Dr Khaliloullah Dia du ministère de la sante sur la digitalisation du système sanitaire : Abass Ndao et Kaffrine se portent bien
mardi 14 janvier 2025
La digitalisation du dossier patient s’est étendue au niveau d’autres structures sanitaires du Sénégal. Après l’hôpital Abass Ndao de Dakar qui avait démarré la phase test, celui de Kaffrine porte aujourd’hui le projet. Selon Dr Ibrahima Khaliloullah Dia, chef du département Digital au ministère de la Santé, ledit projet occupe une place importante dans le nouveau référentiel du pays à savoir Sénégal 2050.
« Dans le master plan, dans la stratégie nationale de développement, le gouvernement a décidé d’utiliser la technologie pour améliorer la santé des populations. Le gouvernement a demandé au ministère de la Santé que la santé digitale soit un domaine prioritaire. Alors, ce que nous allons faire, c’est que nous avons déjà des outils qui existent que nous allons mettre à l’échelle » a-t-il renseigné. Selon Dr Dia, le dossier patient unique partagé est aujourd’hui en phase test dans deux structures sanitaires et bientôt, d’autres seront enrôlées. « Le Premier ministre nous a demandé d’aller vers une approche régionale. Ce que nous allons faire, déjà on est en phase pilote à l’hôpital Abass Ndao, également à l’hôpital de Kaffrine ». Revenant sur l’impact déjà constaté dans la mise en œuvre, il a renseigné : « les deux hôpitaux ont constaté qu’ils ont doublé leurs recettes avec le système qu’on a mis en place. Aujourd’hui, les médecins, les soignants sont très enthousiastes à utiliser le système parce que ça permet d’aller vite, de sécuriser les soins. Et depuis qu’on a installé, en tout cas, on a un retour très positif ».
En plus de l’installation dossier patient unique partagé, la télémédecine sera aussi utilisée pour combler les gaps en ressources humaines. Pour Docteur Dia, « il y des zones où on a encore des problèmes d’accès ». Et d’ajouter : « la télémédecine va nous permettre d’équiper des centres de santé qui pourront recevoir des patients et les connecter à des médecins qui sont dans d’autres zones. Mais il y a quand même des contraintes à cette digitalisation. Alors, il faut comprendre qu’il y a des enjeux au niveau mondial ». Enumérant les enjeux, il a fait savoir qu’il y a, la gouvernance des données, de l’économie de la donnée de santé. « Le chef de l’État a demandé à plusieurs reprises qu’on veille sur la souveraineté numérique de tout ce que nous faisons, mais surtout aussi de la donnée de santé qui fait l’objet d’une âpre lutte ou dispute entre les pays et les laboratoires ».
Avec ce nouveau projet du gouvernement les acteurs devront travailler pour mettre en place les mécanismes pouvant contenir cette digitalisation. Et dans cette démarche Dr Dia a évoqué d’autres contraintes liées à l’infrastructure numérique. « La donnée de santé digitalisée doit être hébergée dans des serveurs sécurisés qui respectent les normes et les standards au niveau mondial. On y travaille, parce qu’au niveau du Sénégal, il n’y a pas encore un hébergeur qui est certifié HDS, ça veut dire hébergeur de données de santé. De ce fait, nous devons encore travailler avec les opérateurs pour les aider à ce qu’ils puissent être certifiés HDS pour que nous tous, qu’on soit à l’aise quand on va commencer à héberger ces données ». Et d’ajouter : « il y a aussi, en termes de contraintes, ce cloisonnement, cette fragmentation. Il y a beaucoup de systèmes qui existent dans la santé, qui ne communiquent pas entre eux. Ce qui fait que le patient ne voyage pas avec son dossier médical, alors qu’il devrait le faire ».
Soulignons que Docteur Dia s’exprimait lors de l’atelier de l’association des journalistes en santé, population et développement entrant dans le cadre de leur collaboration avec Bill et Melinda Gates sur l’utilisation du digital pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive et sur la création de contenus en ligne.
Denise ZAROUR MEDANG
(Source : Sud Quotidien, 14 janvier 2025)