La Guinée mise sur le partenariat public-privé pour son infrastructure télécoms
lundi 11 novembre 2024
La transformation numérique est l’un des piliers du développement socioéconomique de la Guinée, selon les plans des autorités. Pour bénéficier des avantages des TIC et du numérique, le gouvernement doit d’abord assurer les investissements dans l’infrastructure.
Le gouvernement guinéen a placé les partenariats public-privé au cœur de sa stratégie de développement du secteur des télécommunications, en particulier de l’infrastructure numérique nationale. C’est ce qu’a déclaré Djakaridja Dioubaté, directeur national des télécommunications, dans une interview publiée dans le Bulletin du numérique d’octobre du ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique.
« Les partenariats public-privé (PPP) jouent un rôle central dans le développement du secteur des télécommunications, qui nécessite de gros investissements. Ces collaborations permettent de combiner les ressources et les expertises des secteurs public et privé pour relever les défis technologiques et améliorer les services de manière efficace et durable », a déclaré M. Dioubaté.
M. Dioubaté a révélé que la direction nationale des télécommunications (DNT) recherchait des partenaires capables d’apporter des solutions technologiques, financières et opérationnelles. Le gouvernement a principalement besoin de ce soutien pour le déploiement d’infrastructures de réseau, les solutions innovantes pour la connectivité rurale et les projets de fibre optique. Il a également cité le développement de services numériques à travers les centres d’émission.
Au cours des derniers mois, le gouvernement a engagé des discussions ou signé des accords de partenariat avec des partenaires locaux ou internationaux. Il s’agit notamment de sociétés technologiques, dont les chinoises Huawei, Alibaba, Tencent et de la française HMN Tech. L’exécutif s’est également rapproché de l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Amélioration de la couverture réseau et de la qualité des services
Le gouvernement guinéen favorise le partage des infrastructures réseau, notamment dans les zones peu peuplées et enclavées, afin de réduire les coûts. Il explore également des technologies innovantes, telles que la connectivité par satellite et les réseaux sans fil longue portée (LPWAN), pour améliorer la couverture des zones rurales. L’extension du réseau national de fibre optique est une priorité, avec des discussions en cours avec des pays voisins comme le Mali, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone pour renforcer l’intégration régionale.
Les projets prévus devraient contribuer à corriger les lacunes de la couverture du réseau télécoms en Guinée. Selon les données de la plateforme ICT DataHub de l’UIT, les technologies 2G, 3 G et 4 G couvraient respectivement 88 %, 40 % et 29 % de la population guinéenne en 2021. Dans son « Mobile Connectivity Index 2023 », l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) a donné un score de 78,1 % pour la couverture réseau en Guinée.
Les données de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) montrent qu’au 2e trimestre 2024, 3528 quartiers et districts de la Guinée étaient couverts par les services télécoms. Les mêmes données montrent que 257 quartiers et districts n’étaient pas convenablement couverts par lesdits services, dont 59 ne disposaient de la moindre couverture. Le taux de couverture du réseau selon le régulateur était de 93,21 % au 30 juin.
Outre la couverture réseau, les projets devraient contribuer à améliorer la qualité de services dans un contexte où les consommateurs guinéens se plaignent fréquemment de la qualité des services fournis par les opérateurs. En septembre dernier, Rose Pola Pricemou, ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, a dû demander des mesures pour remédier à « la dégradation préoccupante du réseau et du débit Internet qui impacte la population guinéenne ».
« Grâce à ces partenariats, nous pouvons innover plus rapidement et adopter les meilleures technologies disponibles sur le marché. Le secteur privé, avec son expertise technologique, permet d’optimiser la qualité des services, que ce soit pour les communications vocales, la connectivité Internet ou les services numériques », a déclaré M. Dioubaté.
Accélération de la transformation numérique
Le renforcement de l’infrastructure numérique nationale de la Guinée devrait contribuer à accélérer la transformation numérique, dont le gouvernement a fait un des piliers du développement socioéconomique national. Les initiatives permettront de connecter davantage d’administrations publiques, d’entreprises et d’établissements éducatifs, selon M. Dioubaté. Il devrait également généraliser la connectivité pour les particuliers et les domiciles, qui consommeront les services publics dématérialisés, ainsi que les services numériques innovants proposés par les start-up privées.
D’après le rapport des Nations unies intitulé « E-Government Survey 2024 : Accelerating Digital Transformation for Sustainable Development », la Guinée a un score de 0,4006 sur 1 à l’indice de développement de l’administration en ligne (EGDI), se classant ainsi au 29e rang sur le continent. En 2022, ce score était de 0,2955.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 11 novembre 2024)