La CEDEAO mise sur l’IA pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée
vendredi 24 octobre 2025
La porosité des frontières, la faiblesse des institutions judiciaires et le manque de coordination régionale favorisent la prolifération des trafics dans l’espace CEDEAO. D’après l’Indice mondial du crime organisé 2023, l’Afrique de l’Ouest enregistre le deuxième score le plus élevé du continent en matière de criminalité globale, avec une note de 5,44 sur 10.
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) renforce sa stratégie de lutte contre la criminalité transnationale en misant sur l’intelligence artificielle (IA). C’est ce qui ressort d’un atelier régional tenu à Dakar au Sénégal, sur la sécurité humaine, la criminalité et la délinquance, du 21 au 24 octobre 2025.
Cette rencontre visait à renforcer les capacités des experts des Mécanismes nationaux de coordination et de réponse (NCCRM) pour faire face aux menaces sécuritaires croissantes en Afrique de l’Ouest.
Selon le communiqué de la Communauté publié le mercredi 22 octobre 2025, l’IA sera intégrée aux systèmes d’alerte précoce pour améliorer l’analyse et la prévention du crime. L’atelier s’est donc articulé autour des thématiques portant notamment sur les liens entre la criminalité et le conflit, l’analyse géospatiale et la cartographie du crime organisé.
Bien que l’IA soit encore naissante en Afrique, elle offre des perspectives prometteuses pour la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Selon une étude de l’Enact, plusieurs pays africains l’utilisent déjà. L’Afrique du Sud en tête, se distingue par l’usage de systèmes d’IA dans la détection de cybercriminalité, de fraudes et au renforcement des enquêtes policières.
Le Ghana et le Sénégal, quant à eux, explorent également son usage dans la cartographie grâce au système « Africa Regional Data Cube » (ARDC) qui compile 17 années d’images satellite et de données d’observation de la Terre. Ce qui pourrait faciliter l’identification des zones à risque dans ces pays.
Dans son allocution d’ouverture, la vice-présidente de la Commission, Damtien L. Tchintchibidja, représentée par Zelma Nobre Fassinou, a mis en garde contre l’expansion rapide des économies illicites dans la région. Elle a souligné que « les acteurs criminels profitent d’un contexte en constante évolution, caractérisé par de nouveaux conflits, une instabilité politique persistante et des inégalités économiques croissantes ».
Le représentant du gouvernement sénégalais, M. Mamadou Moustapha Seck, a, pour sa part, insisté sur l’importance des mécanismes d’alerte et de réponse pour anticiper les crises, annonçant l’ouverture prochaine du Centre national d’alerte et de réponse du Sénégal.
La criminalité transnationale demeure un défi majeur pour la sécurité et le développement dans l’espace CEDEAO. La porosité des frontières, la faiblesse des institutions judiciaires et le manque de coordination régionale favorisent la prolifération des trafics.
Selon le rapport mondial sur les drogues 2021 de l’ONUDC, le nombre de consommateurs de drogues pourrait augmenter de 40 % en Afrique d’ici 2030. L’Afrique de l’Ouest reste une zone de transit pour la cocaïne, mais elle devient aussi un centre de production de méthamphétamines et d’autres substances synthétiques.
D’après l’Indice mondial du crime organisé 2023, l’Afrique de l’Ouest enregistre le deuxième score le plus élevé du continent en matière de criminalité globale, avec une note de 5,44 sur 10.
Pour contrer ces menaces, la CEDEAO a multiplié les initiatives, notamment le projet OCWAR-T, lancé en 2019 avec le soutien de l’Union européenne, et l’Initiative de la Côte ouest-africaine (WACI), mise en place en 2009. Ces programmes, mis en œuvre en partenariat avec des organisations telles que l’ONUDC, INTERPOL, la GIZ et le PNUD, visent à renforcer les capacités judiciaires et sécuritaires des États membres et à favoriser une coopération régionale accrue.
Charlène N’dimon
(Source : Agence Ecofin, 24 octobre 2025)
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