OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2005 > Février > La privatisation des télécommunications

La privatisation des télécommunications

vendredi 11 février 2005

Privatisation/Libéralisation

La mondialisation libérale telle que nous la côtoyons tous les jours a été construite par des décisions politiques. Cependant, sa propagation a été rendue possible par l’avènement d’un outil : les télécommunications. Cet outil construit jour après jour un monde dans lequel l’information ne connaît plus de frontières : « La société de l’information (SI) ».

Cette SI devrait ainsi permettre à quiconque, quelque soit son emplacement géographique, d’accéder aux ressources culturelles et informatives du monde entier, et de permettre à quiconque, quelque soit son emplacement géographique, d’accéder aux ressources culturelles et informatives du monde entier, et de permettre aux populations les plus enclavées d’accéder au savoir. De même, cet outil pourrait avoir le pouvoir -dans une certaine mesure-, de faciliter le développement des pays du Sud. Cependant, la mondialisation libérale s’approprie cette technologie au dépend des peuples, en la modelant à son image.

Ainsi, les télécommunications, biens communs de l’humanité (car mises en oeuvre par le secteur publique), sont actuellement fortement convoités par les investisseurs privés qui voient dans ce secteur une poule aux oeufs d’or incontournable. Les uns après les autres, les opérateurs publics sont privatisés, engendrant la recherche du profit maximal alors que la télédensité¹ n’est encore que de l’ordre d’un petit 1%. Mais pourquoi ces opérateurs publiques sont-ils privatisés ? Quels sont les conséquences dans les pays en voie de développement (PeD) ? Et dans les pays du Nord ? Le secteur des télécommunications dans des PeD comme ceux d’Afrique demande une analyse particulière. En effet, les difficultés économiques que connaissent ces pays se répercutent de manière non-négligeable sur l’ensemble des services publiques essentiels comme l’école, l’eau potable, la santé, mais aussi sur les télécoms. Les réseaux téléphoniques sont généralement très peu développés, et pas forcément en très bon état. Cependant, dans bien des pays (Sénégal, Ghana, Ghinée, ...) ce service publique était un des seuls à rapporter de l’argent à l’État. Si je dit « était », c’est parce que ces pays ont subi une privatisation partielle ou totale de leur opérateur historique. t en abuse pour forcer la libéralisation de nombreux services publics. Quitte à rompre à la règle, je commencerai par un contre exemple : le Sénégal. La privatisation de l’opérateur national (SONATEL, racheté par France Télécom) a permis une augmentation de la couverture de la population en mobile et fixe (5,3% de la population a un abonnement au téléphone). Cependant, la SONATEL était déjà le meilleur opérateur africain avant la privatisation. Finalement, la privatisation a eu pour conséquence de supprimer une grande part des revenus de l’État, au profit de FT qui cherchait à rembourser ses dettes. L’exemple du Sénégal est cependant un cas exceptionnel en afrique. En Afrique du Sud, suite à la privatisation, 500 000 lignes ont été déconnectés. Les exemples sont tous différents, et tous aussi aberrants [1].

Dans le cas d’un pays du nord comme la France, où le réseau a pu se développer grâce à une logique de service publique et à un protectionnisme du marché, le problème se pose légèrement différemment. En effet, France Télécom (FT), opérateur historique, possède un réseau téléphonique de qualité couvrant la totalité du territoire. L’accès minimal au réseau téléphonique est donc assuré pour tous, quelque soit l’emplacement géographique. Certes, le GSM et le Haut-débit ne sont pas encore aussi bien développés, mais cela peut s’expliquer en partie par le passé récent de FT. D’ailleurs, intéressons nous une minute à ce passé. Jusqu’en 1996, FT était propriété exclusive de l’État. L’opérateur jouissait alors d’un monopole sur le réseau et sur les services téléphoniques, sur tout territoire français. La mission de service publique des télécommunications était une de ses propriétés intrinsèque. Son implantation à l’étranger était essentiellement limité à quelques anciennes colonies. En 1996,le capital de France Télécom est ouvert aux investisseurs privés. L’entrée en bourse de FT (orchestrée par le gouvernement Juppé, puis repris par Jospin) a pour but de « supprimer les contraintes » qui l’empêcherait d’approfondir son alliance au niveau mondial avec Deutsche Telekom et avec Sprint. Cependant, l’État reste actionnaire majoritaire, cela pour éviter -en théorie- une prise de contrôle par les intérêts privés, et donc une rupture de la mission de service publique. A l’ouverture du capital suit l’ouverture du marché des télécommunications le 1er janvier 1998 (sauf téléphonie locale, arrivée tout récemment). Comme pour de nombreux autres services, une directive européenne (fortement inspirée par l’AGCS de l’OMC) incite les états membres à ouvrir à la concurrence leur « marché » des télécommunications. La répercussion directe de cette mise en concurrence des télécoms sur le territoire français à été, pour FT, la perte d’une part de ses revenus. La moitié du capital étant devenu privé, la recherche de rentabilité et de profit a obligé FT à chercher à compenser ces pertes par un développement démesuré à l’étranger. Cette expansion a placé l’ex entreprise nationale dans une logique de prédation et de concurrence féroce sur le marché international. Ses diverses acquisitions (Orange, licences UMTS, ...), souvent réalisées à des prix exorbitants, ont enfoncé FT dans une dette de 70 milliards d’euros en 2002. Sans compter la détérioration de la situation pour les salariés (précarisation, pression accrue, suppressions de postes etc...), la nouvelle situation de FT a eu une répercussion sur les usagers non négligeable. Par exemple, l’argent dépensé pour le remboursement de la dette et pour les dividendes des actionnaires (3 Milliards d’euro depuis l’entrée en bourse) aurait pu permettre d’étendre la couverture en GSM et Internet Haut-Débit à tout le territoire français afin d’assurer au mieux l’égalité d’accès au service public des télécommunications. Que ça soit au Nord comme au Sud, la privatisation des télécoms n’est pas une avancée pour son développement. La libéralisation des marchés, sous son aspect séduisant pour le consommateur, n’a d’intérêt que pour une partie d’entre eux : les plus gros, aptes à bénéficier de tarifs sur-mesures. Livrer le secteur des télécommunications aux lois du marché nous condamne à ne plus pouvoir imaginer son rôle hors de la logique marchande, supprimant ainsi toute perspective de son rôle social croissant pour lequel tout est à imaginer.

