La Guinée équatoriale peine à régler la facture internationale d’Internet : BEAC et Banque de France mises en cause
lundi 29 août 2022
Dans leur Digital Report 2022, Kepios et We Are Social indiquent que la Guinée équatoriale compte 386 600 internautes. Soit un taux de pénétration de 26,2% pour une population de 1,47 million d’habitants.
Les autorités de Guinée équatoriale ont indiqué vendredi 26 août que le pays risquait de subir une interruption des services Internet, en raison du non-paiement effectif de son fournisseur, dont la facture n’a toujours pas été réglée. Selon la même source, des blocages et retards dans les transferts de fonds de la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) seraient à l’origine de cette situation.
« Si la Banque centrale de France n’autorise pas les virements GITGE [Gestionnaire des infrastructures de télécommunications de la Guinée équatoriale] via la BEAC pour le paiement de la fibre optique dans le pays, dans deux semaines la Guinée équatoriale sera sans Internet », a publié sur son compte twitter personnel, Teodoro Nguema Obiang Mangue, vice-président et fils de l’actuel dirigeant du pays.
La Guinée équatoriale est connectée à un seul système sous-marin de fibre optique international. Il s’agit d’Africa Coast to Europe qui longe la côte d’Afrique de l’Ouest et relie la France à l’Afrique du Sud avec plusieurs points d’atterrissement dans divers pays d’Afrique, notamment la Côte d’Ivoire, le Cameroun ou encore le Gabon.
Teodoro Nguema Obiang Mangue a demandé au Premier ministre, Francisco Pascual Obama Asue, la création d’une commission chargée d’apporter « une solution immédiate à ce problème ». Cette information survient alors que la BEAC poursuit avec la nouvelle réglementation de change, qui depuis avril 2019, impose aux opérateurs économiques des pays sous son autorité, de respecter des règles strictes en matière de réglementation de change.
Il n’est pas clair que le gestionnaire des infrastructures télécoms nationale de la Guinée équatoriale a manqué aux exigences de cette régulation. Même si dans l’ensemble les opérateurs continuent de déplorer des lenteurs, une telle situation de blocage sans issue apparente, n’a pas encore été soulevée dans l’un des pays. Il faut aussi rappeler que la situation actuelle permet au seul pays hispanique de la CEMAC, d’en remettre une couche sur le FCFA et le système de gestion et de coopération qui l’encadre. À Malabo, le besoin d’une nouvelle dynamique monétaire reste constant.
Pour le moment, ni l’opérateur de télécommunication concerné, ni la Banque centrale ne se sont prononcés sur cette question. Les conséquences d’une coupure d’Internet sont toujours néfastes, et cela peut l’être davantage pour des pays comme la Guinée équatoriale qui dépendent de l’extérieur pour une large part de sa consommation. Au-delà de l’impact négatif sur les sociétés de télécommunications, la coupure d’Internet nuira aussi à l’activité de secteurs stratégiques comme la banque.
Muriel Edjo
(Source : Agence Ecofin, 29 aout 2022)