OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2025 > La volonté politique est nécessaire pour réformer les Fonds de Service (…)

La volonté politique est nécessaire pour réformer les Fonds de Service Universel en Afrique

lundi 2 juin 2025

Point de vue

Un proverbe africain dit : « Celui qui ne saisit pas l’opportunité aujourd’hui ne pourra pas saisir celle de demain. » Cela signifie que le moment d’agir pour combler la fracture numérique, c’est maintenant. Les Fonds de Service Universel (Fsu) ont le potentiel de favoriser l’inclusion numérique en Afrique, mais cela ne sera possible qu’avec les réformes nécessaires pour améliorer leur efficacité. Une réelle volonté politique est indispensable pour permettre ces réformes et libérer tout le potentiel des Fsu.

L’accès universel au haut débit est essentiel à la transformation socio-économique de l’Afrique -pourtant, une fracture numérique importante continue de freiner le continent. Bien que la plupart des pays africains aient mis en place des Fonds de Service Universel pour combler cette lacune, un récent rapport de la Gsma révèle une déconnexion inquiétante entre les fonds collectés et leur impact réel sur l’expansion du haut débit. Entre 2018 et 2022, la somme de plus d’1,5 milliard de dollars a été accumulée à travers les Fsu en Afrique, mais une grande partie de ces fonds reste inutilisée. L’inactivité, le manque de transparence et les ingérences politiques continuent de nuire à leur efficacité.

Malgré les progrès considérables réalisés au cours de la dernière décennie, l’Afrique reste la région la moins connectée au monde. Selon les dernières données de la Gsma, environ 1 milliard de personnes en Afrique ne sont toujours pas connectées à l’Internet mobile -un défi qui s’explique à la fois par un déficit de couverture (environ 160 millions de personnes vivent en dehors des zones desservies par le haut débit mobile) et, surtout, par un déficit d’usage : environ 800 millions de personnes vivent dans des zones couvertes, mais n’utilisent pas ces services. La couverture du haut débit mobile est passée de 56% en 2012 à 87% fin 2023 -mais cette avancée reste inégale. Des pays comme la République Démocratique du Congo (54 % de couverture) ou le Burkina Faso (30 %) sont encore très en retard par rapport à des leaders régionaux comme le Maroc ou l’Afrique du Sud, qui ont réduit leur déficit de couverture à moins d’1%.

Le problème n’est pas le manque d’ambition, mais celui de l’exécution. Aujourd’hui, 51 des 54 pays africains ont mis en place ou envisagent de créer un Fsu, financé par des prélèvements sur les revenus des opérateurs télécoms, allant de 0,2% à 3,5%. Mais selon le rapport de la Gsma sur les Fsu en Afrique, plus de 265 millions de dollars restent inutilisés dans 12 pays. Seuls 30% des Fsu publient des rapports réguliers, et environ 20% rencontrent des difficultés pour collecter les fonds de manière cohérente. Avec 70% des fonds gérés par les régulateurs, le risque d’ingérence politique est réel -détournant souvent les fonds vers des projets à court terme ou à visée électorale. Pourtant, il existe des exemples clairs de ce qu’il est possible d’accomplir lorsque les Fsu sont bien gérés. Au Nigeria, le Fonds de Fourniture de Services Universels a soutenu le Centre des Technologies Emergentes pour stimuler l’innovation numérique. Au Zimbabwe, le Fsu a permis d’équiper 60 écoles rurales en laboratoires Tic, au bénéfice des élèves et des communautés environnantes. Au Ghana, le réseau partagé soutenu par le Fsu a déjà connecté 3,4 millions de personnes sur plus de 1000 sites. Ces projets démontrent le pouvoir transformateur d’un Fsu bien gouverné.

Fondamentalement, le mécanisme des Fsu vise à compléter les politiques fondées sur le marché pour combler le déficit d’accès, en incitant les fournisseurs de services à déployer des infrastructures et services dans les zones reculées et mal desservies. Les données du rapport de la Gsma « Réformes politiques des Fsu en Afrique pour améliorer leur efficacité » montrent que de nombreux Fsu sous-performent et ne remplissent plus leur rôle. Face à l’urgence de combler les déficits de couverture et d’usage, il est devenu impératif de réformer en profondeur les aspects structurels et opérationnels des Fsu africains, ou bien d’envisager leur abandon. La volonté politique des gouvernements et des décideurs est une étape essentielle vers la réforme des Fsu. Elle est primordiale pour améliorer le cadre juridique des Fsu, si nécessaire, et garantir le respect des principes fondamentaux d’un Fsu efficace : responsabilité, clarté, neutralité de service, transparence, durabilité et visibilité.

Au-delà de cela, des mesures spécifiques doivent être prises pour lever les freins à leur performance et explorer de nouvelles approches pour optimiser l’usage des Fsu.

