Le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, a été dimanche dernier l’invité de La Grande interview, une nouvelle production mensuelle de « la chaîne du continent », Africable. Mais en acceptant d’accorder une interview à une chaîne de télévision privée, le président de la République a dû amener certains observateurs à s’interroger sur sa démarche. Nombre d’entre eux se sont jusque-là rendus compte que Me Wade ne s’est jamais montré enthousiaste quant à l’ouverture de la télévision au secteur privé. Même si, nous ne nous attendions guère à ce que le chef de l’Etat sénégalais, qui est un panafricaniste dans l’âme, décline l’« offre » que lui a été faite « la chaîne du continent », Africable, d’exprimer à nouveau ses idées sur la marche du continent. .
Seulement, il ne faudrait pas perdre de vue qu’Africable, qui entend à travers cette nouvelle production, La Grande interview, servir de tribune et donner la parole aux chefs d’Etat et autres directeurs de sociétés sous régionales voire régionales, s’est faite une place dans le paysage médiatique africain grâce aux initiatives privées. Et si le président malien, Amadou Toumani Touré, avait émis les mêmes doutes quant à la libéralisation du secteur privé pour l’émergence de nouvelles chaînes de télévision, Africable ne serait pas là pour proposer de grands plateaux. Avec, justement, comme invité un Wade hostile à toute idée de télévision privée. Aujourd’hui, il semble évident que le Sénégal ne peut plus uniquement se limiter à accompagner le développement des radios privées, tout en se réclamant du cercle restreint des « grandes démocraties de l’Afrique ». En donnant son accord pour l’ouverture de télévisions privées, dont appellent de tous leurs vœux les professionnels de l’information et autres promoteurs des médias, le président Wade va poser un acte majeur dans la construction d’un Sénégal plus ouvert sur le monde. Un Sénégal où le concept de la « liberté d’expression » trouver réellement son sens.
Mbagnick NGOM
(Source : Wal Fadjri, 28 juin 2005)