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Accueil > Articles de presse > Année 2025 > Février 2025 > Fact-Checking, le nouvel outil de propagande gouvernemental

Fact-Checking, le nouvel outil de propagande gouvernemental

samedi 22 février 2025

Contenus numériques

Il y a deux semaines, l’équipe digitale du quotidien Le Soleil a consacré un checking d’une information que j’avais livrée lors d’une émission sur la Sen Tv. Au cours de celle-ci, j’avais annoncé que la résidence qui devait servir de logement de fonction au président de l’Assemblée nationale n’a pas été vendue, et qu’elle sert actuellement de logement à la seconde épouse du président de la République. Je pensais que les investigations du Soleil allaient infirmer que la villa n’est pas du domaine de l’Etat, que le président de la République n’y loge pas sa seconde épouse et qu’elle n’a pas servi par le passé comme logement de fonction du président de l’Assemblée nationale. L’équipe digitale du journal Le Soleil, après avoir confirmé tout ce que j’avais évoqué (Daouda Sow et Mamadou Seck ont occupé la résidence, les nuisances sonores ont amené les présidents de l’Assemblée nationale à déménager, la résidence servait de maison des hôtes du Sénégal et elle est aujourd’hui occupée par la seconde épouse du président de la République), a conclu que j’ai livré une infox, c’est-à-dire une fausse information.

Une semaine après, c’est la même équipe qui refait le même travail, cette fois pour un élément vidéo attribué à un journaliste de Rfi à propos du rapport de la Cour des comptes sur l’état de nos finances publiques. Concernant l’information que j’avais livrée, Le Soleil a attendu… un mois pour tenter de la démentir. Mais pour l’élément attribué à Rfi et qui est très défavorable au gouvernement, c’est en… moins d’une semaine.

En décembre dernier, c’est le site Dakaractu qui a subi un checking d’un organe gouvernemental pour avoir traité une information relative à la circulation de personnes habitant l’espace Cedeao, des Maliens en particulier. Il s’agissait d’une mesure, alors entrée en vigueur une semaine avant et qui stipulait que la carte Nina, appelée Carte d’identification nationale, qui était utilisée tout comme la carte biométrique depuis début 2023 (date à laquelle le dernier document cité a commencé à être utilisé au Mali), ne passait plus pour les ressortissants maliens. Radio Sénégal internationale (Rsi), en voulant apporter « des clarifications sur les supposées restrictions d’entrées pour les ressortissants maliens sur le territoire national », a démenti l’information (pourtant vérifiée et vraie). Et a même traité les confrères de Dakaractu « de dangereux trublions capables de mettre le feu dans les relations sénégalo-maliennes ». Excusez du peu !

Entre nécessité et manipulation

En effet, le fact-checking est devenu un outil essentiel pour lutter contre la désinformation et assurer la transparence de l’information. Pour les gouvernements, les organismes internationaux ou toute autre organisation, le fact-checking est un enjeu crucial dans un contexte de défiance croissante envers les médias et les institutions. Dans un monde où la désinformation se propage rapidement, en Afrique particulièrement, le fact-checking est d’autant plus crucial dans un contexte de diversité linguistique, de tensions politiques et de faible accès à l’information.

La vérification indépendante des faits, le fact-checking, qui utilise des techniques d’investigation numériques et des compétences journalistiques pour repérer les fausses informations, est considérée comme un outil essentiel pour lutter contre la désinformation. Pour une institution gouvernementale, la nécessité du fact-checking assure la transparence et la responsabilité des actions publiques, lutte contre la désinformation et les fausses nouvelles qui peuvent nuire à la population. Elle renforce également la confiance du public envers les institutions.

Toutefois, les risques potentiels de manipulation existent. En effet, la montée des projets de vérification des faits influencés par les gouvernements complique la distinction entre vérité et propagande. Le fact-checking peut être utilisé pour promouvoir un agenda politicien ou pour discréditer des opposants, des journalistes, des chroniqueurs. Il peut entraîner une polarisation de l’opinion publique et une perte de confiance dans les médias. Dès lors, il peut être difficile de distinguer le fact-checking légitime de la propagande. En effet, à mesure que la manipulation de l’information devient plus sophistiquée, les inquiétudes se multiplient face à l’essor d’organismes gouvernementaux de vérification des faits défendant en réalité leurs propres intérêts.

En Hongrie, par exemple, le nouveau site Faktum, soutenu par le journal pro-gouvernemental Mandiner, publie des articles favorables au pouvoir et critiques à l’égard de ses opposants. Par exemple, les rédacteurs du site s’interrogent : le Cabinet du Premier ministre nationaliste Viktor Orban « laisse-t-il vraiment l’éducation se détériorer », comme le prétend l’opposition ? Dans un autre article, ils imaginent la situation fiscale des familles hongroises avec le système fiscal proposé par l’opposition. Sans surprise, la conclusion est favorable au gouvernement dans les deux cas.

