Former des hackers éthiques, un pari ouest-africain contre le chômage qualifié
mardi 5 août 2025
Alors que les diplômés techniques sont de plus en plus nombreux à peiner à s’insérer, la cybersécurité apparaît comme un levier stratégique pour résorber le chômage qualifié et renforcer la souveraineté numérique du continent.
La start-up nigériane Upgraded Era a lancé en juillet Hack365 Global, un dispositif de formation en cybersécurité destiné aux jeunes d’Afrique de l’Ouest. Ce programme associe modules techniques, certifications internationales, accompagnement professionnel et développement de compétences transversales.
Il propose une réponse concrète à la montée des cyberattaques et au chômage des diplômés dans les métiers du numérique. L’initiative vise à former une génération de hackers éthiques capables de protéger les systèmes africains tout en accédant à un emploi stable.
Hack365 crée un pont entre formation technique et besoins du marché. En intégrant les réalités africaines aux contenus pédagogiques, ce programme favorise l’émergence d’un vivier de talents qualifiés. Il soutient également l’entrepreneuriat numérique local grâce au mentorat, au coaching et à l’accès à des opportunités professionnelles concrètes. Cette approche holistique augmente les chances d’insertion et valorise les compétences locales.
L’Afrique enregistre une recrudescence des menaces numériques. Selon la société Kaspersky, entre 2023 et 2024, les tentatives de vol de mots de passe par des password stealers, des logiciels malveillants conçus pour capter identifiants et données sensibles, ont augmenté de 26 %. Le Sénégal figure parmi les pays les plus ciblés dans la région, aux côtés du Nigeria, du Ghana et de la Côte d’Ivoire.
Dans un contexte où la cybersécurité dépend encore largement de solutions étrangères, cette vulnérabilité pose de réelles questions de souveraineté numérique. Hack365 entend contribuer à combler ce déficit en formant localement des spécialistes capables de protéger les systèmes critiques africains à un coût accessible.
L’impact de Hack365 dépendra de sa capacité à s’ancrer dans les écosystèmes nationaux. Des pays comme le Bénin, le Cameroun ou le Ghana testent déjà des modèles similaires avec des résultats encourageants. Pour aller plus loin, il faudra notamment soutenir la demande locale en cybersécurité, financer la montée en compétences et renforcer les synergies entre formation, emploi et souveraineté numérique.
Félicien Houindo Lokossou
(Source : Agence Ecofin, 5 août 2025)