Dans cette optique, les Fsu doivent être soutenus par des structures de gouvernance indépendantes, afin d’assurer une prise de décision équitable et transparente. Une approche fondée sur les données, comme les cartes de couverture utilisées en Ouganda, permet de cibler les investissements vers les zones les plus délaissées. Une concertation active avec les parties prenantes, comme le conseil multi-opérateurs au Ghana, renforce la confiance et l’alignement du secteur. Le soutien aux dépenses opérationnelles (Opex) est également essentiel à la durabilité des projets. Par ailleurs, des modèles innovants comme le mécanisme « pay or play » du Maroc -où les opérateurs peuvent choisir entre un paiement financier ou la mise en œuvre directe de projets- offrent flexibilité et créativité.

Au-delà des Fsu, des réformes politiques complémentaires sont aussi nécessaires pour améliorer l’accès au haut débit et encourager son adoption. La réduction des taxes spécifiques au secteur, comme au Bénin, ou l’exonération des frais de spectre en zones rurales, peuvent significativement réduire les coûts de déploiement. L’accélération des procédures d’autorisation pour les pylônes et les fibres optiques peut aussi jouer un rôle déterminant.

En résumé, les Fsu devraient servir de catalyseurs à long terme pour l’investissement dans les infrastructures numériques. Cependant, ce potentiel reste largement inexploité. L’Afrique a urgemment besoin de passer d’une logique d’accumulation passive de fonds à une stratégie de déploiement stratégique et transparent. En revitalisant les Fsu et en alignant les cadres politiques plus larges, nous pouvons libérer tous les bénéfices socio-économiques que la connectivité universelle peut offrir à tous les Africains.

Caroline MBUGUA
Hsc
Senior Director, Public Policy and Communications

(Source : Le Quotidien, 2 juin 2025)

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2071/2248 Régulation des télécoms
  • 175/2248 Télécentres/Cybercentres
  • 1556/2248 Economie numérique
  • 800/2248 Politique nationale
  • 2248/2248 Fintech
  • 253/2248 Noms de domaine
  • 823/2248 Produits et services
  • 768/2248 Faits divers/Contentieux
  • 371/2248 Nouveau site web
  • 2190/2248 Infrastructures
  • 805/2248 TIC pour l’éducation
  • 91/2248 Recherche
  • 121/2248 Projet
  • 1434/2248 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 866/2248 Sonatel/Orange
  • 783/2248 Licences de télécommunications
  • 132/2248 Sudatel/Expresso
  • 466/2248 Régulation des médias
  • 602/2248 Applications
  • 507/2248 Mouvements sociaux
  • 768/2248 Données personnelles
  • 60/2248 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2248 Mouvement consumériste
  • 180/2248 Médias
  • 321/2248 Appels internationaux entrants
  • 710/2248 Formation
  • 48/2248 Logiciel libre
  • 866/2248 Politiques africaines
  • 435/2248 Fiscalité
  • 83/2248 Art et culture
  • 290/2248 Genre
  • 810/2248 Point de vue
  • 499/2248 Commerce électronique
  • 706/2248 Manifestation
  • 158/2248 Presse en ligne
  • 62/2248 Piratage
  • 102/2248 Téléservices
  • 426/2248 Biométrie/Identité numérique
  • 152/2248 Environnement/Santé
  • 160/2248 Législation/Réglementation
  • 168/2248 Gouvernance
  • 838/2248 Portrait/Entretien
  • 72/2248 Radio
  • 343/2248 TIC pour la santé
  • 133/2248 Propriété intellectuelle
  • 29/2248 Langues/Localisation
  • 506/2248 Médias/Réseaux sociaux
  • 931/2248 Téléphonie
  • 95/2248 Désengagement de l’Etat
  • 489/2248 Internet
  • 57/2248 Collectivités locales
  • 189/2248 Dédouanement électronique
  • 512/2248 Usages et comportements
  • 512/2248 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2248 Audiovisuel
  • 1382/2248 Transformation digitale
  • 191/2248 Affaire Global Voice
  • 76/2248 Géomatique/Géolocalisation
  • 150/2248 Service universel
  • 330/2248 Sentel/Tigo
  • 87/2248 Vie politique
  • 744/2248 Distinction/Nomination
  • 17/2248 Handicapés
  • 338/2248 Enseignement à distance
  • 323/2248 Contenus numériques
  • 292/2248 Gestion de l’ARTP
  • 89/2248 Radios communautaires
  • 833/2248 Qualité de service
  • 212/2248 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2248 SMSI
  • 224/2248 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1323/2248 Innovation/Entreprenariat
  • 656/2248 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2248 Internet des objets
  • 85/2248 Free Sénégal
  • 193/2248 Intelligence artificielle
  • 99/2248 Editorial
  • 11/2248 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous