« La Sonatel est en train d’être rackettée par France Telecom et l’Etat du Sénégal », Ndèye Founé Niang Diallo, SG du SNTPT, section télécom
mercredi 20 juillet 2016
« La Sonatel est en train d’être rackettée par France Telecom et l’Etat du Sénégal ». C’est du moins la conviction de la Secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs des postes et des télécommunications (Sntpt), section télécom, Ndèye Founé Niang Diallo. Ayant comme plan d’action la sensibilistion des Sénégalais, elle demande ainsi à la population de se mobiliser derrière les travailleurs pour barrer la route à ces deux gros actionnaires de la Sonatel.
La décision prise par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) d’infliger une amende de presque 14 milliards de francs Cfa à la Société nationale des télécommunications du Sénégal (Sonatel) est très mal digérée par le personnel de la compagnie de téléphonie. Après les sorties du Directeur de la communication et des relations extérieures et des cadres de la Sonatel, c’est au tour de la Secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunication (Sntpt), section télécom de réagir.
En effet, Ndèye Founé Niang Diallo, qui est dans tous ses états, accuse l’Etat du Sénégal et France Telecom de racketter la Sonatel. « Aujourd’hui, la Sonatel est mal manipulée par les deux gros actionnaires que sont France Telecom avec 42% des actions et l’Etat du Sénégal avec 27,33%. L’Etat du Sénégal est aujourd’hui en train de racketter Sonatel. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas comprendre que l’Etat du Sénégal qui détient 27,33% du capital de Sonatel n’est pas regardant sur ce qui se passe à la Sonatel », a pesté la Sg du Sntpt.
« Sonatel est une affaire de milliards. Et aujourd’hui, le pays est en quête de milliards »
D’après elle, « cette histoire de décret est commandité par l’Etat du Sénégal. Parce qu’au-delà de l’Artp, c’est l’Etat du Sénégal. Et le Directeur général de l’Artp seul ne peut prendre ces décisions. Ce sont des décisions qui sont validées en haut ».
« C’est vrai que Sonatel est une affaire de milliards. Et qu’aujourd’hui le pays est en quête de milliards. Mais ce n’est pas une raison. Aujourd’hui, la Sonatel est un fleuron de l’économie sénégalaise et on ne doit pas scier la branche sur laquelle on est assis. Et aujourd’hui, nous ne comprenons pas que l’Etat du Sénégal puisse prendre des décisions allant dans le sens du contenu de cette notification d’amende », a-t-elle déclaré.
Pour Ndèye Founé Niang Diallo, « ce decret suscite une réorganisation et ce qui m’étonne, c’est que le Dg de l’Artp qui était un ancien sonatelien, connaît l’organisation de la Sonatel. Et les dispositions du décret nécessitent un réaménagement fort. Parce que, quand on dit qu’il faut recruter des milliers de personnes, on ne peut pas le faire automatiquement. Sonatel a donné du temps à l’appliction de ce decret pour bien le faire. Et le Dg de l’Artp sait très bien comment Sonatel est organisée, comment Sonatel est méthodique et comment Sonatel est respectueuse est lois et réglements ».
« On ne peut pas comprendre qu’un Etat qui parle d’émergence ne maîtrise pas le secteur des télécom »
Et face à cet état de fait, elle dit « ne pas comprends pourquoi on nous inflige une amende aussi colossale de 14 milliards. Alors que lorsqu’on a notifié le decret à la Sonatel, la Sonatel a pris le soin d’appliquer le mois qui suit. On a appliqué les Sdi, le 14-41 est devenu gratuit. Aujourd’hui, il y a eu des problèmes d’interprétations. Sonatel a fait des courriers à l’Artp et les courriers sont restés sans réponses. Et ça c’est un mépris du Dg de l’Artp envers la Sonatel. Parce qu’on ne peut pas réguler un secteur et ne pas communiquer avec les acteurs, ce n’est pas possible. Et ça c’est un mépris et une gifle, un manque de respect ».
« Ce que nous dénonçons, c’est qu’une société aussi importante que la Sonatel, une société qui contribue à hauteur de 12,5% dans le Pib, soit raquêté par l’Etat du Sénégal au lieu d’avoir une politique sectorielle bien conçu. Je crois que l’Etat doit avoir une vision, une ambition pour Sonatel. L’Etat doit jouer son rôle. Mais on ne peut pas comprendre qu’un Etat qui veuille émerger, qui parle d’émergence et qui ne maîtrise pas le secteur des télécommunications, se met aujourd’hui à infliger des taxes par ici et par là. C’est méconnaître Sonatel », a martelé Mme Diallo.
« Ce qui les intéresse, c’est faire de la Sonatel une vache laitière »
De son avis, « ce qui les intéresse, c’est faire de la Sonatel une vache laitière alors que ce n’est pas ça. Aujourd’hui, l’Etat doit en collaboration avec la Sonatel et tous les acteurs du secteur réfléchir sur comment faire pour que le secteur des télécom qui est un secteur florissant puisse contribuer, et de façon exhaustive, à l’émergence de ce pays. Mais aujourd’hui, c’est comme si l’Etat du Sénégal ne s’intéresse pas à la Sonatel. Et j’en veux pour preuve ce qui se passe aujourd’hui à l’intérieur de la Sonatel avec France Telecom qui est en train de mener et de dérouler tranquillement sa politique de mainmise sur la Sonatel sans que l’Etat ne pipe un mot ».
Face à cette situation, les travailleurs de la Sonatel ont un seul plan d’action : la sensibilisation des populations. « Ce n’est pas une situation qui ne profite pas seulement aux travailleurs de la Sonatel. Nous travailleurs n’avons pas de problème particulier, mais nous sommes des consommateurs, des patriotes et le problème de la Sonatel n’est pas un problème des travailleurs de la Sonatel. C’est un problème du peuple sénégalais », a précisé Sg du Sntpt section télécom.
« Notre plan d’action aujourd’hui : sensibiliser la population sénégalaise »
Et elle fait savoir : « Notre plan d’action aujourd’hui, c’est de sensibiliser toute la population sénégalaise pour que cette affaire de la Sonatel qui est en train aujourd’hui d’être raquêtée par France Telecom qui rapatrie les fonds, le maximum de fonds en France, et l’Etat du Sénégal qui est en train de raquêter la Sonatel pour qu’elle se soulève avec les travailleurs qui ont l’information pour leur barrer la route ».
Soutenant que « nous n’avons pas de combat d’ordre financier », Ndèye Founé Niang Diallo de dire : « Aujourd’hui, l’Etat a une politique et la Sonatel doit être au cœur de cette politique. Parce qu’elle emploie plus de 1800 personnes. Et si on la fragilise à travers un Dg de l’Artp, qui aujourd’hui est animé de je ne sais quoi parce que je ne peux pas comprendre, on menace l’existence de la société ».
« Egalement, mon problème, c’est de voir qui sont ces gros bonnets qui sont derrière les centres d’appels. Parce qu’aujourd’hui, par rapport à ce décret, il s’agit de renforcer les centres d’appels. Et la question que je me pose, c’est pourquoi et qui sont derrières ces centres d’appels. C’est une étude que nous devons faire pour découvrir qui sont derrières et les opérateurs ont le devoir de se renforcer », a conclut Mme Diallo.
(Source : Le Populaire, 20 juillet 2016)