La loi instituant la carte nationale d’identité numérisée votée majoritairement par les députés
mercredi 31 août 2005
La loi instituant la carte nationale d’identité numérisée a été votée par la majorité des députés de l’Assemblée nationale réunis mercredi en séance plénière, a constaté un reporter de l’APS.
Les députés, dont trois seulement se sont abstenus, ont pour l’essentiel salué le caractère « révolutionnaire » de cette initiative, « source de fierté nationale », pour certains.
Les parlementaires ont, toutefois, émis des réserves et des appréhensions, sur les questions relatives, entre autres, à l’établissement de la nouvelle carte d’identité en milieu rural, au problème d’état civil et au manque de communication.
L’inscription des Sénégalais de l’extérieur, la gratuité de l’obtention de la carte d’identité nationale, ainsi que les sanctions prévues pour les récalcitrants figurent aussi parmi leurs préoccupations.
Pour le ministre de l’Intérieur, maître Ousmane Ngom, l’opération qui coûte 13,8 milliards est « un saut dans la modernité ». Elle est l’une des « trois révolutions », les deux autres étant, selon lui, la refonte totale du fichier électoral et la carte d’électeur numérisée.
A ces trois « révolutions » s’ajoute l’institution de la Commission électorale autonome (CENA) qui vient « compléter l’arsenal démocratique » du pays, a dit Ousmane Ngom estimant que la nouvelle carte d’indentité permettra de « fiabiliser au moins à 80 pour cent » l’état civil.
Selon lui, il s’agit d’un investissement dans la durée, qui peut être « vite rentabilisé », puisqu’il permettra de fabriquer les passeports, les cartes de pensions et d’autres documents pour lesquels, il fallait aller à l’étranger.
Il a révélé qu’un projet de modernisation de l’état civil est en cours au ministère des Collectivités locales, lequel est appuyé dans cette opération les ministères de la Justice et le ministère de l’Intérieur.
Durant les débats ayant précédé le vote, le député Abdoulaye Bâ a soulevé l’absence d’électricité dans certaines communautés rurales, de même que le comportement de certains agents de l’administration qui, en tant que maîtres d’œuvre de ces opérations, font plutôt de la politique.
Mamadou Diop a, de son côté, proposé une augmentation de l’amende de 6000 francs infligée à toute personne qui refuse de se faire établir une carte d’identité, estimant qu’une telle sanction est encore modique.
Qualifiant de « projet politique révolutionnaire », l’opération de numérisation des pièces d’identité, Abdoulaye Babou a estimé que « la carte d’identité n’a pas de couleur politique » et que le ministère de l’intérieur n’ait « pas beaucoup communiqué » à ce sujet.
« L’information n’est pas passée », a-t-il poursuivi, non sans déplorer« la non implication d’un large éventail d’acteurs, dans une affaire qui intéresse toute la nation ».
La mobilisation est essentielle, a estimé M. Babou, selon qui, malgré la capacité de production des machines (80.000 cartes par jour, selon M. Ngom), « l’opération sera un échec », si les citoyens ne se présentent pas pour obtenir leur carte, faute d’information.
Il a également posé le problème de l’état civil dont dépend, selon lui, la réussite de l’établissement des cartes nationales d’identité numérisées.
Sur la même lancée, le député Moussa Sakho a abordé la question relative à l’allègement de la procédure à suivre pour l’obtention d’un document d’état civil.
Le député Thiédel Diallo a, pour sa part, qualifié de « gâchis » l’opération, estimant que l’argent qui y est consacré pouvait servir à l’assistance des sinistrés des inondations qui ont frappé la capitale.
(Source : APS, 31 août 2005)