Développement numérique : la GSMA suggère l’exemple du Nigeria à la RDC
samedi 8 mars 2025
Le gouvernement congolais explore les opportunités de collaboration pour accélérer la transformation numérique du pays. Un protocole d’accord d’une valeur totale de 1 milliard USD a récemment été signé avec une société indienne pour en développer l’infrastructure numérique.
La République démocratique du Congo peut s’inspirer du modèle nigérian pour accélérer le développement du numérique. C’est ce que recommande l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). L’organisation a abordé cette question prioritaire pour le gouvernement congolais avec les principaux acteurs du secteur numérique du pays, lors d’une table ronde organisée dans le cadre du Mobile World Congress (MWC) 2025 qui s’est tenu à Barcelone en Espagne, du lundi 3 au jeudi 6 mars.
Parmi les participants figuraient Augustin Kibassa Maliba (photo), le ministre congolais des Postes, Télécommunications et du Numérique, le régulateur télécoms, le coordonnateur de l’Agence du numérique ainsi que les représentants des opérateurs télécoms. La GSMA a notamment identifié un certain nombre des points qui constituaient les difficultés fondamentales pour le développement du numérique, dont la sécurité des infrastructures. Elle a également souligné l’absence de feuille de route pour le secteur du numérique congolais.
« Les difficultés en RDC restent le problème de financement. La fiscalité. Il y a un coût dur entre le secteur et le ministère des Finances. Nous avons besoin des états généraux du secteur qui nous permettront de faire venir les services financiers afin qu’ils comprennent ce qui se fait ailleurs. Il y a des exemples d’ailleurs que nous pouvons dupliquer et qui nous permettront d’avancer », soutient a déclaré le ministre.
Si la GSMA ne donne pas davantage de détails sur le modèle nigérian de développement du numérique, l’organisation, dans son rapport « The role of mobile technology in driving the digital economy in Nigeria », recommande au pays ouest-africain un partenariat entre les fournisseurs de services mobiles et le gouvernement pour soutenir la croissance du pays.
D’un côté, les opérateurs sont appelés à investir continuellement dans des infrastructures de communication à haute capacité, y compris les réseaux 4G et 5G et l’infrastructure de câbles à fibre optique, développer et participer à des partenariats public-privé sur les services publics numériques et les programmes d’applications, concevoir et mettre en œuvre des applications numériques pour soutenir le développement du secteur privé et la formalisation de l’économie, et enfin fournir une qualité de service et une expérience utilisateur améliorées.
De l’autre côté, le gouvernement doit notamment effectuer quelques modifications de politiques. Il s’agit notamment de la mise en œuvre d’une législation sur les infrastructures nationales critiques, la simplification et l’amélioration du processus de facturation et d’administration des droits de passage, la simplification et réduction de la fiscalité sur le secteur mobile, l’adaptation de l’environnement réglementaire pour favoriser un investissement durable, au bénéfice des clients, du gouvernement et de l’économie en général.
Il est également recommandé au gouvernement nigérian d’élargir l’accès au numérique en renforçant les compétences digitales des populations, en réduisant les coûts et en encourageant la production locale d’appareils connectés. Il convient également de renforcer la cybersécurité et la protection des données, d’accélérer la numérisation des paiements et de l’identification numérique, tout en digitalisant les secteurs clés pour favoriser une transformation numérique inclusive et durable.
Pour le moment, la RDC affiche un taux de pénétration de l’Internet de 32%, contre 35% pour la téléphonie mobile, selon les données avancées par M. Kibassa Maliba. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), les réseaux 2G, 3G et 4G couvraient respectivement 75%, 55% et 45% de la population en 2023. L’organisation a également donné un score de 31 sur 100 au pays en ce qui concerne le développement des TIC, se classant 41e sur 47 nations africaines. Pour le développement de l’e-gouvernement, les Nations unies le classent au 179e rang sur 193 avec un score de 0,2715 sur 1. Dans le volet des infrastructures, le pays a eu un score de 0,1591.
Le Nigeria, quant à lui, compte 169,3 millions d’abonnements à la téléphonie mobile et 136,5 millions d’abonnements à l’Internet sur 216 millions d’habitants, selon les dernières statistiques officielles. Les réseaux 2G, 3G, 4G et 5G couvraient respectivement 94,1%, 89,4%, 84,2% et 11,8% des Nigérians en 2023, d’après l’UIT. L’organisation a également donné un score de 46,9 sur 100 au pays en ce qui concerne le développement des TIC, ce qui place au 26e rang sur le continent. Enfin, pour le développement de l’e-gouvernement, le pays a un score de 0,4815 sur 1, pointant à la 144e place africaine. Pour le volet infrastructure, il a eu un score de 0,4836 sur 1.
Il convient toutefois de rappeler que les modalités du partenariat entre la GSMA et la RDC ne sont pas connues. Toutefois, l’organisation a présenté des données qui doivent être validées par la partie congolaise afin d’identifier les obstacles existants dans le secteur. De son côté, M. Kibassa Maliba s’est engagé à définir les axes d’amélioration et à veiller à ce que les mesures prises aillent dans la bonne direction.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 8 mars 2025)