Ghana : les grands projets numériques de John Mahama pour soutenir la croissance
jeudi 9 janvier 2025
Au cours des huit années de Nana Akufo-Addo à la tête du Ghana, une attention particulière a été accordée à la transformation numérique du pays. Les investissements réalisés permettent aujourd’hui à la nation ouest-africaine de figurer parmi les destinations de choix des investisseurs numériques.
Le nouveau président de la République du Ghana, John Dramani Mahama, a officiellement prêté serment, mardi 7 janvier. Devant le parlement, il a exprimé sa volonté de « réinitialiser » le pays. Le numérique est une composante importante de cette ambition de croissance économique. Le nouveau gouvernement prévoit d’y investir dans une cinquantaine de projets répartis dans plusieurs domaines, notamment la réglementation, les infrastructures numériques, les services, le soutien à l’innovation, le développement des compétences, la création de l’emploi spécialisé, la cybersécurité.
« Mon administration, avec l’aide de ma vice-présidente, Nana Jane Opoku-Agyemang, donnera la priorité à l’inclusion, à la responsabilité et à l’innovation, en ouvrant des voies qui conduiront à l’amélioration du sort de tous nos citoyens […] Nos politiques seront conçues pour soutenir l’innovation et favoriser les industries qui mobilisent les jeunes esprits d’aujourd’hui et leur donnent les compétences nécessaires pour relever les défis de demain. En collaboration avec le secteur privé et les chefs d’entreprise, nous créerons des emplois décents et bien rémunérés », a soutenu le président.
Dans son projet politique, John Dramani Mahama s’est engagé entre autres à favoriser la fourniture des fréquences exemptes de licence aux opérateurs télécoms pour améliorer la couverture réseau des communautés qui, autrement, ne bénéficieraient pas d’un accès aux services à haut débit. Il y a la construction du réseau national 5G duquel est attendu plusieurs opportunités économiques aussi bien pour le secteur des services qu’industriel.
Même lancée
En capitalisant sur les investissements réalisés par son prédécesseur, le président prévoit également de renforcer l’e-administration qui contribue à l’efficacité des services de l’Etat. Il compte introduire « GHForms », une solution numérique qui automatise tous les formulaires gouvernementaux et rationalise les services publics, améliore l’efficacité, réduit la paperasserie, améliore l’expérience des citoyens et réduit les dépenses de l’Etat. Il a annoncé la construction de parcs technologiques pour attirer les investisseurs étrangers.
La création d’un fonds de croissance FinTech de 50 millions de dollars pour promouvoir la croissance des entrepreneurs numériques et soutenir les entreprises Fintech locales est aussi un projet auquel le président accorde un grand intérêt. Il prévoit par ailleurs de transformer le Fonds d’investissement du Ghana pour les communications électroniques en Fonds de développement de l’économie numérique et de l’innovation. A cela s’ajoute le lancement de « l’Initiative pour l’emploi numérique » en partenariat avec des start-ups et des entreprises technologiques locales afin de créer 300 000 emplois pour les jeunes, la numérisation de l’enseignement, le développement des compétences numériques de la population.
Grâce aux investissements réalisés par le précédent gouvernement, le Ghana est aujourd’hui considéré comme une destination de choix pour les tech investisseurs. Le pays se classe 15e sur 47 pays africains en termes d’utilisation des TIC dans l’indice de développement des TIC 2024. Il occupe le 7e rang parmi les pays d’Afrique subsaharienne dans l’Indice mondial de l’innovation 2023. Il figure parmi les pays d’Afrique avec un indice élevé de l’e-gouvernement en 2024. La couverture haut débit (3G et 4G) est quasi universelle et le taux de pénétration de la téléphonie mobile est de plus de 135 %.
Un numérique stimulant
Au cours des trois premiers trimestres de 2024, le ministère des Finances du Ghana dévoilait, en décembre 2024, que le pays « a enregistré un taux de croissance moyen impressionnant du PIB réel de 6,3 %, soit une augmentation significative par rapport aux 2,6 % enregistrés au cours de la même période en 2023. Cette croissance a été alimentée par des expansions trimestrielles de 4,8 % au premier trimestre, de 7,0 % au deuxième trimestre et d’un remarquable 7,2 % au troisième trimestre, soit la plus forte croissance trimestrielle du PIB au cours des cinq dernières années ». Le secteur des services a progressé de 5,0 %, stimulé par la branche Information & Communication qui a affiché une croissance de 15,9 %.
En octobre 2024, les Nations unies estimaient que le secteur des services numériques au Ghana contribuait déjà à plus de 9 % du produit intérieur brut (PIB). L’organisation ajoutait que les technologies de l’information et de la communication (TIC) jouent un rôle clé, contribuant à 18 % de l’emploi total et devraient être à l’origine de 40 % de la croissance économique future.
Les Nations unies estiment d’ailleurs que la croissance économique tirée par le numérique devrait dépasser celle des secteurs de croissance traditionnels au Ghana. Les projets numériques du nouveau président pourraient y contribuer.
Muriel EDJO
(Source : Agence Ecofin, 9 janvier 2025)