Semer la confusion sur les faits, sur la réalité

La Russie, qui utilise le site War on Fakes pour diffuser ce que les experts considèrent comme de la propagande d’Etat, a dévoilé, en décembre dernier, son projet de création d’un réseau mondial de vérification des faits (Global Fact-Checking Network – Gfcn).

En Afrique, des organes de checking, bien que se présentant comme indépendants, ont souvent été critiqués pour des liens avec des gouvernements et des organisations financées par des fonds publics. C’est le cas de l’Initiative de vérification des faits en Afrique de l’Ouest, Dubawa, qui a été accusée de partialité en faveur des gouvernements. Est-ce la raison pour laquelle plusieurs gouvernements africains ont mis en place leurs propres organes de fact-checking, souvent critiqués pour leur manque d’indépendance ?

Toujours est-il qu’au Sénégal, les organes du service public de l’information ont mis en place, depuis l’arrivée de Pastef aux affaires, leurs services de fact-checking pro-gouvernementaux. L’Agence de presse sénégalaise (Aps), le quotidien national Le Soleil, et même la Radiotélévision sénégalaise (Rts), ont tous aujourd’hui un service qui sert plus d’outil de propagande que d’instrument de vérification des informations. Après la sortie dimanche dernier du ministre Secrétaire général du gouvernement, annonçant des mesures d’austérité, particulièrement la baisse des salaires, le Bureau d’information et de communication du gouvernement (Bic-Gouv) s’y est également mis pour assurer le service après-vente et « recadrer » les propos de Al Amine Lô. La réalité sur les statistiques de la campagne agricole qualifiée de désastreuse par certains acteurs, au point de menacer d’insécurité alimentaire 1, 3 million de Sénégalais, les 1000 milliards qui seraient trouvés dans un compte par le Premier ministre Ousmane Sonko auraient bien mérité une enquête sérieuse et un checking. Mais c’est dommage que les organes de checking dans les médias publics fassent semblant de ne pas savoir que ce sont des sujets qui intéressent l’opinion.

De fait, le fact-checking ne sera pas basé sur des faits, mais sur la soi-disant vérité délivrée par le pouvoir politique, sans aucune garantie ni indépendance. Ainsi, le manque d’indépendance est le principal défi pour garantir l’impartialité et l’objectivité du fact-checking pro-gouvernemental. Car le risque de manipulation pour cibler l’opposition politique et diffuser de la propagande gouvernementale est très grand. En effet, pour ce pouvoir en perte de vitesse et désemparé, l’objectif n’est pas tant de convaincre, mais plutôt de semer la confusion sur les faits, sur la réalité. Et ce n’est pas une tendance nouvelle. Déjà dans l’opposition, la machine à propagande et de manipulation a été un des leviers sur lequel Pastef s’est appuyé pour la conquête du pouvoir.

Post scriptum :

Le député Thierno Alassane Sall a déposé une proposition de loi abrogeant la loi d’amnistie afin de permettre l’ouverture d’une enquête sur les atrocités qui ont failli plonger le Sénégal dans le chaos, avec leur lot de pertes en vie humaine et en matériel, avec notamment le drame des deux jeunes filles brûlées vives dans un bus. Une initiative qui entre en droite ligne du contrat de législature qu’il avait soumis aux électeurs lors des élections législatives anticipées. Cependant, il est constaté une troublante absence de sérénité au sein de Pastef.

En effet, pour un parti qui disait, au moment de l’adoption de la loi, « ne pas être demandeur » et dont le président, qui n’en est pas moins notre Premier ministre, a déclaré, devant la Représentation nationale, lors de sa Déclaration de politique générale, que ladite loi allait être abrogée, l’on ne comprend pas tout ce raffut. Car au lieu de s’en féliciter comme tout bon patriote, on a assisté à une levée de boucliers chez certains tenants du régime, qui sont vite sortis en ordre de bataille pour traiter son auteur de tous les noms d’oiseaux. Amadou Ba de Pastef, par ailleurs vice-président de l’Assemblée nationale, va jusqu’à lui dénier le droit et la prérogative de se prononcer là-dessus, car l’amnistie en question ne regardait exclusivement que les protagonistes de ces scènes de violence inouïe, omme si la loi d’amnistie n’était pas une question nationale qui interpelle tous les citoyens sénégalais. Finalement, qui craint l’abrogation de la loi d’amnistie ?

Bachir Fofana

(Source : Le Quotidien, 22 février 2025)

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