Le Cap-Vert veut se constituer en vivier de talents numériques pour le Portugal
mercredi 11 juin 2025
Les compétences numériques constituent un pilier essentiel de la transformation numérique engagée dans de nombreux pays à travers le monde. D’ici 2030, près de 230 millions d’emplois nécessiteront ces compétences rien qu’en Afrique subsaharienne, selon la Banque mondiale.
Le Cap-Vert aspire à devenir un vivier de talents numériques pour les entreprises portugaises. Pour cela, le pays mise sur une coopération renforcée avec le Portugal, notamment dans la mise en place d’une offre de formation alignée sur les besoins du marché et dans la création d’un environnement favorable à l’expérimentation de solutions technologiques.
Pedro Lopes, Secrétaire d’État cap-verdien à l’Économie numérique, a présenté cette vision lors d’un échange avec Ana Isabel Xavier, son homologue portugaise chargée des Affaires étrangères et de la Coopération, lors d’une visite officielle au TechParkCV, le parc technologique national, le lundi 9 juin.
« Nous pouvons développer ici un projet-pilote, identifier les besoins des entreprises portugaises, proposer une formation de haut niveau au TechParkCV, et même créer un espace de travail à distance pour ces entreprises », a déclaré M. Lopes. Il voit dans l’archipel un sandbox technologique idéal, où tester à grande échelle des solutions numériques avant leur déploiement au Portugal ou sur d’autres marchés.
Cette démarche s’inscrit dans la stratégie numérique du Cap-Vert, qui repose sur l’expansion des services numériques, l’attraction d’entreprises internationales, l’accueil de travailleurs à distance et l’investissement dans les compétences locales. Au-delà du lien avec Lisbonne, Praia entend faire du pays un pôle de solutions numériques tourné vers l’Afrique et le reste du monde. « Nous sommes convaincus que le numérique jouera un rôle de plus en plus important dans notre PIB, et nous comptons sur le Portugal comme partenaire fort dans ce domaine », a affirmé M. Lopes. Actuellement, la contribution du secteur au PIB national avoisine les 5 %, d’après les sources officielles.
Cette initiative du gouvernement cap-verdien constitue aussi un levier pour l’emploi. Le pays dispose d’une population d’environ 600 000 habitants, majoritairement jeune, selon la Banque africaine de développement (BAD). L’institution financière indique que le taux global de chômage est de 14,5 %. Chez les jeunes, il grimpe à 27,8 %, à raison de 33,4 % pour les femmes, 22,9 % pour les hommes.
Dans le même temps, le Portugal, bien qu’en progrès sur le plan numérique, présente encore des fragilités. Selon un rapport de la Commission européenne publié en 2024, seulement 56 % de sa population dispose de compétences numériques de base, à peine au-dessus de la moyenne européenne (55,6 %). Les spécialistes des TIC ne représentent que 4,5 % de l’emploi total (contre 4,8 % dans l’UE), et la part des femmes dans ce secteur recule légèrement, passant de 21 % en 2021 à 20 % en 2023.
Pour l’heure, les discussions entre les deux pays en sont encore à un stade préliminaire. Si la partie portugaise reconnaît le rôle stratégique de la formation des cadres cap-verdiens pour renforcer la mobilité professionnelle et la coopération économique, aucun accord concret n’a encore été signé ni même annoncé. Il faudra donc attendre de prochains développements pour évaluer pleinement la portée de cette ambition commune.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 11 juin 2025)