L’Afrique face au défi de l’IA : Comment concilier tradition et révolution numérique ?
mercredi 19 février 2025
L’intelligence artificielle façonne notre monde à une vitesse vertigineuse, mais comment l’Afrique peut-elle tirer profit de cette révolution technologique tout en préservant son identité ? Dans une analyse perspicace du document « Antiqua et Nova » publié par le Vatican, le Père Stéphane N’guessan Amoikon, prêtre de la congrégation du Saint Sacrement et expert en cybersécurité, propose une réflexion profonde sur les enjeux éthiques de l’IA dans le contexte africain. De l’éducation à la santé, en passant par l’économie et la préservation des valeurs culturelles, cet article éclaire le chemin vers un développement technologique qui respecte la dignité humaine et s’enracine dans les traditions du continent. Une lecture essentielle pour comprendre comment l’Afrique peut relever le défi de l’IA tout en restant fidèle à ses valeurs fondamentales.
Analyse du document Antiqua et Nova dans une perspective africaine
Le document Antiqua et Nova, publié le 28 janvier 2025 conjointement par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi et celui de la Culture et l’Éducation, aborde les défis anthropologiques et éthiques posés par l’intelligence artificielle (IA). Son titre, qui signifie « Ancien et Nouveau », symbolise l’équilibre entre la sagesse traditionnelle de l’Église et les nouveaux défis technologiques. Il vise à donner un cadre éthique et théologique sur l’IA et ses implications pour l’humanité.
Ce document examine l’impact de l’IA dans divers domaines tels que l’éducation, l’économie, le travail, la santé, les relations humaines et la guerre. Il met en évidence les opportunités offertes par l’IA, tout en soulignant les risques potentiels, notamment la déshumanisation, la manipulation de l’information et les menaces pour la vie privée. Par exemple, l’utilisation de systèmes d’armes autonomes sans intervention humaine directe est qualifiée de « grave préoccupation éthique » (Antiqua et Nova, §55).
Comme le souligne Antiqua et Nova, « l’intelligence artificielle façonne profondément notre manière d’interagir avec le monde, et son développement doit toujours être guidé par la recherche du bien commun » (§18).
Cependant, face à ces défis, une question essentielle se pose : quelle place doit occuper l’éthique chrétienne dans cette révolution technologique ? Plus encore, comment l’Afrique peut-elle tirer profit de l’IA tout en préservant ses valeurs fondamentales ? L’objectif de ce document est donc de proposer une réflexion chrétienne sur les implications morales et sociales des nouvelles technologies.
Dans une perspective africaine, ce document offre des orientations précieuses pour le développement et l’utilisation éthique de l’IA sur le continent. Comme le souligne Antiqua et Nova, « toute avancée technologique doit être évaluée non seulement selon ses performances techniques, mais aussi selon ses implications morales et son impact sur la dignité humaine » (Antiqua et Nova, §12).
À ce propos, Saint Pierre-Julien Eymard nous rappelle que « Tout progrès doit être éclairé par la lumière de la foi, sinon il risque de nous éloigner de notre véritable mission » (Saint Pierre-Julien Eymard, Œuvres Complètes, Vol. II). Cette sagesse nous invite donc à examiner l’IA non seulement comme un outil, mais comme un défi spirituel et moral à relever avec discernement. Dans le contexte africain, où les avancées technologiques cohabitent avec des réalités socio-économiques contrastées, l’IA représente à la fois une opportunité et un risque. Son développement doit être orienté vers un progrès qui respecte la dignité humaine et s’enracine dans les valeurs culturelles et spirituelles du continent.
Père Stéphane N’guessan Amoikon [1].
(Source : FIDES, 19 février 2025)
[1] Père Stéphane N’guessan Amoikon, sss est prêtre de la congrégation du Saint Sacrement. Titulaire d’un master en droit financier et fiscal ; et détenteur de plusieurs certifications en cybersécurité et en intelligence artificielle, il est vicaire à la paroisse Sainte Germaine de Marsassoum, diocèse de Kolda en Casamance, Sénégal. Il prépare actuellement un master en droit du cyberespace africain à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis