Données personnelles : Le président de la Cdp invite à une « hygiène numérique »
dimanche 27 juillet 2025
Depuis plusieurs jours, le Sénégal est secoué par un grand scandale cybercriminel avec l’arrestation d’El Hadj Babacar Dioum, soupçonné d’être « Kocc Barma », l’administrateur de sites pornographiques diffusant les images intimes de personnes. Cette affaire de sextorsion met en lumière la question des données personnelles. C’est pourquoi le président de la Commission de protection des données personnelles (Cdp) invite les Sénégalais à une « hygiène numérique ».
Comment « Kocc Barma » a-t-il pu opérer impunément toutes ces années, malgré la présence de la Cdp et de la Division spéciale de cybersécurité (Dsc) ? La question se pose depuis son arrestation et son placement sous mandat de dépôt.Le président de la Cdp, Ousmane Thiongane, réfute les accusations d’inaction. Il précise que l’institution a commencé à recevoir des plaintes contre « Kocc » dès 2018, notamment celles de Mme G. B. et M. I. L. contre « seneporno.com » pour divulgation de vidéos compromettantes. Dans son second avis trimestriel de 2018, la Cdp avait informé que les deux dossiers avaient été transmis à la Dsc pour traitement.
Mieux, ajoute M. Thiongane, la Cdp avait même pu, avec la première équipe, obtenir l’autorisation de saisir l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) pour l’identification de l’adresse IP derrière le site « Seneporno ». Selon lui, le site avait été fermé à un moment. Mais, dit-il, « comme Kocc utilisait ce qu’on appelle un double facteur, c’est-à-dire une double couche avec des Vpn de pays différents, il était difficile de l’identifier, car à chaque fois, il relançait le site ».
Malgré cette difficulté technique majeure, la Cdp a toujours collaboré étroitement avec la Dsc. Au-delà de l’affaire « Kocc », le président révèle une croissance exponentielle des plaintes. À l’en croire, entre 2024 et 2025, la commission a reçu près de 105 plaintes : « Comparé aux autres années, c’est énorme. Cela montre qu’avec les technologies émergentes, et la présence massive des jeunes, y compris des mineurs, sur les plateformes digitales, le risque est croissant. »
C’est fort de ce constat que l’institution mène de nombreuses campagnes de sensibilisation sur le terrain. « Nous avons mené environ trois grandes campagnes destinées à différents publics, notamment les élèves et les influenceurs. L’une des premières s’appelait Internet, c’est moi qui décide. Il est également prévu un partenariat avec le ministère de l’Éducation pour une meilleure éducation numérique des élèves », précise Marie Lucie Bombolong, chargée de communication de la Cdp.
La structure « insiste sur la responsabilité éthique et sécuritaire en ligne. Elle invite les Sénégalais à avoir ce que j’appelle une meilleure hygiène numérique. C’est ce qui nous manque souvent. Ne déposez pas n’importe quoi sur les plateformes, ni sur vos ordinateurs », lance M. Thiongane.
Selon lui, de nombreux problèmes pourraient être évités avec une meilleure sensibilisation et une éducation numérique.
Fatou Sy
(Source : Le Soleil, 27 juillet 2025)