La stratégie d’Alcatel Lucent pour déployer les backbones africains
samedi 26 novembre 2011
Fréderic Sallet, vice-président d’Alcatel-Lucent en Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale (WCA) expose la stratégie mise en place par Alcatel-Lucent pour accompagner les gouvernements et les opérateurs dans le déploiement des backbones nationaux.
Quels sont les principaux chantiers priorités d’Alcatel-Lucent dans les régions Ouest Africaine et Centrale ?
Fréderic Sallet : Le principal enjeu du marché, sur lequel travaille Alcatel-Lucent, c’est de développer et d’accélérer en fait le développement de l’accès à internet, de l’accès aux larges bandes et cela à travers la réalisation de nombreux réseaux 3G dans la région. Mais on travaille également sur toute la capacité de transmission pour permettre ce développement et pour permettre d’abaisser aussi, de manière significative, les coûts d’interconnexion. Donc une première action sur laquelle Alcatel-Lucent a été extrêmement actif, c’est le déploiement des câbles sous marins puisque nous sommes présents sur quasiment l’ensemble des câbles qui sont déployés ou en cours de déploiement dans la région, en particulier le WAN qui est déjà opérationnel, ensuite le WACS, ACE pour n’en citer que ceux-là mais il y en a bien plus...
Justement le WACS c’est pour bientôt...
FS : Le WACS c’est pour très bientôt, oui. Cela va permettre d’apporter la capacité sur les plages. Ensuite, donc aujourd’hui, on travaille avec les différents opérateurs pour les différents gouvernements pour construire les backbones de transmission qui vont permettre d’apporter la capacité à travers les pays ainsi qu’aux pays enclavés. Et on travaille sur la transformation des réseaux existants pour apporter une couche IP qui permettra aux réseaux de croître de manière suffisamment rapide pour supporter le trafic data qui va exploser dans la région dans les années à venir.
Les projets de déploiement de câbles sous-marins ont mis du temps à se matérialiser. Aujourd’hui, on sent une dynamique autour de grands projets en Afrique. Comment analysez-vous ce phénomène ?
FS : Aujourd’hui, on dénombre certain nombre de projets. On sent que le marché est en train de s’accélérer puisque, justement, les câbles sous marins sont maintenant une réalité. Actuellement ces projets sont en train de se matérialiser. Alcatel-Lucent y travaille et on voit se dessiner la mise en place de consortiums. Ces câbles vont permettre le développement des télécommunications en Afrique.
Maintenant, cela représente aussi des investissements assez importants. Les principaux acteurs du marché, que ce soient les grands opérateurs régionaux ou les gouvernements, voient un intérêt à s’allier pour déployer ces câbles.
On va voir dans les dix prochains mois un certains nombre de ces projets aboutir et toute cette capacité arriver dans les pays enclavés. Et il est essentiel que ces équipements soient opérationnels le plus rapidement possible et Alcatel-Lucent fait tout pour permettre ce développement.
Comment Alcatel-Lucent est organisé en Afrique et quelles sont les activités du groupe dans cette région ?
FS : Alcatel-Lucent est active dans presque tous les pays de la région Afrique et Moyen Orient. L’Egypte héberge le siège social d’Alcatel-Lucent dans cette vaste région. Cette organisation est elle-même redistribuée en sous-régions via trois bureaux régionaux : le bureau d’Abu Dhabi qui traite le marché du Moyen Orient, le bureau de Johannesburg qui gère l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’Est et un bureau à Rabat qui gère l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale (WCA) dont je m’occupe.
L’Afrique est stratégique pour les affaires d’Alcatel-Lucent qui a développer une forte présence sur les marchés d’Afrique WCA, tels que la Côte d’Ivoire (Abidjan), le Ghana (accra), le Nigeria (Lagos), le Sénégal (Dakar) ou le Togo, mais aussi en en Afrique de l’Est (Éthiopie, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Rwanda et Burundi), en en Afrique australe : Afrique du Sud, Angola, Madagascar, Mozambique et Zambie. Bref, nous avons des bureaux dans quasiment tous les pays puisque nous réalisons des projets pratiquement partout en Afrique.
Alcatel promeut actuellement Light Radio Cube, une technologie présentée comme étant révolutionnaire. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette technologie ?
FS : Le Light Radio est effectivement une solution révolutionnaire pour les réseaux d’accès radio. Elle intègre plusieurs innovations majeures qui ont été développées par les Bel Labs, la branche « recherches avancées » d’Alcatel-Lucent.
En fait, la genèse de ce projet est liée à un constat : le trafic des données des réseaux radio est en train d’exploser dans tous les pays du monde pour de multiples raisons. On sait que, dans la prochaine décennie, le trafic devra être multiplié par 30 ou 40 et l’architecture des systèmes radio actuels ne permettra pas cette explosion du trafic de manière économique et viable. Avec les équipements actuels, il faudrait multiplier le nombre de stations de base, cela veut dire multiplier aussi la consommation électrique, le nombre de sites et de tours... Donc nous avons travaillé à définir une nouvelle solution pour répondre à ces aspects là et, selon nous, l’innovation majeure est la fourniture de ce qu’on appelle le Light Radio Cube, une invention Bel Labs qui contient les fonctions d’antenne et d’émetteur-récepteur radio dans un cube de l’ordre de 6 cm qui tient dans le creux de la main, comme vous le pouvez le voir. Ce cube réunit toutes les fonctionnalités de base qu’il y a aujourd’hui sur les sites radio à savoir une partie antenne et à l’intérieur des cartes électroniques qui correspondent à la partie émetteur-récepteur radio avec amplificateur, filtre et toutes les fonctions nécessaires.
L’intérêt de cette invention réside dans le fait que l’on arrive à construire des antennes actives de tailles complètement variables. Il s’agit de petites cellules, de petites antennes actives qui vont offrir de très hautes capacités dans des zones très denses. Concrètement, la combinaison de huit de ces cubes permet de couvrir une rue, un hôtel, ou un hot spot. Plus on en combine un grand nombre, plus on élargit la couverture.
En termes d’économie d’énergie ?
FS : Dans ce design on n’a plus de câble radio entre l’antenne et la partie radio. Grâce à ces innovations, on arrive à réduire et diviser par deux la consommation électrique des équipements radio. C’est quelque chose de très important notamment en Afrique de l’Ouest où la facture énergétique des réseaux radio est importante non seulement en termes d’OPEX, mais aussi en termes de maintenance. C’est un défi pour les opérateurs. Avec cette solution, on peut, à la fois répondre aux besoins de capacité qui vont être énormes dans le futur et en même temps simplifier les sites radio,. Cela présente l’avantage de parsemer les sites radio avec une combinaison intelligente de cellules macro et de petites cellules pour offrir la capacité là ou c’est nécessaire. Une bonne combinaison de ces technologies permet ainsi de réduire considérablement la consommation électrique, pratiquement de moitié. Ce sont là des gains considérables pour les opérateurs.
Interview réalisé par Mohamadou Diallo pour le magazine Réseau Télécom No 49.
(Source : Agence Ecofin, 26 novembre 2011)