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Grand angle : la révolution silencieuse de la formation pro en Afrique à l’ère de la tech

lundi 2 juin 2025

Formation

L’intelligence artificielle, l’automatisation et les plateformes de formation en ligne redéfinissent l’employabilité. À un tournant décisif, la formation professionnelle africaine, encore sous-dimensionnée et trop souvent déconnectée du terrain, amorce une transformation discrète mais profonde. Une révolution silencieuse portée par la technologie, de nouveaux modèles pédagogiques et une urgence partagée : former massivement aux compétences de demain.

Selon le rapport « Africa’s Pulse » publié par la Banque mondiale en octobre 2024, l’Afrique subsaharienne est confrontée à des défis profonds en matière de formation professionnelle. Dans cette région, on note une participation extrêmement faible des jeunes à la formation professionnelle. D’après les chiffres, moins de 1,5 % des 15-24 ans y sont inscrits, contre environ 10 % dans les pays à revenu élevé. Ce déficit d’accès à une formation qualifiante a des conséquences préoccupantes sur l’employabilité.

En effet, les employeurs expriment une insatisfaction croissante à l’égard des compétences des jeunes diplômés, mettant en évidence un écart persistant entre les programmes de formation et les réalités du monde du travail. Contrairement aux idées reçues, ce désalignement n’est pas seulement technique, il traduit une inadéquation plus structurelle entre systèmes éducatifs rigides et un marché de l’emploi en constante mutation. L’absence de coordination entre les établissements de formation et les entreprises, combinée à des programmes peu révisés, empêche l’actualisation des compétences enseignées.

Par ailleurs, les transformations économiques globales, comme l’automatisation et l’émergence de nouveaux métiers, exigent une refonte en profondeur des approches pédagogiques. L’enseignement et la formation professionnels (EFP) ne peuvent plus se contenter de préparer à des emplois fixes : elles doivent permettre aux apprenants de s’adapter à des parcours professionnels évolutifs. Pour cela, l’intégration de technologies innovantes et interactives dans les cursus est devenue essentielle.

La Banque mondiale appelle à des réformes urgentes et ambitieuses, visant à mieux aligner l’offre de formation avec les besoins réels des économies africaines. Seul un investissement stratégique dans le capital humain permettra à l’Afrique de tirer parti de son potentiel démographique et de bâtir une croissance inclusive.

Des technologies au service d’un apprentissage plus efficace

L’intelligence artificielle (IA) joue un rôle central dans la mutation de l’EFP. Elle permet une personnalisation poussée de l’apprentissage, en tenant compte du rythme, des forces et des faiblesses de chaque apprenant. Grâce à l’analyse des données issues des interactions entre l’élève et la plateforme, l’IA peut recommander des contenus spécifiques, proposer des exercices adaptés, ou identifier des lacunes à combler. Le Maroc met en œuvre cette approche depuis quelques années avec la méthode TARL.

À l’ère du numérique, la formation professionnelle devient plus dynamique. Un étudiant en électrotechnique qui éprouve par exemple des difficultés persistantes dans l’interprétation des schémas de circuits peut miser sur l’IA pour s’entraîner davantage avec des modules ciblés sur cet aspect. Cette individualisation de l’apprentissage favorise non seulement la rétention des connaissances, mais aussi l’autonomie de l’apprenant, en le rendant acteur de son propre parcours.

Par ailleurs, les systèmes de correction automatisée permettent un retour instantané sur les travaux réalisés, ce qui renforce l’engagement des étudiants. Les chatbots pédagogiques constituent également un appui précieux, notamment dans les environnements à faibles ressources humaines. Pour les formateurs, ces outils réduisent la charge administrative, libérant du temps pour l’accompagnement pédagogique et le développement de contenus innovants.

L’apprentissage immersif : entre simulation et réalisme

La réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR) s’imposent aujourd’hui comme des technologies clés dans la transmission des compétences techniques. Leur potentiel est particulièrement manifeste dans les secteurs à haut risque ou à forte technicité, comme la maintenance industrielle, la santé, le bâtiment ou encore la logistique.

Grâce à des simulateurs, les apprenants peuvent reproduire des gestes techniques en environnement contrôlé, sans danger, tout en bénéficiant de retours immédiats sur leurs performances. Des entreprises comme Labster ou Interplay Learning développent des laboratoires virtuels ou des environnements professionnels numériques pour entrainer les étudiants à des manipulations complexes. L’apprentissage devient alors plus interactif, plus stimulant et mieux ancré dans la réalité du terrain.