Pierre Dinh-van

(Source : ATTAC Campus, 11 février 2005)


[1] Pour plus d’informations : http://csdptt.org

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 6491/7323 Régulation des télécoms
  • 542/7323 Télécentres/Cybercentres
  • 5016/7323 Economie numérique
  • 2624/7323 Politique nationale
  • 7323/7323 Fintech
  • 794/7323 Noms de domaine
  • 2607/7323 Produits et services
  • 2229/7323 Faits divers/Contentieux
  • 1183/7323 Nouveau site web
  • 7271/7323 Infrastructures
  • 2604/7323 TIC pour l’éducation
  • 288/7323 Recherche
  • 395/7323 Projet
  • 5125/7323 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 2690/7323 Sonatel/Orange
  • 2486/7323 Licences de télécommunications
  • 431/7323 Sudatel/Expresso
  • 1582/7323 Régulation des médias
  • 2091/7323 Applications
  • 1591/7323 Mouvements sociaux
  • 2398/7323 Données personnelles
  • 200/7323 Big Data/Données ouvertes
  • 912/7323 Mouvement consumériste
  • 552/7323 Médias
  • 1013/7323 Appels internationaux entrants
  • 2460/7323 Formation
  • 143/7323 Logiciel libre
  • 3132/7323 Politiques africaines
  • 1742/7323 Fiscalité
  • 262/7323 Art et culture
  • 969/7323 Genre
  • 2495/7323 Point de vue
  • 1596/7323 Commerce électronique
  • 2377/7323 Manifestation
  • 492/7323 Presse en ligne
  • 196/7323 Piratage
  • 316/7323 Téléservices
  • 1451/7323 Biométrie/Identité numérique
  • 465/7323 Environnement/Santé
  • 509/7323 Législation/Réglementation
  • 535/7323 Gouvernance
  • 2883/7323 Portrait/Entretien
  • 227/7323 Radio
  • 1101/7323 TIC pour la santé
  • 434/7323 Propriété intellectuelle
  • 87/7323 Langues/Localisation
  • 1567/7323 Médias/Réseaux sociaux
  • 2898/7323 Téléphonie
  • 297/7323 Désengagement de l’Etat
  • 1732/7323 Internet
  • 175/7323 Collectivités locales
  • 683/7323 Dédouanement électronique
  • 1708/7323 Usages et comportements
  • 1571/7323 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 859/7323 Audiovisuel
  • 4666/7323 Transformation digitale
  • 599/7323 Affaire Global Voice
  • 235/7323 Géomatique/Géolocalisation
  • 488/7323 Service universel
  • 1031/7323 Sentel/Tigo
  • 274/7323 Vie politique
  • 2602/7323 Distinction/Nomination
  • 52/7323 Handicapés
  • 1064/7323 Enseignement à distance
  • 1036/7323 Contenus numériques
  • 897/7323 Gestion de l’ARTP
  • 280/7323 Radios communautaires
  • 2623/7323 Qualité de service
  • 650/7323 Privatisation/Libéralisation
  • 203/7323 SMSI
  • 796/7323 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 4300/7323 Innovation/Entreprenariat
  • 2035/7323 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 71/7323 Internet des objets
  • 275/7323 Free Sénégal
  • 927/7323 Intelligence artificielle
  • 301/7323 Editorial
  • 33/7323 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous