table de l’atelier « contenu » : il n’est pas nécessaire de choisir. L’exemple du journal sénégalais Le Soleil, dont la numérisation des archives en a fait une ressource incontournable en Afrique de l’Ouest, démontre l’utilité d’adapter des contenus existants pour les rendre accessibles à tous. Il est impératif, selon l’ensemble des participants, de créer du contenu original dans la langue de Molière. « La question de l’archivage et de la numérisation de contenu existant est intéressante, mais il ne faut pas négliger la création de contenu destiné au Web », soutient René Morin, qui a oeuvré pendant plus de quatre ans pour le Centre international au développement de l’inforoute en français.
Odile Ambry, journaliste française chargée de l’animation de l’atelier, renchérit : « Le Web est un autre média ». Produire du contenu conçu et pensé en fonction d’Internet est donc absolument essentiel. Elle émet aussi l’idée de se servir de contenu archivé pour créer de nouveaux contenus. « On pourrait rendre ce contenu plus multimédia et créatif en rendant vivant les lieux d’archivage. »
Autre point qui fait l’unanimité : le contenu doit être architecturé de manière plus cohérente. « Le problème, ce n’est pas tant le contenu que comment il a été organisé, insiste Alex Corenthin, professeur et président de la division sénégalaise d’ISOC. Il doit être attractif. » Il donne l’exemple de sites africains où l’internaute a besoin de faire une vingtaine de clics avant d’atteindre l’information recherchée.
Un seul modèle pour toute la Francophonie
Une autre question soulevée par Odile Aubry est l’uniformisation de l’ergonomie. Doit-on, par exemple, utiliser les mêmes canevas en Europe et en Afrique ? Alex Corenthin croit que oui, dans une certaine mesure. Comme on ne produit pas du contenu que pour soi, il faut selon lui avoir une ouverture. « Le Web est une affaire de cible », croit-il. Malgré le scepticisme d’autres participants, il estime qu’il est possible d’utiliser le même canevas de base dans l’ensemble de la Francophonie, tout en ajoutant une touche culturelle.
Par ailleurs, M. Corenthin déplore le rôle passif des Africains en matière de contenu. « L’Afrique ne peut pas continuer à être consommatrice, elle doit aussi être productrice », dit-il.
Pour lui, le but à atteindre est clair, comme il l’a énoncé dès le début de l’atelier : « Ce n’est pas de mettre le français en ligne, c’est mettre la diversité en ligne ».
Marie-Julie Gagnon
(Source : Lien multimédia 13 juin 2002)