La radio, principal instrument de démocratisation de la communication politique, selon un chercheur
jeudi 26 juillet 2007
La radio constitue « le principal instrument de démocratisation de la communication politique au Sénégal », affirme Ibrahima Sarr, évoquant une « forte médiatisation de la vie politique » du pays.
« Nous pouvons soutenir sans courir le risque d’un désaveu » que ce médium « est le principal instrument de démocratisation de la communication politique au Sénégal », soutient-il dans un ouvrage récemment publié aux éditions L’Harmattan.
Tiré d’une thèse de doctorat nouveau régime soutenue en mars 2004 à l’université Paris II Panthéon-Assas, ce livre est intitulé : « La démocratie en débats : L’élection présidentielle de l’an 2000 dans la presse quotidienne sénégalaise ».
« Si le traitement de la politique par les journaux et la télévision n’a intéressé , la plupart du temps, qu’une élite urbaine, la radio quant à elle a favorisé l’inclusion de larges groupes qui, jusqu’ici, ont souffert d’un »provincialisme linguistique« », a-t-il expliqué.
Selon lui, « la miniaturisation des équipements avec le transistor, l’autonomie et la baisse des coûts des récepteurs, le maillage du territoire par les stations de radio, le décloisonnement linguistique par le recours à la langue wolof expliquent le succès de la radio au Sénégal ».
« En outre, les populations analphabètes, jusque-là tenues à l’écart des débats politiques, ont maintenant l’opportunité, par le biais d’émissions interactives, de donner leurs points de vue sur les grandes questions nationales », écrit Ibrahima Sarr.
Pour lui, cette ouverture vers le public analphabète ne doit cependant pas « faire perdre de vue l’existence d’émissions politique en langue française. La forte médiatisation de la vie politique explique le recours aux professionnels ».
Sur un autre plan, l’auteur souligne que le développement des canaux d’information « a beaucoup contribué à l’élargissement de l’audience de la communication politique avec la forte médiatisation de la vie politique ».
« Les journaux sénégalais apparaissent très politisés puisqu’ils consacrent la plupart du temps leurs +unes+ aux acteurs politiques’’, a-t-il estimé, soulignant que c’est ‘’en de rares occasions que la politique cède la vitrine de ces journaux à l’économie, au sport, ou aux faits de société ».
« Malgré des tirages limités et malgré un lectorat évanescent, cette presse, dans le cadre de la circulation de l’information, va donner lieu à une diffusion plus large que celle entendue en terme de distribution », fait-il remarquer.
« Depuis 1994, avec la naissance de Sud FM (la première radio privée du Sénégal), les différentes stations de la bande FM se distinguent par des revues de presse en wolof pour capter une partie du public », argumente Ibrahima Sarr.
Citant le journaliste Mame Less Camara, il poursuit : « les radios interagissent avec la presse écrite pour la rendre accessible à des secteurs jusque-là non concernés pour les questions de langue ».
« On ne peut donc plus se contenter de limiter l’impact de la presse écrite en l’expliquant par des réalités que sont l’analphabétisme et la faiblesse du pouvoir d’achat. Il faut intégrer désormais le travail de traduction et de large diffusion que font maintenant les radios », précise le journaliste.
Ibrahima Sarr a été journaliste au quotidien Le Soleil (public) et à Sud Quotidien (privé). Il enseigne au CESTI depuis la soutenance en 2004 de sa thèse de doctorat, intitulé : « La démocratie en débats. L’élection présidentielle de l’an 2000 dans la presse quotidienne sénégalaise. Sémiologie d’une communication du politique. Perspectives pour une éducation aux médias ».
(Source : APS, 26 juillet 2007)