Les grandes villes africaines sont entrées dans les années 90, dans l’air de la communication numérique et plus particulièrement dans celle de la téléphonie mobile qui connaît depuis une croissance continue sur l’ensemble du continent.
Selon une récente étude de Wireless Intelligence, le nombre d’abonnés au téléphone portable en Afrique était de 547,5 millions à la fin 2010, soit une progression de plus de 20% par rapport à l’année précédente contre 1% pour l’Europe de l’ouest par exemple. La croissance annuelle dans ce domaine s’accélère ainsi plus que sur aucun autre continent. Elle est d’environ 65% tous les ans, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. En 2007, un rapport de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) montrait que toutes les prévisions d’expansion de la téléphonie mobile en Afrique avaient été dépassées.
En effet, au début des années 2000, seul un Africain sur 50 pouvait se vanter d’avoir un téléphone cellulaire contre environ un tiers en 2007. Ces abonnés africains étaient alors majoritairement concentrés dans un seul pays, l’Afrique du Sud, qui enregistrait la moitié des contrats d’abonnement. Mais en 2007, la donne avait changé avec 85% des abonnements effectués dans d’autres pays africains. Par ailleurs, un précédent rapport de l’UIT avait déjà montré qu’entre 1998 et 2003, le nombre d’abonnés mobiles avait augmenté de plus de 1000% pour atteindre les 51,8 millions, dépassant ainsi largement celui des utilisateurs de lignes fixes qui était de 25,1 millions à la fin de 2003. La pénétration du téléphone mobile sur le continent africain était cette année-là de 6% contre 3% seulement pour la téléphonie fixe. Cette fulgurante expansion de la téléphonie mobile s’explique essentiellement par son accessibilité par rapport à la téléphonie fixe jugée entre autres trop coûteuse et donc réservée à une certaine élite.
La téléphonie mobile a donc largement remplacé la téléphonie fixe qui était inaccessible à la grande majorité des africains. Les lignes fixes étaient en effet souvent confinées aux grandes villes à cause du manque d’investissement de la part de l’État pour les disséminer sur tout le territoire. De plus, dans les villes, les lignes étaient souvent très rapidement saturées, ce qui a conduit à une stagnation de leur nombre. Ainsi, 97% des Tanzaniens interrogés dans le cadre d’un rapport sur « L’impact de la téléphonie mobile en Afrique » publié en 2005 par l’opérateur européen Vodafone, ont déclaré pouvoir accéder à un téléphone mobile facilement tandis que 28% seulement pouvaient avoir accès à une ligne de téléphonie fixe. Il semblerait donc qu’avec la téléphonie mobile, ni le revenu, ni le niveau d’éducation ou le non raccordement électrique ne constitue un obstacle à l’accès. D’où son succès. Nombreux sont en effet les Africains qui n’ont pas hésité à saisir ainsi l’opportunité de disposer de service de téléphonie fiable, sans interférence étatique et à un prix relativement modéré. Sans oublier que grâce aux cartes rechargeables, ils peuvent également disposer d’une ligne sans être obligé d’avoir un abonnement. Même dans un pays comme la Somalie, qui n’a pas d’autorité centrale depuis plus d’une décennie, la téléphonie mobile connaît un véritable succès. Il y a actuellement quatre réseaux de téléphonie mobile dans le pays et à un dollar et demi la minute, les appels internationaux sont les moins chers de la région.
Vitraulle Mboungou
(Source : Afrique Expansion, 4 avril 2011)