L’Afrique du Sud bloque l’entrée de Vodacom dans le capital d’une société de fibre
jeudi 31 octobre 2024
Proposée en novembre 2021, la transaction a été approuvée par le régulateur télécoms en octobre 2022, sous réserve de conditions de licence, notamment l’accès ouvert. Cependant, en août 2023, la Commission de la concurrence a recommandé son interdiction.
Le Tribunal de la concurrence d’Afrique du Sud a annoncé, le mardi 29 octobre, sa décision de bloquer l’acquisition d’une participation de 30 % dans le groupe d’infrastructure de fibre optique Maziv par Vodacom. Estimée à environ 14 milliards de rands (792 millions $), la transaction aurait permis à l’opérateur de téléphonie mobile d’accéder à un vaste réseau de fibre optique et de faciliter l’extension de sa couverture réseau.
Le Tribunal a déclaré que « les motifs de la décision […] seront publiés en temps voulu ». Cependant, la Commission de la concurrence avait déjà recommandé en août 2023 le blocage de la transaction, arguant qu’elle était susceptible d’empêcher ou de réduire la concurrence sur plusieurs marchés. Elle a également ajouté que les conditions proposées par les parties à la concentration ne permettaient pas de remédier entièrement à l’atteinte à la concurrence qui en résulterait.
En cas de succès, Vodacom et CIVH, maison mère de Maziv, se sont engagés à investir au moins 10 milliards de rands sur une période de cinq ans ; connecter au moins un million de nouveaux logements dans les zones à faibles revenus sur une période de cinq ans ; créer jusqu’à 10 000 nouveaux emplois ; créer un fonds de développement des entreprises et des fournisseurs de 300 millions de rands pour donner la priorité au développement des PME ; fournir gratuitement l’Internet à haut débit à plus de 600 écoles et commissariats de police voisins.
Dans un communiqué publié le 29 octobre, Vodacom a déclaré qu’il attendrait de connaître les raisons du Tribunal avant d’envisager toutes ses options, qui pourraient inclure un recours devant la Cour d’appel de la concurrence. « Je suis profondément surpris et déçu par la décision du Tribunal. L’Afrique du Sud a désespérément besoin d’investissements supplémentaires importants, en particulier dans l’infrastructure numérique des zones à faibles revenus », a déclaré Shameel Joosub, PDG du groupe Vodacom.
Des concurrents divisés sur la question
Dès 2022, l’Association des fournisseurs d’accès à Internet (ISPA) s’est montrée réticente face à la fusion du plus grand opérateur de téléphonie mobile et de « la plus grande entreprise du marché de la fibre optique jusqu’au domicile et de la fibre optique longue distance au niveau national ». L’organisation estimait que la transaction conduirait à une diminution de la concurrence sur le marché télécoms national. Elle craignait également que la fusion ne renforce la « culture d’accès fermé » de Vodacom, limitant ainsi l’accès ouvert aux infrastructures essentielles pour les concurrents.
Du côté des opérateurs télécoms, Rain et Telkom se sont opposés à la transaction. Cependant, MTN estime que l’investissement dans l’infrastructure du réseau de fibre optique en Afrique du Sud est positif et considère la consolidation du segment de la fibre optique comme inévitable et souhaitable. Charles Molapisi, PDG de MTN South Africa, a déclaré que la société ne s’oppose pas à la fusion ni ne soutient le blocage du projet de fusion Vodacom - Maziv.
« Lorsqu’il y a une consolidation du marché, un examen minutieux est nécessaire pour s’assurer qu’il n’y a pas de préjudice substantiel à la concurrence. Si des problèmes matériels de comportement anticoncurrentiel surviennent, ceux-ci devraient être suffisamment atténués par des conditions complètes, efficaces, contrôlables et exécutoires », a ajouté M. Molapisi.
Il faut rappeler que MTN avait engagé en 2022 des pourparlers pour racheter Telkom. Le succès de la transaction aurait permis à MTN de renforcer son infrastructure de fibre optique. Openserve, la division de Telkom dédiée à la vente en gros de la connectivité Internet à haut débit, disposait d’un réseau de fibre optique d’environ 170 000 km à travers l’Afrique et desservait environ 1,2 million de foyers fin juin 2024.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 31 octobre 2024)