Ces technologies présentent un autre avantage considérable : elles permettent de réduire les coûts liés à l’équipement physique. Dans les régions où les ateliers sont rares ou difficilement accessibles, les simulateurs deviennent une alternative crédible pour garantir une formation de qualité. En Afrique, certains centres de formation ont recours à la réalité virtuelle pour enseigner la conduite de poids lourds ou l’installation de panneaux solaires, pallier l’absence d’équipement réel. L’année dernière, la Banque mondiale a annoncé un nouveau programme visant à accélérer l’inclusion numérique de plus de 180 millions de personnes en Afrique de l’Est et du Sud d’ici 2032.

Les offres de formation en ligne se multiplient

La formation professionnelle connaît également une transformation majeure grâce à l’essor des plateformes numériques. Des cours en ligne ouverts et massifs (MOOC) jusqu’aux environnements d’apprentissage adaptatifs, la digitalisation de la formation offre une flexibilité inédite. Elle permet à des publics diversifiés (jeunes déscolarisés, adultes en reconversion, personnes handicapées ou vivant en milieu rural) d’accéder à des formations certifiantes sans contrainte de lieu ou d’horaires.

Des plateformes comme Coursera, edX, Udemy, mais aussi des initiatives africaines comme « Eneza Education », mettent à disposition des contenus variés, souvent développés en partenariat avec des universités ou des entreprises de renom. Selon une revue de « Class Central », trois millions de personnes dans le monde ont suivi au moins un cours en ligne en 2022.

Ce modèle favorise également l’émergence de parcours de formation courts et modulables. Les micro-certifications ou « badges numériques », vérifiables sur la blockchain, permettent de valider des compétences spécifiques en gestion de projet, cybersécurité, utilisation d’un logiciel et autres, sans attendre la fin d’un cursus long. Cela facilite l’actualisation des compétences et la mobilité professionnelle, deux impératifs dans un monde du travail en constante mutation.

Les freins à une adoption universelle et inclusive

Mais cette transformation numérique n’est pas sans obstacles. L’un des défis majeurs est d’ordre infrastructurel. Une grande partie de la population mondiale, notamment en Afrique subsaharienne, reste exclue de l’économie numérique en raison de l’absence d’accès stable à l’électricité, à l’Internet haut débit ou aux équipements nécessaires (ordinateurs, tablettes, casques de VR). Selon les données d’un rapport de l’UIT intitulé « Facts and Figures 2023 » cité par Agence Ecofin, 37 % de la population africaine utilise Internet en 2023.

Pour garantir une transition équitable, il est donc indispensable que les États, avec le soutien des partenaires internationaux, investissent massivement dans les infrastructures numériques. Cela inclut également des efforts en matière de maintenance, de cybersécurité et de réduction des coûts d’accès pour les publics les plus vulnérables.

Un autre enjeu crucial est celui de la formation des formateurs. L’introduction de technologies dans les programmes ne peut porter ses fruits que si les enseignants sont à l’aise avec ces outils et savent en exploiter le potentiel pédagogique. Il s’agit de leur fournir non seulement une maîtrise technique, mais aussi des compétences en ingénierie pédagogique numérique, notamment en conception de contenus interactifs, gestion des données d’apprentissage, animation de classes hybrides, évaluation formative, etc.

Vers une redéfinition des rôles et des parcours

Au-delà des outils, la transformation numérique oblige à repenser les rôles traditionnels dans l’écosystème de la formation professionnelle. Le formateur devient un accompagnateur, un mentor, un concepteur de parcours personnalisés, plutôt qu’un simple transmetteur de savoirs. L’apprenant, quant à lui, devient plus autonome, acteur de son apprentissage, capable de construire un itinéraire de formation flexible selon ses objectifs personnels et professionnels.

Les entreprises, de leur côté, sont appelées à jouer un rôle plus actif dans la co-construction des contenus, la définition des compétences clés, et même l’évaluation des formations. À l’échelle mondiale, les partenariats public-privé, les laboratoires d’innovation pédagogique, ou encore les « learning labs » associant institutions, startups et acteurs industriels, se multiplient pour concevoir les modèles d’EFP de demain.

La révolution numérique offre à l’EFP une opportunité de se réinventer. En rendant l’apprentissage plus accessible, plus individualisé, plus connecté aux réalités du terrain, la technologie peut aider à combler le fossé entre formation et emploi.

Mais pour que cette transformation bénéficie à tous, elle doit être accompagnée d’une vision inclusive, d’investissements massifs dans les infrastructures, et d’un effort collectif de montée en compétences, aussi bien des enseignants que des apprenants.

Félicien Houindo

(Source : Agence Ecofin, 2 juin 2025)

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