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Fait-on de l’IA au Sénégal ?

samedi 1er février 2025

Point de vue

L’avènement de DeepSeek a relancé les débats autour de l’ intelligence artificielle (IA), suscitant l’engouement des consommateurs et des experts. Pourtant, si l’IA générative fait couler beaucoup d’encre, peu de discussions approfondies abordent les véritables enjeux de cette technologie, notamment dans des contextes comme celui du Sénégal.

Dans un pays où la distinction entre une technologie et ses applications reste floue pour beaucoup, il est important de poser les bonnes questions : quelle place le Sénégal occupe-t-il dans le développement de l’IA ? Quels sont les défis à relever pour en faire un levier de développement durable ? Cet article tente d’apporter des éléments de réponse pour clarifier certaines zones d’ombre et explorer les opportunités qui s’offrent au Sénégal.

Il est important de noter que, contrairement à ce que pense la majorité, l’IA n’est pas une invention récente. Ses racines remontent aux années 1950, avec le célèbre Dartmouth Summer Research Project on Artificial Intelligence de 1956, souvent considéré comme l’acte de naissance de l’IA. Des pionniers comme Alan Turing, avec son article fondateur « Computing Machinery and Intelligence » (1950), ont posé les bases théoriques de ce domaine. Turing y introduisait notamment le concept de « machine pensante » et proposait le fameux test de Turing pour évaluer l’intelligence d’une machine. Depuis, l’IA a connu plusieurs vagues d’enthousiasme et de désillusion, appelées « hivers de l’IA », avant de connaître un essor spectaculaire au XXIe siècle grâce à l’explosion des données, de la puissance de calcul et des algorithmes d’apprentissage profond (deep learning). Des avancées majeures, comme la victoire d’AlphaGo contre le champion mondial de Go en 2016, ont démontré le potentiel révolutionnaire de cette technologie.

Aujourd’hui, l’IA générative, accessible au grand public via des applications comme ChatGPT, marque une transition décisive. Cependant, cette popularisation engendre aussi des confusions : beaucoup réduisent l’IA à sa seule dimension générative. Or, cette IA repose sur ce que l’on pourrait appeler la « saturation des données » : l’humanité a produit une quantité astronomique de données, et avec l’amélioration des puces de calcul ainsi que le perfectionnement des algorithmes, ces données peuvent être exploitées avec une efficacité inédite.

Si vous vous intéressez à la gouvernance de l’IA, vous avez certainement entendu cette phrase : « Aux États-Unis, on innove ; en Chine, on copie ; et en Europe, on régule. » Mais alors, quelle place pour l’Afrique et plus particulièrement le Sénégal dans ce paysage mondial ?

La réponse à cette question permettra de savoir si l’on fait de l’IA au Sénégal. Car si l’on reprend cette phrase, bien que simpliste, elle met en avant trois éléments fondamentaux de l’IA : l’innovation, l’autonomie et la régulation. Un pays qui développe l’IA doit remplir au moins un de ces critères, voire les trois si possible. D’ailleurs, nous ne pouvons pas occulter l’aspect énergétique dans le développement de l’IA. Nous avons tous entendu le président Trump, lors de son investiture, déclarer : « Nous allons forer, forer partout et encore. » Pour beaucoup, il s’agissait simplement d’une volonté de se positionner sur le marché des hydrocarbures. Mais en réalité, il faisait référence à l’immense somme d’argent qu’il comptait injecter dans le secteur de l’IA, car nous savons que l’IA est un domaine énergivore.

Or, malgré son Plan Sénégal Numérique 2025 et sa stratégie nationale de l’IA, le Sénégal stagne encore sur plusieurs points, notamment la maîtrise des données, depuis la collecte jusqu’à l’accès à Internet, la gestion de l’énergie, l’accès aux puces IA et le financement. Ce constat a d’ailleurs été réaffirmé par le Ministre du Numérique du Sénégal, M. Alioune Sall, lors du lancement des laboratoires ALIVE et Dicenter4AI le 20 janvier. Il a souligné qu’ »il faut d’abord régler certains piliers, comme la connectivité et l’infrastructure numérique. » Il a également rappelé que « l’on ne fait pas de l’IA pour faire de l’IA », insistant sur la nécessité d’une approche pragmatique et orientée vers des applications concrètes.

Si l’on entre dans les détails, bien que des initiatives comme le Centre de Calcul de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) existent, le manque de programmes spécialisés en IA limite la formation de talents locaux. Selon un rapport de l’UNESCO (2022), seulement 20 % des universités africaines proposent des cursus en intelligence artificielle. Le Sénégal doit investir davantage dans des programmes éducatifs pour combler ce manque. De plus, l’accès à des données de qualité et à une puissance de calcul suffisante reste un obstacle majeur. Comme de nombreux pays africains, le Sénégal souffre d’un déficit en infrastructures numériques. Par exemple, le pays se classe 123e sur 139 dans l’indice mondial de la connectivité (2023). Sans une amélioration significative, l’adoption de l’IA restera limitée.

Concernant la régulation, comme l’a souligné Fei-Fei Li, chercheuse en IA à Stanford, « l’IA n’est pas neutre ; elle reflète les valeurs de ceux qui la conçoivent. » Le Sénégal doit développer un cadre éthique et réglementaire adapté à ses réalités culturelles et socio-économiques. Des initiatives comme la Déclaration de l’Union Africaine sur l’IA (2023) offrent une base pour une régulation continentale, mais chaque pays doit l’adapter à ses spécificités.

Cependant, malgré ces défis, le Sénégal dispose d’atouts indéniables. Des projets comme Smart Agriculture, qui utilise l’IA pour optimiser les rendements agricoles, ou Santé IA, visant à améliorer l’accès aux soins, montrent que l’IA peut répondre à des besoins locaux concrets. Par ailleurs, des partenariats avec des institutions comme l’UNESCO ou Google AI, qui a signé un accord en 2022 pour former 10 000 jeunes aux compétences numériques, pourraient accélérer cette adoption.

L’IA est une révolution incontournable. Pour le Sénégal, il ne s’agit pas de savoir si l’IA doit être adoptée, mais comment le faire de manière inclusive et durable. En investissant dans l’éducation, les infrastructures et une régulation adaptée, le pays peut devenir un acteur clé du développement de l’IA en Afrique.

Thierno Ousmane Ba, spécialiste en gestion des risques et des crises

(Source : Social Net Link, 1er février 2025)

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